2005; c'est fini ?
Aura-t-on
célébré cette année là, avec le
faste qui convient, le centenaire de la loi stipulant que la
République française ne reconnaît, ni ne
subventionne ni ne salarie aucun culte? Celle
qui assure la liberté de conscience et garantit le libre
exercice des cultes avec
des restrictions édictées dans l'intérêt
de l'ordre public.
En
1905, la France rompait avec la tradition européenne des
concordats, par lesquels l'Etat reconnaît officiellement la
religion. Elle passait au système américain, qui laisse
les cultes organisés par l'initiative privée. C'était
une révolution dans le régime ecclésiastique de
la France.
Il y a la
séparation des Églises et de l'État au Mexique
et aux États-Unis,
mais ..... manifestement .... ça ne fonctionne pas comme
"chez nous". Ces derniers sont mêmes des états
religieux, peut-être même ... bigot ? Ils
écrivent sur leurs billet de banque : "In god we trust"
- "Nous croyons en Dieu."
"Chez nous", ce libre exercice du culte,
garanti par la loi, est la
seule liberté publique à jouir de cette assurance dans
le seul pays du monde à lui donner force de loi.....
(Émile Poulat -
Le Monde; 20/11/04)
Pour
ce qui est de l'Europe, notre Sénat à produit, en 2001,
une
intéressante étude comparative des
législations en ce qui concerne le financement des communautés
religieuse.
Il n'y a pas eu, pour la célébration du centenaire de la loi, de mission interministérielle comme ce fut le cas pour la loi de 1901. La séparation des Églises et de l'État en est pourtant la conséquence direct : Pour M. Waldeck-Rousseau, qui adhérait aux propos de M. Goblet, il fallait d'abord une loi sur les associations pour établir une base sur laquelle on pourrait légiférer. Et cette loi fut celle du contrat d'association de 1901 .
Ce fût l'Académie des
sciences morales et politiques qui fut chargée de cette
célébration officielle.
Elle a rempli sa tâche de façon remarquable : l'édition
d'un livre et quatre colloques d'une grand tenue, dont les 130
contributions, environ (certaines inspirées- quand ce n'est
pas plus - par ce site), constituent une base de données
exceptionnellement riche.
Il y a eu d'autres
colloques, dans les universités et ailleurs (quelquefois
avec des "emprunts" à ce site, par les
intervenants).
L'Académie, avec juste raison, n'a pas voulu organiser une
dispendieuse fête de la laïcité. Je ne pense pas
qu'une telle dépense, dans ce but, aurait impliqué,
fait avancer la réflexion des milliers de gens qui n'ont pas
assisté aux colloques. Il y avait toutefois diverses autres
actions à mener pour rendre cette célébration
populaire, en plus d'être élitaire; par exemple avec
quelques unes des 36 000 communes
....
Le ministère de l'intérieur,
alors sous la responsabilité de M. de Villepin, ayant demandé
aux préfets d'organiser des célébrations dans
chaque département, avait produit une exposition (avec la
collabaration du Centre Historique des Archives Nationales) dont on
peut voir
les éléments sur le net.
Une chose dont je suis convaincu à défaut d'en être
sûr, c'est que cette célébration, qui a malgré
tout manqué de brillant, aurait été plus
discrète encore si l'affaire des signes religieux trop voyants
à l'école n'avait défrayé les passions
dans l'année 2004.
Comme pour la loi sur les
associations, les départements
d'Alsace-Moselle n'appliquent pas la
loi de 1905 : Ces territoires étaient
sous juridiction allemande à cette date là. Après
1870, l'Empire allemand a conservé le Concordat napoléonien
et les populations n'ont pas voulu changer leurs habitudes après
1918. C'est leur droit . ...
mais ......
Et
on oublie presque toujours de citer la Guyane
! Le culte
catholique, et
lui seul, depuis une ordonnance
de Charles X de
1828 , est placé sous la haute autorité du gouverneur
et l'autorité religieuse d'un supérieur ecclésiastique.
