Voir les projets de loi n° 2045
et 2243
et les propositions de loi :
1° de M. Dejante
et
plusieurs de ses collègues, n° 155
2° de MM. Ernest Roche
, Turigny et Edmond Lepelletier, n° 346
3° de M. Francis de Pressensé et plusieurs
de ses collègues, n°897
4° de M. Hubbard, n° 935
5° de M. Flourens, n° 982
6° de M. Eugène Réveillaud et plusieurs
de ses collègues, n° 1073
7° de MM. Georges Grosjean et Georges Berthoulat,
n° 1107
8° de M. Sénac n° 2215
Le texte suivant
est recopié du Journal officiel. J'espère ne pas avoir rajouté
de fautes d'orthographe à celles qui existaient.
Le texte
ayant nécessité 48 pages du "Journal officiel de la République
française", le fichier html aurait nécessité plus
de 1Mo ; trop long à télécharger ( Je vous en offre
quand même la possibilité ).
J'ai donc coupé le texte
en plusieurs fichiers, après l'introduction, et j'ai cru
utile d'ajouter au texte original la table des matières
suivante
:
I
- Culte catholique.
DE CLOVIS A MIRABEAU La pragmatique sanction Le concordat de Bologne La déclaration de 1682 DE LA RÉVOLUTION AU CONCORDAT
DU CONCORDAT AU SYLLABUS
DE 1870 A 1905 LE BUDGET DU CULTE CATHOLIQUE II - Culte
protestant
III - Culte
israélite
IV - Législations
étrangères : (Il
s'agit des législation de 1905. Pour la situation actuelle
européenne, je vous recommande l'étude réalisée
par le Sénat
.)
|
Norvège
; Suède.
Prusse et états allemands. Autriche. Hongrie. Italie. Belgique. Pays-Bas. Grande-Bretagne et Irlande. Suisse. États-Unis. Mexique. Cuba. Brésil. Équateur. V
- Analyse des propositions et projets de loi.
VII - Conclusion
|
Messieurs, en 1788, quelques années à peine avant la Révolution, il existait dans le royaume de France une moyenne de 130 000 ecclésiastiques. On pouvait les répartir ainsi : 70 000 appartenait au clergé séculier, parmi lesquels on comptait 60 000 curés et vicaires ; 2 800 prélats, vicaires généraux, chanoines de chapitres ; 5 600 chanoines de collégiales ; 3 000 ecclésiastiques sans bénéfices. Quant au clergé régulier, le chiffre des ecclésiastiques qu'il comprenait s'élevait à 60 000.
Ces chiffres sont empruntés
à l'abbé Guettée, et Taine les donne comme authentiques.
De Pradt, le célèbre diplomate ecclésiastique, le
conseiller et le collaborateur de Napoléon, nous apporte un dénombrement
analogue.
Ces 130 000 ecclésiastiques
possédaient, à la veille de la révolution, un tiers
de la fortune de la France. Dans son rapport au comité ecclésiastique,
le constituant Treilhard évalue à 4 milliards les biens du
clergé ; et ce chiffre n'a rie d'exagéré. Ces 4 milliards
rapportent annuellement de 80 à 100 millions ; et il faut joindre
à ce revenu ce que produit au clergé la dîme ; soit
123 millions par an ; au total 200 millions.
Pour apprécier l'importance
de ce revenu, en le chiffrant suivant la valeur qu'il aurait aujourd'hui,
il faut parler de 400 millions. Il n'a été question ni du
casuel ni des quêtes.
Et si nous avons placé ici,
au début de ce travail, cet état succinct de la propriété
ecclésiastique, à la veille de la Révolution française,
c'est afin de donner une idée éclatante de ce qu'était
la puissance matérielle de l'Église, en France, au moment
où cette puissance, et l'autorité morale même du catholicisme
vont être mis en question, et pour la première fois contestées
au nom de principes qui s'attaquèrent non seulement aux manifestations
extérieures de l'Église, à ses abus, à certains
de ses dogmes, comme l'avait fait, par exemple , le protestantisme et l'orthodoxie
russe, mais à son esprit même, à sa conception générale
de la vie, et de la divinité.
Si par le seul effort des constituant
et des conventionnels, cette énorme puissance matérielle
a pu être sapée, détruite, anéantie - du moins
pendant la période qui précède le Concordat de de
1801 - c'est donc que les principes de la Révolution laïque
eurent une vertu prodigieuse !
Hélas, nous ne saurions attribuer
aux idées une aussi grande force qu'elles puissent saper ce qui
est profondément enraciné. Si la sécularisation des
biens du clergé put se produire, c'est qu'elle était déjà
préparée par le mécontentement général
qu'avaient causé les excès du haut clergé ou la dictature
intolérable de la papauté.
En vous présentant ce rapport,
nous avons pour objectif de prouver que la seule solution possible aux
difficultés intérieures, qui résultent en France de
l'actuel régime concordataire, est dans une séparation loyale
et complète des Églises et de l'État. Nous montrerons
juridiquement que ce régime est le seul qui, en France, pays où
les croyances sont diverses, réserve et sauvegarde les droits de
chacun. Nous voulons montrer aussi, et d'abord que cette solution est celle
que nous indique l'histoire elle-même, étudiée sans
parti pris ni passion.
La sécularisation des biens
du clergé par la Constituante ne fut pas une œuvre de haine, dictée
par des principes opposés à ceux du catholicisme, ce fut
une œuvre nationale exigée par l'ensemble de la nation, moins les
prêtres, et aujourd'hui, ce n'est pas davantage pour satisfaire à
des rancunes politiques, ou par haine de catholicisme, que nous réclamons
la séparation complète des Églises et de l'État
; mais afin d'instaurer le seul régime où la paix puisse
s'établir entre les adeptes des diverses croyances.
Dans la première partie de cette
étude, on verra comment les rapports entre l'Église catholique
et l'État français ne cessèrent jamais d'être
très troubles, malgré les services réciproques qu'ils
s'étaient rendus dès l'origine de notre histoire. Sans insister
sur la partie anecdotique, nous rappellerons avec quelques détails
les principaux expédients grâce auxquels la royauté
française crut pouvoir atteindre à des rapports sereins avec
Rome, et comment elle n'y parvint jamais, pas plus d'ailleurs qu'à
s'affranchir, par le gallicanisme, de la tutelle gênante du Saint-Siège.
Dans une deuxième partie, nous
étudierons les tentatives infructueuses des pouvoirs de la révolution
et nous verrons comment le Concordat napoléonien
permit à l'Église de se reconstituer et d'acquérir,
au cours du dix-neuvième siècle, une puissance égale
à celle que nous lui avons connue quelques années avant la
Révolution. Nous nous efforcerons enfin, dans une troisième
partie, de noter les protestations qui ses sont produites, au cours du
dernier siècle, contre un état des choses aussi intolérable
pour les catholiques que pour les libres-penseurs, ainsi que les remèdes
apportés au jour le jour à un mal qui ne peut s'éteindre
qu'avec le régime de la séparation.