* Dépôt et lecture, par M. Vacherie, d'une proposition de loi tendant au vote d'un secours pour les victimes des événements survenus à Limoges le 17 avril 1905.
.....
M. Georges Leygues : ...
Je remercie M. le ministre des éclaircissements
qu'il a bien voulu me donner. Dans ces conditions, comme nous avons satisfaction
sur deux points essentiels ... et que nous désirons
ne pas compliquer le débat déjà très difficile,
mes amis et moi nous nous réservons d'intervenir pour préciser
notre pensée sur les articles 5 et 6 et nous retirons notre amendement.
(Très
bien ! très bien ! - Mouvements divers.)
...
M. le président : ...
L'amendement de M. Marc Réville consiste
à rédiger ainsi le premier paragraphe de l'article 4 :
"Dans le délais d'un an à partir de
la promulgation de la présente loi, les biens mobiliers et immobiliers
appartenants aux menses, fabriques, conseils presbytéraux, consistoires
et autres établissements publics des cultes seront, avec toutes
les charges et obligations qui les grèvent, attribués par
les représentants légaux de ces établissements, et
après avis de l'autorité ecclésiastique à laquelle
ils ressortissaient, aux associations qui se seront légalement formées
pour l'exercice du culte dans les anciennes circonscriptions desdits établissements
et qui devront compter au moins un dixième du chiffre total des
personnes majeures domiciliées dans la commune et appartenant audit
culte, ainsi que cela résultera des registres paroissiaux (baptêmes,
communion, inscription électorale religieuse, etc.)"
...
M. Ferdinand Buisson, président
de la commission : M. Marc Réville demande que la commission
lui donne acte du droit qu'il conserve en retirant son amendement de le
reproduire au lieu où il trouvera naturellement sa place, c'est
à dire à l'article 17. Non seulement la commission lui donne
acte de sa déclaration, mais cela m'amène à lui faire
remarquer que la commission a devancé son désir, puisqu'elle
a ajouté dans l'article 1er, à la suite de sa disposition
additionnelle, les mots "suivant les prescriptions de l'article 1er". Ces
mots ont précisément pour objet de réserver d'une
façon expresse les droits des différents auteurs d'amendements
plus ou moins analogues à celui de M. Réville.
...
M. le président : Nous arrivons à un amendement
déposé par MM. Allard, Vaillant, Dejeante et Bouveri.
Il est ainsi conçu :
"Art. 4. - Les biens occupés par les menses,
fabriques et autres établissements ecclésiastiques seront
liquidés.
"Pendant une année à partir de la
promulgation de la présente loi, les donateurs ou les ayants droits
pourront intenter une action en revendication des biens donnés.
Les biens non revendiqué seront attribués
à l'État ou aux communes suivant le cas.
...
( Amendement repoussé par 453 contre 123)
...
Je donne lecture du paragraphe 1er de l'article
4 dans lequel la commission a introduit deux
modifications :
Dans le délai
d'un an, à partir de la promulgation de la présente loi,
les biens mobiliers et immobiliers des menses, fabriques, conseils presbytéraux,
consistoires et autres établissements publics du culte seront, avec
toutes les charges et obligations qui les grèvent , transférés
par les représentants légaux de ces établissements
aux associations qui, en se conformant aux règles d'organisation
générale du culte dont elles se proposent d'assurer l'exercice,
se seront légalement formées, suivant les prescriptions de
l'article 17, pour l'exercice de ce culte dans les anciennes circonscriptions
desdits établissements.
Je vais mettre en discussion ce paragraphe partie
par partie, en indiquant successivement les amendements qui portent sur
le texte.
Le premier amendement, signé de MM. Paul
Bignon et Rouland, consiste à remplacer les mots : "dans un délai
d'un an", par ceux-ci : "dans un délais de deux ans"
...
M. Paul Bignon :... Je reprendrai mon amendement à l'article
6. Tous mes droits sont donc réservés. (Très
bien ! très bien !)
...
M. le président : L'amendement est retiré.
Le second amendement est celui de notre collègue
M. Levraud ; il est ainsi conçu :
"Dans le délai d'un an à partir de
la promulgation de la présente loi, les biens mobiliers et immobiliers
appartenant aux menses épiscopales feront retour à l'État.
Les biens mobiliers et immobiliers appartenant aux fabriques, conseils
presbytéraux, consistoires et autres établissements du cultes
... (le reste comme le projet de la commission).
...
M. Levraud : Messieurs
... J'ai été un des soixante-huit qui ont voté
le contre projet de notre collègue M. Allard que je considérait
comme le seul logique, comme le seul conforme aux traditions et aux principes
républicains. (Très bien ! très bien ! à
l'extrême gauche.)
Je viens défendre aujourd'hui un amendement
sur lequel j'appelle l'attention à la fois de la commission et du
Gouvernement, parce que je prétend que cet amendement ne touche
en rien à l'économie générale ni à l'esprit
qui a présidé à la rédaction du projet de la
commission ; il ne contredit aucune de ses dispositions. Il limite simplement
les sommes considérables que la générosité
de la commission accorde aux futures associations cultuelles ; ...
...
La somme à laquelle on peut évaluer
l'ensemble des biens appartenant aux établissements du culte est
considérable, personne ici n'a donné le véritable
chiffre, si ce n'est M. Caillaux
(qui fut et qui sera un ministre des finances connaissant particulièrement
bien ses dossiers) ... qui, avec sa haute autorité,
est venu rectifier certains chiffres erronés. ...
