* Adoption d'un projet de loi
portant codification des lois ouvrières ( Livre I - Des
conventions relatives au travail ; Livre II - De la
réglementation du travail ; Livre III - Des
groupements professionnels ; Livre IV - De la juridiction
et de la représentation professionnelles ; Livre V - Des
assurance ouvrières ; du code du travail et de la prévoyance
sociale)
* Communication d'une demande d'interpellation de
M. Jaurès au ministre du commerce, de l'industrie, des postes et
des télégraphes sur les lacunes que le code du travail révèle
dans la législation sociale et sur les conditions dans lesquelles
celle-ci doit être développée et complétée.
(Je rappelle
que le code du travail n'entrera en vigueur qu'en 1910, alors que
l'idée de sa création date de 1901
!)
suite de la discussion du projet et des propositions de
loi
concernant la séparation des Églises et
de l'État.
(14° journée ; réduite
et annotée)
M. le président : ...
La Chambre s'est arrêtée,
dans la 2° séance de jeudi dernier, à la disposition
additionnelle à l'article 2, proposée sous forme d'amendement
par M. Auffray. Elle est ainsi conçue :
Ajouter après le premier
paragraphe de l'article 2 la disposition suivante :
Pourront également
être inscrites aux-dits budgets les dépenses occasionnées
pour assurer la liberté de conscience et l'exercice du culte aux
familles d'indigents inscrites aux bureaux de bienfaisance ou sur les listes
d'assistance médicale gratuite."
M. Auffray
:...
L'amendement de M. Lepelletier
a été rejeté, j'espère que le mien n'aura pas
le même sort, ...
(L'amendement sera repoussé par 323
voix contre 237)
M. le président : Ici se présente
une disposition additionnelle de M. Amédée Reille, qui est
ainsi conçue :
"Ajouter après le deuxième
paragraphe de l'article 2 la disposition suivante :
"Néanmoins la représentation
diplomatique du Gouvernement de la République auprès du Vatican
est maintenue.
M. Le baron Amédée
Reille : ...
De deux chose l'une.
Ou bien votre loi est réellement une réforme mûrie,
le résultat de ce que M. Deschanel appelait "une évolution
dans les esprits", le régime de la séparation et de la liberté
des religions succédant d'abord aux théocraties gouvernementales,
ensuite aux religions d'État ; ou bien, au contraire, votre loi
n'est qu'une simple loi de représailles contre l'attitude du Vatican
... et alors permettez-moi de vous le dire, il est très grave
d'engager le pays dans une aventure de cette espèce, en faisant
une loi de circonstance, qui est naturellement odieuse, comme le sont toutes
celles de cette nature. ( Très bien ! très bien ! à
droite.)
...
... devant l'impossibilité
d'engager le débat en l'absence de M. le ministre des affaires étrangères,
je retire provisoirement mon amendement et j'attendrai sa présence
pour le discuter.( Très bien ! très bien ! à droite
et sur divers bancs.)
M. le président : L'amendement est
retiré.
Nous arrivons au troisième
et dernier paragraphe de l'article 2 du projet de la commission
dont je rappelle les termes :
"Les
établissements publics du culte sont supprimés, sous réserve
des dispositions énoncées à l'article 3."
M.
Louis Ollivier propose de détacher ce dernier paragraphe pour le
reporter au début de l'article 3, en le rédigeant en ces
termes :
"Les établissement
publics du culte sont supprimé sous réserves des dispositions
suivantes ..."
M. Louis Ollivier : je n'insiste pas, monsieur le président.
M. le président : L'amendement est
retiré.
M. de Castelneau propose de
rédiger ainsi le dernier paragraphe de l'article 2 :
"Les établissements
publics des cultes sont supprimés en cette qualité, sous
réserve, pour leurs membres, du droit de continuer le même
service à l'aide des mêmes biens en se constituant, dans le
délai ci-dessous fixé, en association formée conformément
aux articles 5 et suivants de la loi du 1er juillet 1901 et soumise aux
autres prescriptions de cette loi et, en outre, aux dispositions ci-après"
M. Bienvenu
Martin, ministre de l'instruction publique, des beaux-arts et
des cultes : Les questions que soulève cet amendement trouveraient
leur place toute naturelle à l'article 4.