Il émarge
au budget public.
La départementalisation, faite en 1946,
n'a pas modifié ce statut.
Mayotte,
qui vient de rejoindre nos départements , a un statut encore
plus particulier puisque les
Mahorais peuvent garder un statut personnel dérogatoire au
code civil, et voir toutes les affaires juridiques et administratives
gérées par les cadis musulmans.
On ne peut pas le dire trop
haut quand on a refusé jusqu'alors à
la Corse d'avoir des particularismes.
....
mais c'est hors sujet ! Et quand la France avait des colonies,
leur statut était encore différent.
Et pourtant !
Je suis peut-être naïf (et fier de l'être), mais je crois que l'éclat des célébrations du bicentenaire de la Révolution française, qui eut lieu en 1989, a contribué à l'écroulement du Mur de Berlin.
La célébration du
centenaire de la séparation des Églises et de l'État,
acte où la France, contrairement à la législation
sur les associations, fut pionnière,
aurait pu, peut-être, aider des pays à s'affranchir
des fanatismes religieux et des tyrannies théocratiques.
C'est, en ce début du XXI°
siècle, un débat en Grèce (où,
sous pression des institutions européennes, la religion des
citoyens ne figure enfin plus sur la carte d'identité),
au Québec
(regarder
également), en Belgique
, au Portugal
(regarder
également) et nous pourrions ainsi
aider ces pays dont trois sont membres de la communauté
européenne.
Nous ne
manquons pas de liens amicaux avec le troisième.
Nous ne manquons pas non plus de liens avec de nombreux
autres pays où les débats vont devenir de plus en plus
violents ; tant que ce ne seront que des débats ...
Marc Ferro, dans son remarquable
ouvrage "Histoire de France" aux éditions Odile
Jacob en 2001, consacre une chapitre sur "Le génie de la
guerre civile" et décrit ainsi l'anticléricalisme
: L'anticléricalisme
est un vieux sentiment, même si le terme n'apparaît
explicitement qu'en 1852 pour stigmatiser la caution donnée
par l'Église au coup d'État de Louis-Napoléon
Bonaparte. Ce sentiment est une réaction contre le
cléricalisme, c'est-à-dire l'obstination des papes et
du clergé à subordonner la société civile
à la société religieuse, à vouloir
étendre à la société politique les règles
et méthodes de cette Église, à utiliser des
armes spirituelles à des fins temporelles, à se servir
du pouvoir politique pour imposer sa vision morale, individuelle ou
collective. Sous une forme ou sous une autre, ce cléricalisme
a plusieurs siècles d'épaisseur, et ses opposants avec
lui. Pour l'anticlérical, la religion doit être une
affaire privée. C'est à la loi, juge l'anticlérical,
qu'il revient de contenir la volonté de domination de
l'Église. Car l'Église menace l'État, qu'elle
soit elle-même un État dans l'État, ou qu'elle
prétende juger ses actes en dépit des décisions
du suffrage universel. Elle menace aussi l'unité de la nation,
au XX° siècle par exemple, en encourageant l'autonomisme
alsacien, ou les mouvements d'indépendance des peuples
colonisés; surtout, en 1914-1918, la papauté manifeste
sa sympathie aux Habsbourg catholiques, contre les Républiques
laïques, c'est-à-dire la France et l'Italie; en 1940,
l'Église tire avantage du malheur qui frappe la patrie. Enfin,
l'anticlérical juge que l'Église enrobe les valeurs de
la famille dans les valeurs religieuses. Sa passion évangélisatrice
peut la conduire à enlever des enfants juifs
pour
les baptiser en secret et les élever religieusement: telle
l'affaire Mortara en 1858 et l'affaire des enfants Finaly, en 1953.
