Une loi de séparation des Églises et de l'État ne peut être vraiment équitable qu'à la condition de respecter la constitution interne de toutes les Églises et de leur permettre, au lendemain de l'abrogation du budget des cultes, une organisation telle qu'elles puissent réunir les ressources nécessaires à la continuation de leur œuvre. Briser leurs cadres ecclésiastiques, les forcer à adopter un régime contraire à leur traditions et à leur besoins, serait une mesure d'oppression. Il est donc au plus haut point important de connaître les principes et la forme ecclésiastique de chaque confession religieuse.
En ce qui concerne
les Églises protestantes, notons, dès le début, les
caractères généraux et la situation de fait qui les
différencient toutes de l'Église catholique romaine.
1° L'Église
catholique a une constitution monarchique. Un seul y commande, le pape,
qui ne tient ses pouvoirs que de Dieu et les délègue au clergé,
maître absolu en matière religieuse.
Les Églises
protestantes françaises ont une constitution démocratique
et parlementaire. C'est le peuple qui choisit ses représentants
et qui, par eux, nomme son clergé. La prédominance ou l'égalité
numérique de l'élément laïque est assuré
dans tous les corps directeurs et dans toutes les assemblées délibérantes
;
2° Le centre
et la tête de l'église catholique est à Rome.
Les églises
protestantes sont strictement nationales ;
3° Les circonscriptions
ecclésiastiques de l'église catholique sont indépendantes
les unes des autres et ne relèvent que du Vatican. L'archevêque
de Paris n'a, par exemple, aucun pouvoir sur l'archevêque de Lyon.
Chaque archidiocèse a son autonomie complète.
Les circonscriptions
ecclésiastiques protestantes dépendent les unes des autres.
Le système synodal, qui est celui de la plupart de ces Églises
et des plus importantes, a pour base la paroisse, pour couronnement le
synode national ayant autorité sur toutes les paroisses. Aucun groupement
régional n'a et ne peut avoir une vie absolument indépendante.
4° L'Église
catholique compte "nominalement" plus de 37 millions de fidèles,
uniformément répartis sur tout le territoire français
Les Églises
protestantes ont environ 650 000 fidèles très inégalement
dispersés dans toute la France. D'après le recensement officiel
de 1872, le dernier qui ait tenu compte des opinions religieuses, un seul
département compte plus de 100 000 protestants.
12 départements
en comptent de 10 000 à 47 000.
16 départements
en comptent de 4 000 à 10 000 .
23 départements
en comptent de 1 000 à 3 000.
35 départements
en comptent de 17 à 973.
ceci d'un façon
générale, il n'est peut-être pas inutile de rappeler,
à traits rapides, comment le culte protestant a été
introduit en France, dans quelles circonstances et sur quelles bases ses
Églises s'y sont constituées.
La réforme
religieuse du seizième siècle avait trouvé, dans notre
pays, d'ardents défenseurs. Les adeptes des idées nouvelles
n'envisagèrent pas, il est vrai, à l'origine, la possibilité
comme la nécessité d'une rupture avec l'Église romaine
; ils étaient plutôt disposés à croire que cette
Église accepterait les réformes qu'ils réclamaient.
Un long travail de préparation précéda l'organisation
définitive du nouveau culte. Le mouvement réformateur trouva
en Jean Calvin l'homme qui, par la puissance du génie, la netteté
de l'esprit et le labeur infatigable, devait le faire aboutir à
la création de ces Églises réformées de France,
qui furent souvent appelées, du nom de leur célèbre
fondateur : Églises calvinistes.
Ce fut, en effet,
sur le modèle de la première Église réformée
française, crée par Calvin en 1538 à Strasbourg, devenu
l'asile des persécutés, que fut fondée à Meaux,
en 1546, la première Église réformée de France.
Dix ans plus tard, l'Église de Paris était "dressée",
suivant l'expression du temps, et si rapidement furent les progrès
de la réforme religieuse que le 25 mai 1559 se réunissait
dans cette ville le premier synode national où 72 Églises
étaient représentées.