...
M. le président : Retirez-vous
votre amendement, monsieur de Castelneau ?
M. Léonce de Castelneau : Je le retire, monsieur le président, mais je le reprendrai lors de la discussion de l'article 4.
M. le président : L'amendement est
retiré.
Je mets aux voix le 3°
paragraphe de l'article 2 dont je rappelle le texte :
"Les établissements
publics du culte sont supprimés, sous réserve des dispositions
énoncées à l'article 3."
( Il est adopté)
Nous arrivons à un
amendement de M. Augagneur qui tend à ajouter à l'article
2 in fine les dispositions suivantes :
"Est réputé
non écrite et inexécutable toute disposition testamentaire
comportant comme condition, l'ingérence d'un ministre des cultes,
à quel titre que ce soit, dans l'exécution des volontés
du testateur, quand le legs ou la fondation n'a pas pour objet exclusif
l'exercice du culte.
"La nullité de la clause
n'entraînera l'inexécution des dispositions du testateur qu'en
ce qui concerne la clause illicite elle-même, considérée
toujours comme une clause accessoire dans l'ensemble des dispositions du
testateur.
" A dater de la promulgation
de la présente loi, les ministres des cultes appartenant à
des conseils d'administration, de surveillance, de discipline, à
des comités de patronage, de présentation et à toutes
organisations généralement quelconques, non consacrées
à l'exécution de legs ou de fondations exclusivement pieux,
auxquelles ils appartiennent en vertu des dispositions antérieures,
cesseront immédiatement d'en faire partie.
"Dans les institutions susvisées,
dont ils constituent la totalité, les ministres des cultes seront
remplacés par les personnes désignées par l'autorité
en possession du legs ou de la fondation, en vertu de laquelle ces ministres
des cultes remplissaient leurs fonctions.
"En ce qui concerne les fondations
antérieures à la présente loi, dont le bénéfice
était attribué à une circonscription ecclésiastique,
le bénéfice de la fondation continuera à être
appliqué à la région correspondant à la circonscription
ecclésiastique actuellement bénéficiaire.
"Pour les fondations ou dispositions
testamentaires postérieures à la présente loi, la
commune sera substituée à la paroisse et le département
au diocèse."
M. Augagneur
:
Messieurs, jusqu'à présent les divers amendements qui ont
été présentés au projet de loi en discussion
ont tous eu pour but d'en restreindre la portée, d'en diminuer les
conséquences. Les dispositions que je vous propose sont au contraire
destinées à étendre à certains établissements
les résultats de la séparation des Églises et de l'État.
...
Je demande à
la commission de vouloir accepter le principe, ..., de mon amendement.
Comme on m'a fait remarquer qu'il pouvait être plus utilement joint
à l'article 37, dans lequel sont étudiés une foule
de conséquences secondaires de la séparation des Églises
et de l'État. Je le retire, mais avec cette pensée qu'il
sera discuté lorsque viendra la discussion de cet article. (Applaudissements
à l'extrême gauche.)
...
M. Balitran :...
Je voudrais demander à
M. le rapporteur s'il entend ... faire disparaître même
les incompatibilités relatives ou locales, c'est à dire s'il
entend que désormais le curé par exemple pourra être
maire de la commune où il exerce ses fonctions.
...
M. le rapporteur : Il a été
déposé un certain nombre d'amendements relativement aux incompatibilité,
aux immunités ... qui tiennent au caractère officiel
des ministres du culte. Ces amendements seront discutés à
l'article 37 qui vise les abrogations, extensions ou modification des textes
législatifs concernant les ministres de cultes . ... Pour
moi, quant à présent, l'application des premiers articles
du projet entraîne par voie de conséquence, la suppression
de toutes les immunités, incompatibilités et incapacités
qui ne sont pas commandés par le soucis de l'ordre public, par conséquent
plus de ministre du culte, ... ils deviennent des citoyens comme
les autres (Applaudissements au centre et à droite. - Interruptions
à l'extrême gauche.)
