suite de la discussion du projet et des propositions de
loi
concernant la séparation des Églises et
de l'État.
(10° journée ; réduite
et annotée)
M. le président : L'ordre du jour
appelle la suite de la discussion du projet de loi et des diverses propositions
de loi concernant la séparation des Églises et de l'État.
La Chambre s'est arrêtée
au contre-projet de MM. Allard, Vaillant, Dejante, Bouveri, Chauvière,
Paul Constans, Jules Coutant, Delory, Dufour, Piger, Sembat, Thivrier et
Walter.
Je donne lecture de l'article
1er de ce contre-projet :
" Art. 1er La république
ne reconnaît, ne protège, ne salarie, ne subventionne ni ne
loge aucun culte. En conséquence, à partir du du 1er janvier
qui suivra la promulgation de la présente loi, seront et demeureront
supprimés des budget de l'État, des départements et
des communes, toutes dépenses relatives, directement ou indirectement,
à l'existence des cultes."
La parole est à M.
Allard.
M. Allard :
Messieurs, je ne me dissimule pas la difficulté de ma tâche
: j'ai contre moi toute la droite, le centre gauche, la commission, le
Gouvernement et probablement une partie de la gauche qui a déjà,
avant tous débats, approuvé et adopté le projet de
Gouvernement et de la commission, sans l'avoir sans doute examiné
suffisamment. C'est à cette partie de la gauche que je m'adresserai
tout particulièrement. Je tâcherai de lui démontrer
que le projet que le projet gouvernemental ne répond en aucune façon
aux desiderata que les républicains s'efforcent de faire triompher
depuis si longtemps.
...
Je reprocherai d'abord à la commission d'avoir
méconnu la différence essentielle qui existe entre la liberté
de conscience et la liberté religieuse. Cette confusion est manifeste
dans l'article 1er du projet de loi gouvernemental, où il est dit
que "la république assure la liberté de conscience et garanti
le libre exercice du culte".
Mais, messieurs, il faut pourtant distinguer : "liberté
de conscience" et "liberté religieuse" ne sont pas deux choses absolument
identiques. ... M. Adolphe Frank, membre de l'institut, ...,
s'exprimait ainsi :
"La liberté religieuse
n'est pas la même chose que la liberté de conscience ; l'une
peut très bien exister sans l'autre.
"La liberté de conscience
est une question de droit privé ; c'est le droit qui appartient
à toute créature humaine, à tout être libre
et intelligent et, par conséquent, à tout membre de la société,
de croire ce qui lui parait être la vérité et de vivre
selon ses croyances ou tout au moins de ne rien faire qui leur soit opposé.
"La violation de ce droit
n'est pas seulement un crime, c'est un acte de folie, puisque les croyances
ne peuvent être imposées ni détruites par la force.
"La liberté religieuse
est une question de droit public et particulièrement de droit politique
; c'est le droit de former, sous le nom de communion ou d'église,
une société véritable qui, au sein de la corporation
civile, au sein de l'État et dans les mêmes frontières
où se développe sa légitime puissance, a sa propre
organisation, ses propres lois, sa propre vie, et non seulement ses autorités
constituées, mais son souverain ; c'est le droit pour cette société
de manifester publiquement son existence, d'accomplir au grand jour tous
les actes qui lui sont prescrits par ses statuts ou qu'elle juge utiles
à son but, dont elle fait dépendre sa conservation ou l'extension
de son influence.
"La liberté de conscience,
si complète qu'elle puisse être, n'embarrasse que les tyrans
et les fanatiques intraitables.
La liberté religieuse,
entendue dans un sens trop absolu, soulève des difficultés
d'autant plus grandes qu'on prend plus d'intérêt à
la liberté civile et au devoir qui appartient à l'État
de se défendre lui-même."
...
Ce que je reproche à la commission, c'est d'avoir
méconnu cette distinction, car, cette distinction une fois faite,
nous avons le droit de ne pas laisser se constituer, au milieu de l'État
laïque et contre lui, cet État religieux particulier, cette
société religieuse qui devient forcément un danger
véritable un danger véritable quand elle est animée,
comme l'Église, d'un esprit essentiellement hostile à tout
progrès et à toute civilisation (Très bien ! très
bien ! à l'extrême gauche.)