Le soucis de
la défense des intérêts religieux, le devoir de faire
connaître leurs doctrines, la nécessité d'une organisation
ecclésiastique étaient la justification de cette assemblée
dont les membres se réunissaient au milieu des feux de la persécution.
Dans ce synode
furent posées les bases de cette organisation presbytérienne
synodale - c'est-à-dire gouvernement de l'Église par des
prêtres et des anciens - à laquelle les réformés
devaient rester invariablement fidèles et qu'ils considèrent
encore aujourd'hui comme la condition même de leur existence. Il
sera intéressant d'en exposer les principes tels qu'ils furent par
la suite définitivement établis, alors que les Églises
réformées étaient sous le régime de l'édit
de Nantes.
A la base se
trouvait l'Église desservie par un ou plusieurs pasteurs ou ministres,
nommés par le consistoire, conseil des anciens, élus
"par le peuple". Les ministres devaient être
présentés à l'Église avant d'être nommés,
le consistoire devant examiner et juger les protestations qui pourraient
s'élever. "Le silence du peuple était
tenu pour exprès consentement." Chaque
Église avait sa vie particulière et dans chaque Église
nul pasteur ne pouvait prétendre à un rang plus élevé
que celui de ses collègues et nulle Église ne pouvait "prétendre
domination" sur une autre Église. Cependant,
comme des intérêts communs existaient entre elles, des liens
étroits les unissaient dans une gradation sagement étudiée.
C'est ainsi
que plusieurs Églises d'une même province formaient "un colloque",
composé des divers pasteurs de ces Églises accompagné
d'un "ancien"
désigné par le consistoire. Le colloque était appelé
à juger en première instance des différents qui s'élevaient
dans les Églises qui le composaient.
Les Églises
d'une même province se réunissaient en un synode appelé
provincial, auquel chaque Église députait un pasteur et un
ancien. Le synode réglait toutes les affaires ressortissant de la
province, à l'exception de certaines questions et particulièrement
les questions de doctrine sur lesquelles le synode national statuait définitivement.
Cette assemblée
était composée de députés laïques et ecclésiastique.
Chaque synode provincial élisait dans son sein, deux pasteurs et
deux anciens et autant de membres suppléants, chargés de
représenter les intérêts de la province au synode national
qui s'appela ainsi, dans l'origine, et à travers les siècles
gardera toujours ce caractère.
On peut dire
que, dans les temps anciens, les églises réformées
réalisèrent en pratique, surtout après la fin des
guerres de religion, où le protestantisme cessa d'être un
parti politique, le principe "de l'église
libre dans l'État souverain". Sans
doute, elles eurent des écoles, des collèges, des académies,
mais elles obéissaient à une nécessité que
justifiait le caractère exclusivement catholique de tous les établissements
d'instruction de l'ancien régime. Le caractère égalitaire
et démocratique de ce gouvernement ecclésiastique, provenant
de l'élection populaire et se maintenant par la libre discussion,
suffit à expliquer l'invincible attachement qu'il a toujours inspiré
aux protestants et leur désir unanime de le conserver.
L'Église
réformée était en fait séparée de l'État,
car si Henri IV, après l'édit de Nantes, accorda aux Églises
une subvention "des deniers royaux",
il ne s'en réserva pas le contrôle. Le synode national était
chargé d'en assurer la distribution, du reste fort minime, car,
en 1598 chaque pasteur ne reçut que 52 écus et 37 sols. Louis
XIII maintint cette subvention pendant les premières années
de son règne ; en 1628 elle cessa d'être payée.
Le clergé
catholique n'avait accepté que contraint et forcé l'édit
de Nantes qui assurait la liberté du culte aux réformés.
