* Adoption
du projet de loi tendant à établir d'office sur la commune
d'Authouillet (Eure) une imposition extraordinaire.
*
Adoption en 1re délibération, du projet de loi relatif à
la construction d'un hôtel des postes et des télégraphes
à Orange (Vaucluse)
*
Adoption de la proposition de résolution de M. L.-L. Klotz
et de plusieurs de ses collègues : " La Chambre invite le Gouvernement
à constituer une commission chargée de chercher les voies
et les moyens d'organiser une exposition internationale de la vie ouvrière
en 1909 à Paris et pour en arrêter le programme."
suite de la discussion du projet et des propositions de
loi
concernant la séparation des Églises et
de l'État.
(15° journée ; réduite
et annotée)
M. le président :...
La chambre s'est arrêtée au
deuxième paragraphe de l'article 3 ainsi conçu :
"Dès la promulgation de la présente loi, il sera procédé
par les agents de l'administration des domaines à l'inventaire descriptif
et estimatif :
1° Des biens mobiliers et immobiliers
desdits établissements ;
2° Des biens de l'État,
des départements et des communes dont les mêmes établissements
ont la jouissance."
M. de Castelneau a déposé
un amendement tendant à la suppression de ce paragraphe.
M. Léonce
de Castelneau :....
L'Église est
séparé de l'État : dès lors quel droit et quelle
raison pouvez-vous avoir de vous occuper,..., des patrimoines des
différents cultes, d'en pénétrer tous les détails,
d'exiger ... de l'association ... la communication de tous
les titres et documents nécessaires à votre opération,
comme s'il s'agissait, en définitive, d'organiser la confiscation
de ces biens ou tout au moins d'instituer sur eux une espèce de
contrôle (Très bien ! très bien ! à droite.)
La
confiscation ? Vous vous indignez tous au seul soupçon qu'on puisse
vous en supposer l'idée ! La tutelle ? Le contrôle ? Vous
ne l'avez plus ; vous êtes entièrement désarmés
à l'avenir vis-à-vis de ce patrimoine.
...
M. Aristide Briand, rapporteur :
L'honorable M. de Castelneau raisonne sur ce point comme s'il s'agissait
de biens constituant une propriété complète, absolue,
aux mains de ceux qui les détiennent. En réalité,
il s'agit ici d'une propriété d'un caractère très
spécial, marqué d'une affectation qui ne disparaîtra
pas avec l'établissement public ; au moment où il règle
l'attribution des biens ecclésiastiques, c'est un devoir pour le
législateur de prendre toutes précautions pour qu'ils ne
soient pas dilapidés.
...
Je demande à
la Chambre de vouloir bien adopter le deuxième paragraphe de l'article
3. (Très bien ! très bien ! à gauche.)
M. le président : (le paragraphe
est adopté par 380 voix contre 129)
MM. Lasies,
de Pins et Flayelle proposent une disposition additionnelle ainsi conçue
:
"En cas de guerre, l'État
accordera aux associations cultuelles légalement constituées
les allocations et autorisations nécessaires pour assurer conjointement
avec elles le service d'aumônerie dans les corps de troupe combattants."
...
(Amendement repoussé par 334 voix contre
242)
Je donne lecture des derniers
paragraphe de l'article 3 :
"Ce double inventaire sera dressé contradictoirement avec les représentants
légaux des établissements ecclésiastiques ou eux dûment
appelés par une notification faite en la forme administrative.
Les agents chargés de l'inventaire
auront le droit de se faire communiquer tous titres et documents utiles
à leurs opérations."
M. J. Thierry
:
J'ai
l'honneur de poser à la commission et à M. le ministre des
cultes une question qui ne me paraît pas avoir encore été
résolue ... Elle concerne les dettes des fabriques qui vont
disparaître pour céder leur place aux associations cultuelles.
...
M. le rapporteur : La question ne se pose
pas à l'article 3 (Réclamations à droite),
mais à l'article 4, qui prévoit que les biens à attribuer
le seront avec toutes les charges et obligations qui les grèvent.
...
M. le président : Je mets aux voix
la proposition de M. Thierry tendant au renvoi à la commission de
l'article 3.
( Proposition repoussée par 323 voix
contre 249)
Je mets aux voix les deux
derniers paragraphes de l'article 3 ...
( Paragraphes adoptés par 341
voix contre 222)
Nous passons à l'article
4 dont je donne lecture :
"Article 4 - Dans
le délai d'un an, à partir de la promulgation de la présente
loi, les biens mobiliers et immobiliers des menses, fabriques, conseils
presbytéraux, consistoires et autres établissements publics
du culte seront, avec toutes les charges et obligations qui les grèvent
et avec leur affectation spéciale, attribués par les représentants
légaux de ces établissements aux associations qui se seront
légalement formées pour l'exercice du culte dans les anciennes
circonscriptions desdits établissements.
Toutefois, ceux des biens désignés
à l'article précédent qui proviennent de l'État
et qui ne sont pas grevés d'une fondation pieuse feront retour à
l'État.