... Il ne faut pas se laisser leurrer par
le mot de "séparation". Ce mot de "séparation", ...,
n'a aucun sens alors qu'on n'y applique pas des idées précises,
des idées déterminées. Il y a telle ou telle séparation
dont l'Église peut parfaitement s'accommoder ; mais nous, libres
penseurs, quelle est la séparation que nous voulons ? Ce ne peut
être que celle qui amènera la diminution de la malfaisance
de l'Église et de la religion (applaudissements ironiques à
droite.)
...
Aussi, qu'est-ce que je demande à la gauche
? Je lui demande d'adopter comme postulatum ce qui a été
adopté depuis plus de trente années par le véritable
parti républicain : de décider que l'Église, danger
politique et danger social, doit être combattue de toutes les façons,
et je m'étonne qu'au moment où nous entreprenons contre l'Église
le combat décisif on nous demande de déposer les armes et
d'offrir à l'Église un projet dit libéral, tel qu'elle-même
n'aurait jamais osé le souhaiter (Mouvements divers)
...
Nous allons donc passer à l'examen successif
des articles et ... nous verrons que loin de briser le bloc romain, vous
lui assurez par des privilèges spéciaux, sa continuité,
sa durée, sa solidité.
...
Abordons la partie la plus intéressante de
la loi de séparation, celle qui me paraît capitale, ...,
je
veux parler de l'article 4, du
projet gouvernemental relatif aux biens des menses, des fabriques et des
autres établissements ecclésiastiques.
...
Vous donnez les biens des mense et des fabriques
aux associations cultuelles qui se formeront demain, en un mot, à
des associations privées. Avez-vous bien songé à ce
que vous faites là?
Ah oui ! je sais qu'on va m'accuser de demander
la spoliation de l'Église ; eh bien, moi j'accuse la commission
de commettre en nous demandant de voter cet article, une véritable
spoliation au détriment de l'État.
Les bien des menses et des fabriques, vous allez
les enlever à un service public, c'est-à-dire à la
nation, pour les remettre à des associations cultuelles privées.
Cela me paraît monstrueux.( Applaudissement à l'extrême
gauche.)
...
Et si l'on examine de près le fonctionnement
des fabriques et des menses, on s'aperçoit que les fabriques et
le menses ne possèdent pas ces biens pour elles-mêmes ; elles
les détiennent en qualité de simples rouages administratifs
chargés de les conserver et de les administrer.
...
Voilà le résultat le plus palpable
de votre séparation : au lieu de désarmer l'Église,
vous lui donner des armes. Tout se borne à lui retirer une petite
partie du budget des cultes. Vous mettez, par contre, à sa disposition,
et cela sans contrôle, le nerf de la guerre, l'argent des menses
et fabriques ... vous lui abandonnez, ..., des biens soumis
jusqu'à présent au contrôle administratif ; vous les
lui donnez en toute propriété, avec la faculté et
la possibilité de les détourner de leur but cultuel et de
les employer à la lutte contre la République. Vous spoliez
la nation au profit de l'Église.
...
Dans le
projet de M. Jules Roche j'ai rencontré quelques articles -
les principaux - en tout points semblables aux miens. On n'accusera, certes
pas M. Jules Roche d'être un révolutionnaire. Et lorsqu'on
reproche à mon contre-projet d'être presque révolutionnaire,
j'ai le droit de répondre : Non, c'est un projet modéré,
qui fut autrefois, que dis-je ? qui fut toujours celui du parti républicain.
Comment la gauche le repousserait-elle ?
En 1882, la Chambre a voté à une grosse
majorité la prise en considération de la proposition de M.
Jules Roche ; allez-vous être plus modérés qu'en 1882
?
...
Vous savez que la commission, par une mesure de
transaction qui n'a même pas eu le don, malgré son évident
libéralisme, de plaire à la droite, a décidé
que ces biens seraient mis gratuitement, pendant deux ans à la disposition
des associations cultuelles et que, pendant les dix année suivantes,
les communes seraient forcées de louer ces édifices cultuels
aux associations pour l'exercice du culte.
...