Ainsi
jugent les anticléricaux, il faut se méfier de toutes
les tentatives de l'Église de faire patte de velours: on l'a
vérifié en 1852, quand elle a trahi ses élans
généreux de février 1848 ; et encore après
1930, quand finalement, en dépit de son ralliement à la
République, ses dirigeants soutiennent le maréchal
Pétain qui l'a abolie. «Tôt ou tard, le masque
tombe. »
En 1882, le député
Jules Roche dépose une proposition de loi tendant à la
sécularisation des biens des congrégations religieuses,
des fabriques, des séminaires, des consistoires et de la
séparation de l'Église et de l'État. Il écrit
dans son exposé des motifs :
«
L'Église est un État, c'est-à-dire une vaste
société dirigée par un pouvoir public organisé,
un corps politique ayant ses lois propres, ses fonctionnaires
vigoureusement hiérarchisés et d'un dévouement
sans borne, son budget aux mille sources, ses corporations
thésaurisantes qui absorbent toujours et ne rendent jamais,
son souverain tout puissant obéi par-dessus les frontières;
et ce formidable pouvoir est en contradiction irréductible
avec les principes essentiels de la société moderne.
(.,.) Contre lui, la France n'est pas moins en état de
légitime défense qu'elle le serait contre tout autre
empire en guerre déclarée »
Mais, pour
anticléricaux qu'ils soient, tous les républicains
n'étaient pas (encore), à cette date, systématiquement
partisans de la séparation complète de l'Église
d'avec l'État et de la dénonciation du Concordat .
Comme l'ambassadeur Paul Cambon,
ils ne considéraient pas ce dernier
comme un avantage fait à
l'Église catholique, mais au contraire comme un traité
destiné à limiter l'autorité, les entreprises,
la richesse, la liberté de l'Église catholique.
Pour eux,
ce traité était
nécessaire puisque l'Église obéit à un
chef étranger avec lequel on ne peut s'entendre que par une
convention. Et de fait, l'Église n'acceptait de bon cœur
que les clauses avantageuses et regimbait contre les clauses
onéreuses ; il fallait donc que l'État ait les moyens
de l'empêcher de regimber !
Pour eux, les
Français, même s'il ne s'étaient jamais soumis de
bon cœur à l'influence du clergé, avaient
toujours tenu à leur clergé ; pour preuve la facilité
extraordinaire, le plaisir même avec lequel ils avaient
accepté le Concordat après 10 ans d'interruption de vie
religieuse et 80 ans de libre pensée à outrance.
Ces républicains là
redoutaient la pleine
liberté d'association religieuse et d'instruction publique.
Ils craignaient qu'alors le territoire ne soit dévoré
en moins de 50 ans par les congrégations religieuses.
Ils furent ainsi d'ardents défenseurs des lois
Ferry sur la laïcisation de l'enseignement, des lois Goblet sur
la laïcisation des enseignants et des multiples textes qui,
jusqu'à celui du 1er juillet 1901, permirent l'interdiction et
l'expulsion des congrégations.
Contrairement à ce qu'on a lu dans la presse
depuis 2002, cette loi
n'est pas celle de la laïcisation.
La laïcité de l'État a commencé
avec la Révolution française par la laïcisation de
l'État civil , mais il y a eu bien d'autres événement,
par exemple : suppression, le 8 juin 1880, de l'aumônerie
militaire
instituée en 1874 ; suppression, le 12 juillet
1880, sauf pour les fonctionnaires,
du repos dominical institué
en 1814 , remplacé en 1906 par le repos hebdomadaire;
allégement des honneurs militaires rendus au saint sacrement;
suppression, le14 août 1884, des
prières
publiques à la rentrée des Chambres ,
de la messe du Saint Esprit - présence
obligatoire - à la rentrée
des Cours et des Tribunaux (14 décembre 1900) ; loi municipale
du 5 avril 1884 et ses incidences religieuses; loi
Naquet rétablissant le divorce le 27
juillet 1884 ; loi sur la liberté
des funérailles et l'appréciation
des dernières volonté les défunts (15 novembre
1887) (Des sociétés
de Libre Pensée militaient en ce sens depuis plusieurs années
en créant
des associations) ;
une loi de 28 décembre 1904 enlève
aux fabriques le monopole des inhumations ; lois
militaires de 15
juillet 1899 et 24
mars 1905 ("les curés sac au
dos"); suppression du traitement des aumôniers des
hôpitaux et hospices relevant de l'Assistance publique (1883)
laïcisation progressive, de 1878 à 1891, des hôpitaux
de Paris; suppression des religieuses infirmières dans les
hôpitaux de la Marine (11 novembre 1903), puis dans tous les
hôpitaux militaires (1er janvier 1904) ; circulaire du ministre
de la Justice ordonnant l'enlèvement des crucifix dans les
prétoires de tous les tribunaux (1er avril 1904)...
