EXPOSE DES MOTIFS
Messieurs, pendant les dernières
années qui viennent de s'écouler, le clergé et les
congrégations religieuses ont fait les plus grands efforts pour
semer, au sein de nos populations,
la surexcitation, le désordre, le déchaînement
de toutes les passions politiques.
Le Gouvernement a reçu de la
République le devoir de défendre nos institutions et de les
faire respecter. Nous lui demandons de remplir énergiquement cette
mission.
Le catholicisme français a
refusé de s'incliner devant l'autorité civile.
Bien plus, le pape, après avoir
donné ses meilleurs encouragements à l'insurrection cléricale
et monacale, a provoqué
volontairement la rupture des relations diplomatiques entre la France
et la papauté.
Cette rupture nous ne l'avons point
faite, nous ne l'avons point provoqué, mais il faut aujourd'hui
qu'elle soit définitive.
Nous n'acceptons point de revenir
en arrière.
Nous nous refusons le droit de retarder
plus longtemps la réalisation la réalisation de ces mesures
de précaution et de préservation, si justement réclamées
par nos populations, et qui s'appellent : abrogation du Concordat, abrogation
de la loi Falloux, suppression légale du budget des cultes.
Toutefois, nous ne pouvons oublier
que les gouvernements qui nous ont précédés ont inscrit,
dans nos conventions avec la papauté et dans notre législation,
des obligations réciproques, synallagmatiques, dont des questions
de justice, d'équité et d'humanité nous obligent de
tenir compte.
Des prêtres, des pasteurs, des
rabbins ont pu se décider à embrasser leur profession, confiant
que les traitements, les droits et devoirs réciproques résultant
du Concordat, ne seraient supprimés, violés, abrogés
par aucun des contractants.
Un grand nombre d'entre eux sont restés
fidèles à ce contrat.
Mais les grands dignitaires de l'Église
catholique ont été les premiers à ne pas accepter
d'imiter cette conduite.
ce sont eux, surtout, qui ont violemment
foulé aux pieds le grand contrat d'entente, de conciliation, dérivant
de la loi de germinal et de la convention de messidor.
Par leur insubordination, ils ont
rendu à l'État son indépendance absolue.
Des résolutions énergiques
s'imposent.
Elles interviendront comme lois générales
non comme loi d'exception.
Elles conserveront aussi les caractères
de sagesse, de générosité et de modération
dont un législateur ne doit jamais se départir.
C'est pour ce motif que nous avons
l'honneur de proposer au Parlement l'adoption des dispositions suivantes.
PROPOSITION DE LOI
Art. 1er
Art. 2
Art. 3
Art. 4
Art. 5
Art. 6
Art. 7
Art. 8
Art. 9
Art. 10