... je représente une circonscription
... essentiellement rurale qui compte des communes de 300, 400, 500
habitants exclusivement habitées par par de petits cultivateurs
- dans toutes ces communes, que demandent les municipalités ? Elles
demandent à entrer le plus rapidement possible dans la pleine propriété,
dans la pleine puissance des immeubles communaux, et je vous assure que
si la séparation était votée ainsi que je le comprends,
ces communes-là ne seraient nullement embarrassées pour se
servir des immeubles cultuels que vous voulez laisser encore aux cultes
; je vous assure que les conseils municipaux sauraient parfaitement en
faire un usage utile et véritablement profitable au progrès
de la civilisation ; on est tout prêt à y installer des bibliothèques,
des cours, à y établir toute sorte d'œuvre sociales, d'œuvres
de solidarité, d'œuvres véritablement républicaines.
(Très bien ! très bien ! à l'extrême gauche.)
...
... M. Briand a rappelé la structure
de ces églises faites pour abriter spécialement les conceptions
religieuses, faites pour donner asile aux dogmes obscurs, etc., etc.
Mais, messieurs, il n'y a pas d'architecture spéciale
s'appliquant à telle ou telle conception. (exclamations à
droite.)
...
Je vous assure que de ces églises nous pourrons
faire, quoi qu'en dise M. le rapporteur, un autre usage qu'un usage religieux,
et que, lorsque le peuple y tiendra ses assises, lorsqu'il y installera
des fêtes civiques, il y aura autant de joie et de splendeur, sous
une autre forme, qu'il peut y en avoir aujourd'hui dans les cérémonies
de Pâques ou de l'Assomption. (Très bien ! très
bien ! à l'extrême gauche.)
...
Demain, l'Église qui, jusqu'à
ce jour, n'était, somme toute, qu'un être moral, que nous
n'avions devant nous que comme communion de fidèles, obéissant
il est vrai au pape, mais n'ayant pas de corps véritable en France,
demain, cette Église va devenir, par votre article
18, un corps juridique. Elle aura une existence réelle, elle
sera une personne civile, et elle sera, par suite, d'autant plus puissante
qu'avant de la lâcher ainsi dans l'État laïque, vous
l'aurez comblé du milliard des menses et des fabriques.
...
Quand demain vous aurez donné à
l'association centrale ce corps juridique, savez-vouz ce qui va se passer
? L'Église pourra plaider contre l'État. Elle pourra ester
en justice contre les particuliers, en sorte que si, demain, nous, militants
de la libre pensée, nous critiquons dans nos journaux ou dans nos
conférences certains dogmes de l'Église ou certains exercices
du culte dans lesquels nous entrevoyons, à notre point de vue, de
véritables escroqueries, nous pourrons être assignés
devant les tribunaux par l'association pourvue de la capacité juridique,
sous prétexte que nous nuisons commercialement et moralement à
son entreprise ; et alors qu'aujourd'hui la libre-pensée peut se
développer librement à l'abri des procès et des aventures
judiciaires, demain, étant donné l'état de la magistrature
que vous connaissez tous, les condamnations pleuvront sur la tête
des libres penseurs complètement désarmés devant l'Église.
(Applaudissements à l'extrême gauche.)
...
L'article 23 de mon contre-projet, qui a soulevé
tant de protestation, protège tout simplement les enfants contre
les excès, les abus du fanatisme religieux dont ils pourraient être
victimes. Je demande que les enfants ne puissent pas aller, ni au catéchisme,
ni à l'instruction religieuse, sans l'assentiment des parents.
...
Quand le travailleur, le père de famille
libre penseur est à l'atelier, dans la journée une dame patronnesse
ou le prêtre lui-même vient trouver la mère de famille,
et on emmène l'enfant à l'instruction religieuse ou au catéchisme
à l'insu du père
Tout ce que je veux, c'est que cette pratique ait
un terme. Je n'attente à la liberté de personne. Un père
de famille catholique donnera facilement son autorisation. ...
Mon article 24 procède du même esprit
: il a pour but d'établir ce qui n'existe pas aujourd'hui, il demande
que l'on considère l'enterrement civil comme la pratique normale
et l'enterrement religieux comme la pratique anormale. (Très
bien ! très bien ! sur divers bancs à l'extrême gauche.-
Exclamations à droite.)
Quel mal trouvez-vous à ce qu'un citoyen
soit obligé d'indiquer par testament les obsèques qu'il désire
?
Il est évident que quand un homme meurt sans
laisser de testament, il doit être enterré civilement. (Exclamations
à droite.) Actuellement on fait le contraire ; mon article n'a
pour but que de renverser les choses.