...
M. le rapporteur : Je mets aux voix l'ensemble
de l'article 2.... (Il sera adopté par 336 voix contre 225)
...
A la suite de l'article
2 viennent deux articles additionnels, proposés, l'un par MM. Allard,
Vaillant, Dejeante et plusieurs de nos collègues, le second, par
MM. Dejeante, Allard, Bouveri et plusieurs de nos collègues.
Le premier article additionnel
...
est ainsi conçu :
"A partir de la promulgation
de la présente loi, cesseront d'être jours fériés
tous ceux qui n'auront pas pour objet exclusif la célébration
d'événements purement civils ou de dates astronomiques. Les
dimanches restent désignés pour être jour de repos
dans les bureaux et établissements publics. Une loi ultérieure
instituera des fêtes civiques."
M. Maurice Allard
:
...
La Révolution
avait institué un calendrier républicain complet ; je vous
simplement aujourd'hui de substituer aux jours fériés religieux
des jours fériés laïques. Je conserve même les
dimanches comme jours de repos dans les bureaux et administration de l'État,
car le dimanche n'a plus pour personne, en réalité, un caractère
religieux. Le dimanche est déjà laïcisé et le
sera encore mieux le jour où le repos hebdomadaire sera obligatoire
dans l'industrie privée. (Il
faudra attendre un peu plus d'un an avec la loi du 13 juillet 1906)
...
De même que l'Église a emprunté autrefois
au paganisme ses jours fériés, de même je demande que
nous empruntions aujourd'hui à l'Église ses jours de fêtes,
en changeant seulement la signification et le caractère de ces fêtes.
Par exemple; à Noël, on fêtera le solstice d'hiver, à
la Saint-Jean, le solstice d'été ; à Pâques,
au lieu de célébrer la résurrection miraculeuse d'un
mystique nommé Jésus dont l'existence même est hypothétique,
on célébrera la renaissance de la vie organique. ( Rires
sur les bancs du centre.)
...
(Amendement repoussé par 466 voix contre 60.)
M. le président : Le second article additionnel
... est ainsi conçu :
"L'instruction religieuse et les pratiques officielles
d'un culte quelconque sont prohibées dans tous les lycées,
collèges, écoles, casernes, hôpitaux et dans tous les
établissements quelconques appartenant à l'État, aux
départements ou aux communes."
M. Dejeante: Notre amendement
a été déposé dans la séance d'avant-hier,
alors que j'ignorais l'amendement de M. Sibille et la décision prise
par la Chambre ...
...
Je retire mon amendement.
...
M. le président : Nous arrivons à l'article 3.
Article 3
M. le président de la commission : la commission a demandé à M. de Castelnau s'il ne jugerait pas à ce propos de renvoyer à l'article 4 l'exposé très développé de tout le système de dévolution qu'il propose. ... Il est de toute équité que les différents systèmes aient le droit de se présenter, de se discuter comparativement les uns avec les autres. ...
M. Léonce
de Castelneau : Mon droit de discussion
étant ainsi réservé, je ne fais pas d'opposition au
renvoi de mon amendement à l'article 4. ( Très bien !
très bien ! à droite.)
...
M. le président : ici se place
un amendement de M. Gayraud qui porte sur l'article 3. Cet amendement est
analogue à ceux de M. de Castelneau et d'autres de nos collègues
qui ont été rattachés à l'article 4 ...
M. Gayraud : J'accepte le rattachement
M. le président : ...
Il ne reste plus qu'un
amendement présenté par MM. Vigouroux, Chavoix, Codet, Empereur,
d'Iriari d'Etchepare, Muteau et Saumade, tendant à substituer dans
le premier paragraphe de l'article 3, aux mots "jusqu'à la dévolution
de leurs biens", ceux-ci : "jusqu'à l'attribution de leurs biens."
M. le rapporteur : Nous l'acceptons
....
(L'amendement est adopté par 351 voix
contre 204 et la suite de la discussion renvoyée au
lundi suivant)
©Maurice Gelbard
9, chemin du clos d'Artois
91490 Oncy sur École
ISBN 2 - 9505795 -2 - 3