Avec une persévérance que rien ne lassa, il considéra
que "la destruction de l'hérésie
était sa principale affaire "(en
1660, on comptait en France 631 églises desservies par 711 pasteurs,
et la population protestante représentait le dixième de la
population totale.) Pendant trente ans ( 1655-1685),
les assemblées générales du clergé de France
ne cessèrent de demander et d'obtenir du gouvernement de Louis XIV
des mesures persécutrices qui devaient aboutir à la révocation
de l'édit de Nantes ( 18 octobre 1685)
Par une mesure
aussi injuste qu'elle était impolitique, les Églises réformées
de France furent condamnées à disparaître. Tous les
pasteurs furent exilés, partout les temples furent démolis,
tous les biens des Églises furent donnés aux hôpitaux
catholiques et plus de cinq cent mille Français durent s'exiler
pour sauvegarder la liberté de leur conscience. Les dragonnades
dévastèrent les provinces protestantes et par milliers furent
jetés dans les prisons et les bagnes les réformés
qui ne voulurent pas accepter "la religion
du roi". La persécution ne respecta
pas même la mort et, sans respect de l'âge ou du sexe, les
cadavres des réformés furent souvent jetés à
la voirie. On comprend qu'un historien ait pu écrire :
" C'est une date à marquer au tableau noir des grands désastres
nationaux, des déroutes humiliantes, des traités ruineux."
(
A Soret)
Il pouvait sembler
que les églises réformées ne se relèveraient
jamais de leurs ruines ; mais trente années plus tard, un jeune
homme âgé de vingt ans, Antoine court, qui a le mérite
d'être appelé le restaurateur du protestantisme en France,
réunissait le 21 août 1715 quelques réformés,
restés fidèles à leur foi malgré les persécutions,
et reprenait la tradition synodale. Les Églises se reconstituèrent
lentement au milieu de danger sans nombre, pasteurs et fidèles étant
sans cesse sous la menace de la mort ou du bagne, et de toute manière
dans la condition la plus misérable du monde, car une législation
odieuse refusait l'état civil aux protestants, faisait de leur mariage
un concubinage et condamnant leurs enfants à la bâtardise.
A la veille
de la Révolution française, lorsque fut promulgué
l'édit de Tolérance de 1787 qui ne rendait aux protestants
"que ce que le droit et la nature ne permettaient pas de leur refuser",
c'est-à-dire l'état civil, la réorganisation des églises
était un fait accompli, alors même que le culte ne se célébrât,
suivant une expression alors consacrée, qu'au désert, c'est-à-dire
en plein air, la loi interdisant tout culte public aux réformés.
Pendant tout les dix-huitième siècle, les églises
réformées avaient été non seulement séparées
de l'État, mais surtout persécutées par l'État.
Le 21 août
1789, les États généraux rendirent le célèbre
décret ordonnant que nul ne devait être inquiété
pour ses opinions, même religieuses, et posèrent ainsi le
principe constitutif de la la liberté des cultes. mais en 1793 les
Églises réformées subirent, comme l'Église
catholique, une profonde crise qui amena la suspension du culte pendant
plusieurs années. Lorsqu'elle eut pris fin, les protestants voulurent,
une fois de plus, réorganiser leurs Églises et, au moment
où le premier consul se préparait à signer le Concordat,
quelques-uns de leurs représentants les plus connus demandèrent
leur union avec l'État. Telle fut l'origine de la loi du 18 germinal
an X, qui devait régler si longtemps les rapports entre les Églises
protestantes et l'État. Avec la loi de germinal commençait
une nouvelle période de l'histoire du protestantisme français.
Si la liberté du culte était reconnue et proclamée,
si même son clergé, naguère persécuté,
recevait un salaire, il n'en était pas moins vrai qu'elle n'avait
plus le privilège d'être une Église libre, maîtresse
de ses destinées. Le principe de l'élection populaire avait
disparu, les intérêts religieux étaient confiés
aux plus imposés au rôle des contributions directes, l'égalité
entre les ministres du culte n'existait plus, le plus âgé
des pasteurs étant appelé à la présidence du
consistoire devenu une création purement arbitraire. Si le synode
provincial était encore maintenu, sa convocation était rendue
si difficile qu'en fait il était impossible de le réunir.
Quant au synode national, la loi du 18 germinal n'en faisait aucune mention.
Fidèles
à toutes leurs traditions, les protestants français n'ont
pas cessé au cours du siècle dernier, de demander une révision
profonde de la loi de germinal, si contraire à l'esprit démocratique
de la Réforme. Le décret-loi du 26 mars 1852 rétablit
le suffrage paroissial et créa un conseil central des Églises
réformées, dont les membres nommés d'abord par le
Gouvernement, devaient par la suite être élus par les consistoires.