A défaut d'une association apte
à recueillir les biens d'un établissement ecclésiastique,
ceux de ces biens qui ne sont pas grevés d'une fondation pieuse,
pourront être réclamés par la commune où l'établissement
à son siège, à charge pour elle de les affecter à
des œuvres d'assistance ou de prévoyance.
Les attributions de biens ne pourront
être faites par les établissements ecclésiastiques
qu'un mois après la promulgation du règlement d'administration
publique prévu à l'article 36 . Faute de quoi la nullité
pourra en être demandée devant le tribunal civil par toute
partie intéressée ou par le ministère public.
En cas d'aliénation
par l'association cultuelle de biens mobiliers ou immobiliers faisant partie
du patrimoine de l'établissement public dissous, le montant du produit
de la vente devra être employé en titres de rente nominatifs.
(nouvelle rédaction au 12 avril)"
Il y a sur
cet article un amendement de MM. Allard, Vaillant, Dejeante, Bouvert, Chauvière,
Paul Constans (Allier), Jules Coutant (Seine), Delory, Dufour, Piger, Sembat,
Thivrier, Walter, tendant à remplacer le texte de la commission
par la disposition suivante :
"Le biens mobiliers et immobiliers
détenus et occupés actuellement par les menses, fabriques,
consistoires, conseils presbytéraux et autres établissements
publics des cultes ou possédés par personnes interposées
appartiennent à la nation qui en prendra possession immédiate.
Ces biens seront vendus et
liquidés dans le plus bref délai et le produit en sera attribué
à la caisse des retraites ouvrières et paysannes."
M. Maurice Allard
:
La
question soulevée par l'article 4 est évidemment une des
plus graves que nous allons avoir à traiter au cours de ce débat.
Elle est tellement importante que la discussion a commencé même
avant que cet article ait été lu à la Chambre ; elle
a commencé à propos de l'article 3. Que sera-ce, quand nous
aurons abordé la discussion de cet article 4 lui-même ? Combien
de jours faudrat-il discuter pour en finir ?
La solution que j'apporte
a cet avantage qu'elle permettrait précisément de résoudre
rapidement et immédiatement toutes les difficultés. (Rires
ironiques à droite.)
...
... vous
supprimez toutes les questions qui se greffent sur l'article 4, vous faites
tomber du même coup les articles 5, 6, 7 et 8, et vous solutionnez
le problème dans le sens républicain. (Applaudissements
et rires ironiques à droite.) Aussi je vous demande instamment
de voter mon amendement.
(Amendement repoussé par 520 voix contre
51)
M. le rapporteur : Nous arrivons à
l'amendement de M. Augagneur, qui tend à rédiger comme suit
l'article 4 :
" Les biens mobiliers et immobiliers
appartenant aux menses, fabriques, conseils presbytéraux, consistoires
et autres établissements ecclésiastiques, seront mis sous
séquestre, dès la promulgation de la présente loi,
dans les formes prescrites par un règlement d'administration publique.
"Sur le revenu de ces biens,
sera prélevée par privilège la pension annuelle à
payer aux bénéficiaires désignés dans l'article
8, paragraphe 1er, si, au moment de la promulgation de la loi, il existe
un ou plusieurs bénéficiaires exerçant leurs fonctions
dans la circonscription de la mense, de la fabrique, du conseil presbytéral,
du consistoire, etc. .
" Si les revenus de l'établissement
sont supérieurs à cette charge, le surplus en sera attribué
comme il est dit plus bas.
"dans le délais d'un
an, à partir de la promulgation de la présente loi, pour
les établissements libres de toute charge relatives aux pensions
fixées par l'article 8, paragraphe 1er, et, pour les autres charges,
dès disparition de cette charge par extinction des pensions, les
biens, etc.;" - Le reste comme à l'article dont j'ai donné
lecture tout à l'heure.
M. Auganeur
: ...
La question de la séparation
des Églises et de l'État, tant qu'elle a paru subordonnée
à la question du budget des cultes - et c'était souvent ce
qui avait lieu avant qu'une étude approfondie en ait été
faite - était d'une simplicité excessive. Il suffisait, semblait-il,
de supprimer le budget des cultes pour que la séparation fût
chose réalisée. Mais pour ceux qui avaient examiné
la question de plus près, et au fur et à mesure que leur
étude s'approfondissait davantage, il était devenu évident
que celle-ci se présentait avec une complexité beaucoup plus
grande, et que les biens de l'Église et de l'État n'étaient
pas simplement constitués par le budget des cultes, mais par une
foule d'autres circonstances dont nous voyons à chaque instant des
exemples.
...
Il s'agit de savoir quel sera
le régime de ces biens, une fois la séparation effectuées.
(Amendement repoussé par 498 voix contre
90)
©Maurice Gelbard
9, chemin du clos d'Artois
91490 Oncy sur École
ISBN 2 - 9505795 -2 - 3