C'étaient des "réformes
opportunes", faites par des
gouvernements "opportunistes",
à l'image de Gambetta qui,
tout en écrivant la séparation des Église et de
l'État dans le programme
républicain de 1869, n'en fit rien
quand il fut président du conseil.
Mais la rupture des relations
diplomatiques avec le Vatican et la dénonciation du Concordat
étaient une autre affaire ...... !
En admettre la possibilité, l'obligation, a
nécessité un long cheminement de pensée pour
qu'il se trouve une majorité pour les voter.
Toujours selon l'ambassadeur Paul Cambon, il a fallu
l'affaire Dreyfus qui, "pendant
dix ans a partagée la France comme au temps des guerres de
religion, toutes les passions se sont déchaînées,
.......... , la propagande anti-militariste a fait du chemin et comme
le parti conservateur et catholique s'était jeté dans
la mêlée, on a fait la loi des congrégations (loi
de 1901 sur les associations) et
la séparation de l'Église et de l'État".........
En consultant la chronologie des actes parlementaires ayant conduits au vote de la loi de séparation des Églises et de l'État, vous vous rendrez compte que c'était une vieille histoire.
Depuis l'avènement de la
troisième République, tous les ans - ou presque - lors
du vote du budget, les anticléricaux soulevaient les problèmes
posés par les relations de l'église catholique avec
l'État, demandaient la suppression de celui
des cultes, avec l'abrogation du Concordat.
Les présidents du conseil venaient défendre cet accord.
Il sera surprenant de constater que l'un des plus ardent
défenseurs de ce dernier fut .... M.
Combes !!! Ce qui ne l'empêcha pas de supprimer les
congrégations enseignantes. Mais cette
loi de séparation qu'on lui
attribue - à tort - est
d'initiative parlementaire; elle a
été
faite malgré lui et peut-être même contre lui!
Il est extrêmement
remarquable que la précédente année, devant le
parlement précédent, son
prédécesseur, M. Waldeck-Rousseau, qui était
tout aussi favorable au Concordat pour des raisons politiques, avait
employé des arguments politiques et prévenu que, si à
l'avenir, on voulait la séparation des Églises et de
l'État, il faudrait user d'arguments politiques ; c'est à
dire s'entourer de toutes les précautions pour réussir
à coup sûr !
Peut-on dire que c'est par
hasard,
par miracle que la loi a pu être votée ?
Les députés ont fini par admettre qu'il
fallait enfin aborder le problème et ont nommé une
commission. La lenteur du travail des commission était
proverbiale et toutes n'aboutissaient pas à la rédaction
d'un rapport. Et quand le rapport était déposé,
les projets pouvaient rester à l'état de projet pendant
des années et même être enterrés pour
toujours. Sous la constitution de la III° République, ne
pouvaient aboutir que les projets d'initiative gouvernementale ou les
projets d'initiative parlementaire que le Gouvernement avait fini par
faire siens sous la pression de l'opinion publique.
Par chance, Monsieur Combes disait de lui-même
"qu'il
n'était pas de ces chefs de Gouvernement qui ont la prétention
d'entraîner des majorités après eux ; mais au
contraire, qu'il se laissait guider par la majorité
républicaine".
Et
la majorité républicaine attendait depuis si longtemps
l'occasion de séparer les Églises de l'État
.....