Il semblait qu'ainsi dût être comblée la grave lacune
qui laissait les Églises réformées sans représentation
autorisée de leurs intérêts auprès du Gouvernement
; les consistoires qui les représentaient vivant dans une complète
indépendance les uns des autres.
Mais rien ne
devait égaler la ténacité des protestants dans la
revendication de droits qu'ils estimaient indiscutables. En 1848, ils provoquèrent
la réunion d'un synode général, mais sans l'autorisation
du Gouvernement. Sa tâche fut de procéder à une révision
de la loi de germinal. Après la guerre de 1870, cédant à
leurs instances, M. Thiers, le 20 septembre 1871, rendait le décret
qui convoquait les synodes provinciaux pour la nomination de leurs délégués
au synode national qui se réunit à Paris le 6 juin 1872.
L'histoire du
protestantisme français montre donc de manière évidente,
que son organisation
ecclésiastique, à
l'abri de toute influence étrangère, exige, pour être
complète, le fonctionnement régulier des synodes qui doivent
être être la représentation de toutes les Églises
réformées de France. Limité à une action exclusivement
religieuse, étranger, par cela même, aux questions politiques,
le fonctionnement du synode national, loin d'être un danger, présente
au contraire des garanties d'ordre, en raison du rôle d'arbitre qui
lui est dévolu. Aussi rien ne parait plus justifié que de
rendre possible, par un dispositif de la loi, la convocation des assemblées
religieuses, sans lesquelles, comme le disait, en 1659, le modérateur
du synode de Loudun, "la religion protestante
ne saurait subsister".
Quant à
la séparation de l'Église et de l'État, on ne saurait
oublier qu'elle a trouvé des défenseurs éloquents
dans les Églises réformées, longtemps avant que la
question se posât devant l'opinion publique. Dès 1829, le
pasteur samuel Vincent écrivait dans les Vues sur le protestantisme
: "Je suis fortement convaincu que la séparation
finale de l'Église et de l'État doit se réaliser un
jour ... Le changement sera sensible, sans doute, et beaucoup d'intérêts
privés pourront en être lésés, mais le protestantisme
n'a rien à craindre. La liberté sera pour lui la force et
la vie, et, c'est à ce prix peut-être qu'il peut voir s'accomplir
les destinées que l'avenir lui prépare".
Aussi demandait-il déjà l'abrogation du trop célèbre
article du code pénal, relatif aux associations de plus de vingt
personnes.
"Il respire,
disait-il, la jalousie et le despotisme, il
tient en réserve la persécution pour tout mouvement de l'esprit
; il affranchit vingt personnes, la charte parle de tous les Français."
Mais nulle influence ne peut-être comparée à celle
qu'exerça et qu'exerce toujours le penseur Vinet dont on peut dire
qu'il fut le théoricien de la séparation de l'Église
et de l'État, dans les Églises protestantes de langue française.
"Aucune religion, a-t-il écrit, n'est digne du nom de religion si
elle dit : "Mon règne n'est pas de ce monde". Aucune
religion n'est une religion si elle se propose l'alliance du pouvoir civil
comme moyen ou comme but."
Conséquent
avec ses principes, Vinet avait été l'un des fondateurs de
l'Église libre du canton de Vaud. Son exemple devait trouver des
imitateurs en France. Après la révolution de Juillet, quelques
Églises s'étaient fondées, ne se rattachant pas aux
Églises officielles. Le synode de 1848 amena une scission, plus
profond, car, par suite de son refus de promulguer une confession de foi,
les dissidents convoquèrent un synode constituant de nouvelles Églises
le 20 août 1849, sous la présidence du pasteur Frédéric
Monod, où treize Églises constituées et dix-huit en
formation furent représentées. Les nouvelles Églises
adoptèrent l'organisation presbytérienne synodale qu'elles
ont toujours fidèlement maintenue et prirent comme dénomination
le titre d'Union évangélique libre de France. Elles ont réalisé
depuis cette époque, de la manière la plus complète,
le principe de la séparation de l'Église et de l'État.