...
M. Gayraud : C'est le renversement
du bon sens.
...
M. Maurice Allard : ...
Pour qu'une religion fût respectable,
il faudrait qu'elle fût le résultat du chois délibéré
d'un homme mûr, d'un homme ayant pesé le pour et le contre
de la foi et du doute, ayant étudié la religion à
l'âge où on la comprend. Mais vous avez bien soin, vous qui
voulez perpétuer les religions, d'inculquer les principes religieux
au berceau.
...
En attaquant les religions nous faisons donc œuvre
de progrès social ; nous tentons de faire disparaître un des
plus puissants moyens qu'ait encore la bourgeoisie pour tenir le peuple
en esclavage.
...
ET maintenant, messieurs, si mon contre-projet est
repoussé, voterai-je le projet gouvernemental ? Oui, je le voterai
parce qu'il engage un principe dont je suis partisan. Je le voterai cependant
avec anxiété, avec inquiétude parce que personne ne
sait ce qui peut en sortir. Il peut en sortir pour l'Église une
puissance incalculable, beaucoup plus forte que celle dont elle dispose
aujourd'hui ... [mais] si l'Église croît, comme je
le craint, en puissance et en insolence, c'est le peuple lui-même
qui se chargera de faire la véritable séparation ...
M. Édouard Vaillant:
...
Notre première tâche, donc,
c'est de séparer l'Église de l'État, de séparer
l'Église, instrument d'erreur et de domination morale au profit
de la classe possédante, de l'État représentant du
politique de cette classe. Nous déclarons que la conscience universelle
de la classe ouvrière et de la démocratie socialiste conçoit
la nécessité de réclamer la séparation comme
comme un moyen d'affranchissement, et pour lui permettre de mieux lutter
contre l'un et l'autre pouvoirs de la classe dominante : l'État
et l'Église associés contre elle. Je l'ai fait remarquer,
dans nombre de périodes de réaction c'est en réalité,
dans nombre de périodes de réaction c'est en totalité
que ces forces ennemies se sont coalisées contre la classe ouvrière,
le socialisme et la république, contre tout progrès.
Et nous ne savons pas s'il n'en sera pas de même
demain, de même que sous la Restauration, en 1849, en 1851 et 1871.
(Mouvements divers.)
C'est dans ces conditions que la séparation
de l'Église et de l'État est une nécessité
du développement de la démocratie socialiste et de la classe
ouvrière. C'est à ce titre que la séparation de l'Église
et de l'État est une réforme dont la valeur sociale est,
à mon avis, considérable.
Je vais plus loin : il ne faut pas croire que, la
séparation de l'Église et de l'État une fois prononcée,
le fût-elle dans les termes de contre-projet que je vous recommande
- celui de M. Allard - aurait tout fait à ce propos.
Non, ce ne serait qu'un commencement, car la laïcisation
n'est pas achevée, car tant que l'Église n'aura pas entièrement
disparu, tant que la société ne sera pas faite, notre tâche
ne sera pas achevée.
M. le comte de Lanjuinais : Elle ne le sera jamais, alors !
M. Édouard Vaillant : Et, je le sais, ce résultat
ne peut être atteint que par la Révolution qui opérera
avec lémancipation du prolétariat la transformation sociale
de la société. Mais la séparation des Églises
et de l'État nous permet de marcher activement dans cette direction.
Il faut penser en effet que toute notre civilisation,
que toute notre législation est imprégné de l'esprit
religieux, d'une religion qui consacrant les institutions de domination
de classe lui donnait dans les lois, le code, une durée, une survivance
qui les y a maintenu encore quand les causes sociales qui les ont produites
ont disparu. Et ces lois restent comme un instrument de domination économique
politique et religieuse. Il faut rayer de notre législation ces
lois de servitude individuelle et collective.
Par la séparation de l'Église et de
l'État nous enlevons à l'institution de l'État, au
pouvoir de la classe dominante, à la constitution actuelle de la
famille, au droit de propriété leurs garanties religieuses.
Par ce fait, ils deviennent plus vulnérables, et nous pouvons mieux
les attaquer et les vaincre et faire passer dans la législation,
faire entrer dans les faits les transformations des institutions et des
lois qui en seront les conséquences.