Monsieur Combes
n'accepta que le fait accompli; la commission travailla avec lenteur
donc, mais avec obstination.
Le
vrai maître d'œuvre en fut le rapporteur, un "jeune"
député du nom d'Aristide Briand ; mais il a fait par la
suite tellement d'autres choses ...
Il
déposa son rapport
qu'il défendit avec ferveur et obstination,
portant ainsi la loi à bout de bras; sa
loi ?
Les débats auxquels se sont livrés les parlementaires, en 1905, s'ils furent presque courtois, n'en furent pas moins passionnés. Ils faut dire que pendant les trente années précédentes, tout avait déjà été dit lors du vote du budget des cultes ... dont on demandait la suppression !
La France n'est pas devenue laïque par la loi de
Séparation, mais c'est parce qu'elle était devenue
laïque qu'elle a pu voter cette loi : dans
un article, paru le 9 septembre 1904 au Siècle,
Ferdinand Buisson comparera la Séparation
à la "Laïcité
intégrale".
Il faut quand
même préciser que cette séparation est
toute relative, et que le titre proposé à cette loi
par un sénateur lors de l'adoption du texte aurait mieux
convenu : « Les nouveaux rapports des Églises et de
l'État. »
Le point de vue que Joseph
Caillaux développa dans ses mémoires
, parues en 1942, est loin d'être inintéressant.
Un point de vue "officiel"
a été rédigé
en 2000 par M. Roger Fauroux, pour le Haut Conseil à
l'Intégration, concernant l'Islam en France.
Mais, comme l'a écrit M.
André
DAMIEN, "La
loi de séparation est une date fondamentale dans l’histoire
de la laïcité, non pas telle que l’avaient conçues
ses auteurs, mais telle qu’elle est devenue au fur et à
mesure de sa mise en application, notamment dans la jurisprudence du
Conseil d’État et grâce à la reprise des
relations diplomatiques entre l’Église catholique et
l’État français. Si imparfaite qu’elle soit
et si détournée qu’elle fut de ses buts
originaires, elle aboutit en effet à créer en France et
par la voie de contagion dans tout l’Occident une notion de
laïcité qui non seulement permet la liberté de
croyance mais garantir également la liberté des
non-croyants et des athées.
La
loi de 1905 est plus révolutionnaire que ses auteurs s’en
était doutés : elle met fin à des millénaires
de croyances obligatoires qui contraignaient, et le cas échéant
sanctionnaient, les incroyants ou les adeptes des religions non
admises par l’État.".........
Pour bien
mieux analyser la
situation actuelle, je recommande
la lecture, "Notre
laïcité
publique" d'Émile Poulat,
avec lequel j'ai collaboré pour « Scruter
la loi de de 1905 »
Il y a
également "La séparation des églises et de
l'État" de Jean-Marie MAYEUR édité en 1991
aux Éditions Ouvrières .
A lire également, de "La
France dans la
tourmente des Inventaires ; La séparation des Églises
et de l'État" de Jean-Michel DUHART aux éditions
Alan Sutton.
En
2005, de nombreux ouvrages sont également parus. Je
tiens à signaler l'ouvrage collectif
de l'Institut de Recherche et d'Étude de la Libre
Pensée dont le contenu est très complémentaire à
ce que j'ai mis sur ce site.
Quant
à l'Académie des Sciences Morales et Politique qui est
en charge du centenaire officiel , elle a publié une
intéressante Histoire de la
"laïcité à la française"
Depuis octobre 2002, il y a déjà eu plusieurs articles dans les journaux. Les uns pour réclamer la modification, voire la suppression de la loi, les autres pour affirmer qu'il ne faut surtout pas y toucher. On se croirait revenu au début du XX° siècle où il y avait exactement le même type d'affrontement vis-à-vis du Concordat.
Le thème du religieux
apparaît dans la Constitution européenne étudiée
par la Convention présidée par M. Giscard d'Estaing. La
mention de Dieu a été évitée parce que
c'est un thème qui faisait l'objet de vives controverses.