Avoir pris courageusement l'initiative d'une aussi réforme est un
titre d'honneur pour ces Églises qui, malgré leur petit nombre,
une cinquantaine, ont donné un grand exemple. Il est impossible
d'oublier qu'Edmond de Pressensé, disciple de Vinet, qui fut au
cours de sa carrière politique le partisan résolu, le défenseur
si autorisé de la séparation, était l'un des pasteurs
de cette Église libre. (L'union des Églises libres
de France se compose d'Églises situées dans les départements
les plus divers : Ardèche, Tarn, Lot-et-Garonne, Gironde, Rhône,
Deux-Sêvres, Charente-Inférieure, Seine, Aveyron. Ces Églises,
au même titre que les églises réformées, ont
un caractère national.)
Ce mouvement
séparatiste ne s'est pas limité à l'union des Églises
évangéliques libres ; il s'est produit au sein même
des Églises réformées et a abouti à la formation
de communautés indépendantes de l'État (En
dehors de Églises reconnues par l'État, se trouvent de nombreuses
communautés se rattachant cependant aux Églises réformées
et qui au lendemain de la séparation en seraient parties intégrantes.),
mais rattachées officiellement aux Églises réformées.
Il est nécessaires, en effet, de faire remarquer qu'à côté
de l'organisation administrative qui régit les rapports des Églises
protestantes et de l'État, s'est constitué, depuis un quart
de siècle, une double organisation de caractère purement
officieux à laquelle se rattachent les deux grandes fractions qui
se partagent le protestantisme français. Elles reproduisent l'une
et l'autre, sous des noms divers, le type consacré des Églises
de la réforme française. On peut y voir une préparation
à la séparation ; c'est à ce titre qu'il n'était
pas inutile d'en faire mention ; mais l'État est toujours demeuré
étranger à ces organisations particulières.
D'autres Églises
existent de type congrégationaliste, c'est-à-dire séparées
de l'État, ne se rattachant à aucune organisation et ne dépendant
que d'elles-mêmes. Elles sont très peu nombreuses et se trouvent
sur le littoral de la Méditerranée, à Nice, Menton,
Cannes, Hyères, Saint-Raphaël, Antibes.
Il en est de
même des Églises baptistes, qui se groupent en association
régionales du Nord, de l'Ouest, de l'Est et du Midi.
Mention doit
être faite de l'Église évangélique méthodiste
de France, dont l'organisation se rapproche de celle des Églises
presbytériennes synodales.
Les chiffres
qui suivront donneront une indication à peu près exacte sur
la situation et les forces respectives des diverses Églises protestantes
à l'heure actuelle :
L'Église
réformée de France comprend 101 consistoires dont dépendent
534 paroisses. Pour les desservir existent 639 places de pasteurs
ainsi réparties :
12 places hors
classe Paris à 3 000 fr.
100 places de
1ère classe à 2 200 fr.
91 places de
2è classe à 2 000 fr.
427 places de
3è classe à 1 800 fr.
Les 101 consistoires sont répartis
en 21 circonscriptions synodales formant chacune un synode provincial.
Le synode national
est composé des délégués laïques et ecclésiastiques
élus chaque année par chaque synode provincial.
Le synode national
n'a pas été réuni depuis l'année 1873.
L'église
réformée possède, d'après un rapport établi
en 1899, 887 temples ou oratoires et 162 presbytères, 120 temples
appartiennent aux conseils presbytéraux, 50 aux consistoires, 325
aux communes, 87 à l'État, 20 à des particuliers.
La propriété de 89 est contestée. Les oratoires appartiennent,
61 aux conseils presbytéraux, 78 aux consistoires, 38 aux communes,
6 à l'État, 84 à des particuliers, 2 aux départements
et 36 sont contestés.
Quant aux presbytères,
voici leur répartition :
23 aux conseil
presbytéraux, 16 aux consistoires, 98 aux communes, 1 à l'État,
20 à des particuliers, 4 dont la propriété n'est pas
déterminée.