...
M. Aristide Briand, rapporteur : Au nom de la commission,
je demande à la Chambre de repousser le contre-projet de mon honorable
collègue et ami M. Allard ...
S'il fallait donner un nom au projet de M.
Allard, je crois qu'on pourrait justement l'appeler un projet de suppression
des Églises par l'Etat. (Très bien ! très bien
! et rires au centre et à droite.)...
M. Allard proclame, il est vrai, qu'il veut assurer
la liberté de conscience ... [mais il] s'arrange par toute
une série de dispositions ingénieuses à rendre impossible
l'exercice de cette liberté de conscience. ...
(Le contre-projet est repoussé par 494 voix contre 68)
M. le président : Nous en arrivons au contre-projet de
M. Archdeacon, dont l'article 1er est ainsi conçu:
" Toutes les lois réglant en France l'exercice
des cultes sont abolies."
La parole est M. Archdeacon.
M. Archdeacon :...
Je me suis demandé : pourquoi commençons-nous
donc par la séparation des Églises et de l'État ?
Pourquoi pas par les retraites ouvrières ? Cette loi sur les retraites
ouvrières me paraissait une réforme bien plus impatiemment
attendue de la démocratie, une réforme d'un caractère
beaucoup plus urgent, et la Chambre elle-même avait cette opinion
puisque, toute affaire cessante, elle s'est voté des retraites à
elle-même. (Très bien ! très bien ! à droite.)
...
...Mes chers collègues, séparer
les Églises de l'État, supprimer le budget des cultes, mais
ce n'est pas une pensée nouvelle, elle est même un peu fermentée
depuis le temps où Gambetta l'inscrivait dans son programme de Belleville
en 1869, avec, d'ailleurs, la suppression des armées permanentes.
...
...
C'est pour cela que j'ai déposé
mon contre-projet ; moins vous ferez d'articles, plus vous vous rapprocherez
du droit commun, plus vous serez près de la vérité,
plus vous serez près de la justice. (Très bien ! très
bien ! à droite.)
je vous demande la permission de vous donner
lecture du texte que j'ai déposé ; il est très court
et je n'abuserai pas des instants de la chambres. (Lisez!)
"Art. 1er : Toutes les lois réglant
en France l'exercice des cultes sont abolies."
"Art. 2 : L'État ignore les religions.
"Art. 3 : Les associations cultuelles sont soumises
au droit commun." (Très bien ! très bien ! à
droite.)
Je suis à peu près certain
que ce texte ne soulèverait pas de protestation du côté
des catholiques : ils accepteraient la spoliation; ils assureraient les
besoins du culte ; ils soutiendraient leurs prêtres âgés
ou infirmes, parce qu'ils pensent comme moi qu'on n'achète jamais
trop cher l'obtention de la liberté.
Quant aux églises que le catholicisme a construit
de ses deniers, que l'État s'en empare, si cela lui plaît,
qu'il installe dans la basilique de Reims ou dans Notre-Dame de Paris,
...,
des palais de retraite pour ses ministres irresponsables (Rires à
droite), ou plutôt, qu'il les mette à l'encan, comme les
châteaux historiques de France, nous les verrons peut-être
habités par la ploutocratie triomphante. (Très bien
! très bien ! à droite.)
Messieurs, le catholicisme n'a pas besoin
des églises. La messe porte en elle son caractère sacré
et la splendeur du lieu n'ajoute rien à sa majesté. ...
M. Jaures a dit : "Le catholicisme, c'est
la vielle chanson qui berce la douleur humaine." Nous savons très
bien, dans nos consciences, que cette chanson ne sera pas remplacée,
ni par les formules de la science, ni par la forme du verbe, si éclatante
qu'elle soit.
...
(contre-projet repoussé par par 427 voix contre 2)
M. le président : Nous arrivons au contre-projet de M.
Réveillaud.
L'article 1er de ce contre-projet est ainsi conçu
:
" La République assure et garantit la liberté
de conscience et de culte".
La parole est à M. Réveillaud
M. Réveillaud : (Il commence la défense de son contre projet, mais devant sa fatigue, la suite de la discussion est reportée au lendemain.)
©Maurice Gelbard
9, chemin du clos d'Artois
91490 Oncy sur École
ISBN 2 - 9505795 -2 - 3