Un geste a été fait
en faveur de ceux qui voulaient inscrire les
"valeurs"
religieuses dans le texte.
Le préambule de la Constitution invoque donc les
"héritages
culturels religieux et humanistes de l'Europe"
mais précise que "les
valeurs ( de ces héritages) sont toujours présentes
dans son patrimoine"
La
formule du "patrimoine
spirituel" a été
adoptée pour obtenir un consensus. Les évêques
français s'y sont résignés. Monseigneur
Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris, a déploré
cette réticence à admettre notre héritage
religieux. "Ce
n'est une offense pour personne, dit-il, y compris les gens
parfaitement athées, de reconnaître ce patrimoine comme
fondateur." Il a donc déploré
cette amnésie tout en redoutant qu'on touche à la loi
de 1905 : "
Ce serait, a-t-il ajouté, ouvrir la boîte de Pandore."
Dans le traité d'Amsterdam,
il y a eu une déclaration n° 11 relative au statut des
églises et des organisations non confessionnelles :
"L'Union
européenne respecte et ne préjuge pas le statut dont
bénéficient, en vertu du droit national, les Églises
et les associations ou communautés religieuses dans les États
membres.
"L'Union
européenne respecte également le statut des
organisations philosophiques et non confessionnelles."
Elle est devenu les deux premiers
alinéas de l'article I-52 du Traité constitutionnel.
Mais un troisième alinéa
du même article a précisé:
"Reconnaissant
leur identité et leur contribution spécifique, l'Union
maintient un dialogue ouvert, transparent et régulier avec ces
Églises et ces organisations."
"On peut craindre
que d'avoir mis dans le droit ce qui n'était que d'un usage
courant, à savoir le dialogue ouvert, transparent et régulier
avec les Églises et les organisations non confessionnelles,
pose pour l'avenir des questions redoutables. Il ne s'agit plus de
consulter dans un processus informel diverses instances de la société
civile, mais d'un dialogue institutionnalisé et obligatoire,
dans lequel les croyances structurées dans les grandes Églises
ou les sectes activistes pourraient éclipser la diversité
réelle des convictions des groupes démocratiques
représentatifs " (Les idées en mouvement/n°
Hors Série N° 6 )
Est-ce que cela empêcherait une séparation
des Églises et de l'Union européenne ?
J'ai vu à Varsovie, en 2002, des manifestations
contre l'adhésion de la Pologne à une Europe "sans
Dieu" ; elle l'a fait quand même (cette
manifestation était caricaturale vu le peu de nombre qu'elle
avait réuni, mais comme toute caricature, c'était
l'exagération d'une réalité).
La Pologne, comme l'Espagne, l'Italie et l'Irlande ont
réclamé que le préambule de la Constitution se
réfère au christianisme. Pour l'Italie et L'Irlande, je
comprends. Pour la Pologne qui s'est construite avec une très
forte minorité juive anéantie par les nazis , comme
pour l'Espagne qui a vécu des siècles avec ses arabes
et ses juifs avant qu'Isabelle la catholique ne les chasse
définitivement en 1492, je redoute un refus du passé ;
et ce refus a des relents douteux ...
Que ce site vous aide à vous forger une opinion. Je ne vous livre que des faits historiques, avec de très rares remarques personnelles.
Pour débattre, je vous invite à allez sur le forum www.laicite-laligue.org
Ce site m'a demandé plus de 6000 heures de travail. Il est à votre disposition, mais n'oubliez pas de signaler vos sources. Un petit mot fait toujours plaisir; ne serais-ce que pour indiquer les erreurs et les liens complémentaires à effectuer. Je suis (quand même) à votre écoute.
(C) Maurice Gelbard
mesure d'audience, statistiques, ROI
Classement
des meilleurs sites et positionnement
Pour étudier la
réaction des Juifs face à la Séparation, je vous
invite à consulter les chapitre de ce site où j'ai
reproduit les textes des "Archives
Israélites"