Ces chiffres
sont exacts à quelques unités près, quelques temples
et presbytères ayant été construits depuis cette époque
(1899).
L'Église
réformée possède deux facultés de théologie,
l'une à Montauban, l'autre à Paris, celle-ci commune aux
réformés et aux luthériens. Le budget de ces facultés
dépend du ministère de l'instruction publique.
La population
des églises réformées ne peut être donnée
que d'une manière approximative, mais elle peut être évaluée
à 550 000, ce chiffre étant à considérer comme
un minimum. Les centres de population protestante sont dans le Gard, l'Ardèche,
la Drôme, la Lozère, les Deux-Sèvres, la Seine, Tarn-et-Garonne,
etc. Bordeaux, Lyon, Marseille, Nancy, Lille, Le Havre forment d'importantes
églises. Au 25 novembre 1904, il n'y avait que neuf places vacantes
dans l'Église réformée.
L'Église
évangélique de la confession d'Augsbourg, désignée
souvent sous le nom d'église luthérienne, comprend 6 consistoires
et 49 paroisses, réparties entre deux synodes particuliers, celui
de Paris et celui de Montbéliard, dont les délégués
forment le synode général, qui nomme une commission exécutive
permanente chargée de la défense des intérêts
de l'Église.
Les 62 places
de pasteurs sont ainsi divisées :
10 places, Paris
à 3 000 fr. ;
5 places, 1ère
classe à 2 200 fr. ;
7 places, 2è
classe à 2 000 fr.
40 places, 3è
classes à 1 800 fr.
Paris et Montbéliard
sont les deux centres de la population luthérienne qui s'élève
à environ 80 000 âmes.
On ne saurait
oublier que, par la suite de l'annexion de l'Alsace et la Lorraine, l'église
luthérienne a perdu près des trois quarts de ses membres,
outre sa faculté de Strasbourg. L'église luthérienne
comprenait alors 44 consistoires, elle n'en a plus que 6 aujourd'hui.
Les pasteurs
de l'église luthérienne font leurs études à
la faculté de théologie de Paris, où professent des
professeurs luthériens et réformés. Au 20 octobre
1904 il n'y avait qu'une place vacante dans l'église luthérienne.
Églises
séparées de l'État
Nous avons dit
qu'en dehors des églises officielles mais se rattachant d'une manière
officieuse à l'église réformée, se trouvaient
de nombreuses églises fondées par l'activité de la
société centrale d'évangélisation. Ces églises
sont considérées, en effet, comme des annexes des paroisses
officielles, dans le ressort desquelles elles ont été fondées.
Ces création d'églises sont dues au fait que le crédit
réservé aux création d'églises nouvelles
a été supprimé par la loi de finances du 23 décembre
1880. Ces églises répandues par toute la France ne reçoivent
aucune subvention ou traitement du Gouvernement bien qu'elles se rattachent
à l'église réformée reconnue par l'État.
L'union des
églises évangéliques de France comprend 61 églises
ou station d'évangélisation desservies par 64 pasteurs ou
évangélistes.
La population
de ces églises peut être évaluée entre
12 et 15 000, répartie surtout dans le Tarn, le Gard, l'Ardèche,
Paris.
L'église
évangéliste méthodiste compte 27 églises desservies
par 29 pasteurs, se trouvant principalement dans le Gard et la Drome. Leur
population s'élève à 5 ou 6 000 âmes.
Les églises
baptistes sont congrégationalistes, chaque église étant
indépendante, mais elles sont reliées cependant par l'unité
doctrinale et la communauté du but poursuivie. Elles sont au nombre
de 24, les principales dans les département du Pas-de-Calais, de
l'Aisne et de l'Oise. On peut évaluer leur population religieuse
à 2 ou 3 000 âmes.
Les églises
indépendantes fondées par la société évangélique
de France ne sont souvent que des postes d'évangélisation.
De même on doit citer un certain nombre d'église ne se rattachant
à aucune organisation ecclésiastique comme les églises
de menton, de Cannes, d'Antibes. Elles ont du moins toutes un caractère
commun, c'est d'être séparées de l'État.