...
(L'amendement sera repoussé par 472 voix contre 108 )
...
M. le président : (après relecture de l'article
4)
Sur ce paragraphe 1er de l'article 4, M.
Grojean a déposé un amendement ainsi conçu :
"Rétablir le texte primitif de la commission:
"Dans le délai d'un
an, à partir de la promulgation de la présente loi, les biens
mobiliers et immobiliers des menses, fabriques, conseils presbytéraux,
consistoires et autres établissements publics du culte seront, avec
toutes les charges et obligations qui les grèvent , attribués,
etc. ..."
M. Georges
Grosjean : ...
Cependant, le but principal
que je m'étais proposé étant atteint, à savoir
la suppression d'expression qui ne tendaient à rien moins qu'à
confisquer la propriété des établissements publics
du culte, je retire mon amendement. (Très bien ! très
bien ! )
...
M. le président : L'amendement est retiré.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix la première partie du premier
paragraphe de l'article 4 qui n'est plus contestée :
"Dans le délai d'un an, à
partir de la promulgation de la présente loi, les biens mobiliers
et immobiliers des menses, fabriques, conseils presbytéraux, consistoires
et autres établissements publics du culte..."
( Cette première partie, mise aux voix,
est adoptée.)
Viennent ensuite les mots :
"... seront avec toutes les
charges et obligations qui les grèvent ..."
M. Massé propose d'y
ajouter cette phrase :
" ... et avec leur affectation
spéciale".
...
Je mets aux voix l'amendement
de M. Massé, accepté par
la commission et le Gouvernement.
(L'amendement, mis aux
voix, est adopté)
...
Nous en arrivons à
un amendement présenté par MM. Eugène Réveillaud,
Braud, Bichon, Torchut, Ridouard, tendant à rédiger comme
suit le premier paragraphe :
"Dans le délai d'un
an, à partir de la promulgation de la présente loi, les biens
mobiliers et immobiliers administrés par les menses, fabriques,
conseils presbytéraux, consistoires et autres établissements
publics du culte seront, avec toutes les charges et obligations qui les
grèvent , transmis dans les mêmes conditions, par les représentants
légaux de ces établissements, après avis des évêques,
consistoires et autre autorités ecclésiastiques auxquelles
ils ressortissaient, aux associations légalement formées
pour l'exercice du culte dans les anciennes circonscriptions desdits établissements."
...
M. Eugène
Réveillaud : ... Je suis tenté
de suivre ... l'exemple qui vient de m'être donné...
de
retirer mon amendement ...
Mais j'ai tout d'abord
des observations à présenter, des réserves à
faire et des précisions à demander.
....
Vous savez, en effet,
messieurs, comment, à l'origine, par le décret du 30 décembre
1809, les conseils de fabrique " charger d'administrer les aumônes
et les biens, rentes et perceptions des églises" ont été
constitués et composés.
Les fabriciens ont été
désignés pour la plus grand part par l'évêque,
pour la plus petite part par le maire, et depuis lors se sont recrutés
par cooptation, sans participation directe des fidèles.
Et c'est pour cette raison,...,
et
non pour faire de l'épiscopalisme que j'ai préféré,
par mon amendement, donner aux évêques, qui eux, ont été
du moins nommés par le chef de l'État, ..., le droit
d'être ... consultés sur la désignation des
associations cultuelles chargées de donner leur avis sur celle à
laquelle il convient d'attribuer les biens des églises. (Interruptions
à droite.)
....
M. le président : L'amendement
est retiré.
Je mets aux voix les mots
qui suivent la première partie de l'article 4 déjà
adoptée:
"...seront, avec toutes les
charges et obligations qui les grèvent et avec leur affectation
spéciale, transférés par les représentants
légaux de ces établissements aux associations qui ..."
Cette partie du premier paragraphe
n'est pas contestée.
Deux amendements ont pour but
la suppression des mots qui suivent " en se conformant aux règles
d'organisation générale du culte dont elles se proposent
d'assurer l'exercice ..."
Le premier amendement est
signé de M. Dumont, le second, de MM. Trouin et Bepmale
(Les deux amendements seront repoussés par 374 voix contre 200)
Je mets aux voix la fin du
paragraphe :
" ... en se conformant aux
règles d'organisation générale du culte dont elles
se proposent d'assurer l'exercice, se seront légalement formées,
suivant les prescriptions de l'article 17, pour l'exercice de ce culte
dans les anciennes circonscriptions desdits établissements."
(La fin du paragraphe, mise
aux voix, est adoptée)
Je mets aux voix l'ensemble du premier paragraphe qui constitue maintenant l'article 4.
(La Chambre adopte par 509
voix contre 44)
(Applaudissements à gauche et à
l'extrême gauche)
M. Jaurès : La séparation est faite.
M. le président : ... Le renvoi est ordonné.
La séance
suivante aura lieu le 15 mai 1905.
Au cours de ces trois semaines,
le Congrès du Globe,
qui eut lieu du 23 au 26 avril 1905,
donna naissance au Parti
socialiste unifié,
section française de
l'Internationale ouvrière (SFIO),
grâce à la fusion
du parti ouvrier socialiste révolutionnaire de Jules
Guesde ,
du parti socialiste
de France de Jean Jaurès
et de plusieurs fédérations
autonomes.
©Maurice Gelbard
9, chemin du clos d'Artois
91490 Oncy sur École
ISBN 2 - 9505795 -2 - 3