* Dépôt d'un rapport de M. Chaumet, fait au nom de la commission du budget sur le projet de loi portant ouverture au ministre de l'intérieur, sur l'exercice 1905, d'un crédit extraordinaire de 50 000 fr. destiné à subventionner le premier congrès international d'hygiène alimentaire et de l'alimentation rationnelle de l'homme, qui doit se réunir à Paris en 1905.
M. le président : ... La Chambre a commencé la
discussion de l'article 9 ; elle
est arrivée à l'amendement de M. François Fournier,
qui consiste à rédiger cet article ainsi qu'il suit :
"Les ministres des cultes actuellement en exercice
dans les communes ou paroisses ayant jusqu'à 1 500 habitants, qui
compteront au moins vingt-cinq années de fonctions rémunérées
par l'État, les départements ou les communes, dont vingt
années au moins au service de l'État, recevront une pension
annuelle égale à la moitié de leur traitement ; cette
pension ne pourra pas être inférieure à 400 fr., ni
supérieure à 1 200 fr.
"Les ministres des cultes, en exercice dans les
communes ou paroisses ayant jusqu'à 1 500 habitants ...(le reste
comme au texte de la commission.)
M. François Fournier :
... Il paraîtrait en effet extraordinaire qu'au moment où
elle procède à la séparation des Églises et
de l'État, la Chambre maintienne une grosse partie du des cultes.
Le pays républicain a toujours pensé que la séparation
des Églises et de l'État devait entraîner la suppression
totale et immédiate du budget des cultes.
...
Il y a plus. Au moment même où nous
faisons la séparation des Églises et de l'État, nous
créons un privilège nouveau pour les ecclésiastiques.
On n'a jamais, au cours du siècle dernier, accordé de pensions
aux ecclésiastiques; ...
...
(Amendement repoussé par 376 voix contre 9 ; Puis M. Grosjean
retire le sien qui n'a plus d'objet.)
M. le président : M. Sibille a déposé un
amendement tendant à introduire dans la rédaction du premier
paragraphe de l'article les mots : "salariés par l'État"
avant les mots : "âgés de plus de soixante ans" et à
supprimer les mots : "rémunérés par l'État"
après les mots : "rempli des fonctions ecclésiastiques".
Cette dernière suppression a été
également proposée par M. Flayelle.
...
(Amendement repoussé par 317 voix contre 253)
Nous passons à
l'amendement de M. Flayelle qui consiste à supprimer dans les deux
premiers paragraphes les mots "rémunérés par l'État".
...
(Amendement repoussé par 320 voix contre 241.)
Sur le même paragraphe, il y a un amendement
de M. Gayraud qui tend à substituer aux mots : "âgés
de plus de soixante ans révolus " les mots : "et de plus de soixante
ans" au paragraphe 2.
M. Gayraud : La commission nous a donné satisfaction en supprimant les mots "et de moins de soixante ans" au paragraphe 2.
M. le président : M. Henry Boucher avait déposé
un amendement ... M. Boucher a, je crois satisfaction. ... L'amendement
est retiré.
Je mets aux voix le paragraphe 1er de l'article
9 qui est ainsi conçu :
"Les ministres des cultes
qui, lors de la promulgation de la présente loi, seront âgés
de plus de soixante ans révolus et qui auront, pendant trente ans
au moins, rempli des fonctions ecclésiastiques rémunérées
par l'État, recevront une pension annuelle et viagère égale
aux trois quarts de leur traitement."
(Le
paragraphe 1er, mis aux voix est dopté)
M. Gayraud propose d'ajouter,
après les mots : "aux trois quarts de leur traitement", ceux-ci
: "à partir du jour où ils n'auront plus droit à l'indemnité
supérieure à ladite pension."
(Amendement repoussé par 331 voix contre
230.)
Le deuxième
paragraphe de l'article 9 commençait ainsi :
"Ceux qui seront âgés
de plus de quarante-cinq et de moins de soixante ..." . La commission supprime
les mots : "et de moins de soixante " ce qui donne satisfaction à
l'amendement de M. Boucher. Le paragraphe est donc ainsi conçu :
"Ceux
qui seront âgés de plus de quarante-cinq ans et qui auront,
pendant vingt ans au moins, rempli des fonction ecclésiastiques
rémunérées par l'État recevront une pension
annuelle et viagère égale à la moitié de leur
traitement."
Sur ce paragraphe, M. Flayelle
avait déposé un amendement ayant le même objet que
celui qu'il avait déposé sur le premier paragraphe et qui
a été repoussé par la Chambre.
Je mets aux voix le texte
du deuxième paragraphe dont j'ai donné lecture.
(Le deuxième paragraphe,
mis aux voix, est adopté.)
Nous arrivons maintenant à
des dispositions additionnelles.
La première, signée
de M. Joseph Brisson, est ainsi conçue :
"En ce qui concerne les ministres
du culte qui resteraient au service de l'État, des départements
et des communes après promulgation de la loi, sans avoir un droit
éventuel à une retraite, la pension sera différée
jusqu'au jour où ils n'occuperont plus leurs fonctions."
...
M. Joseph Brisson
:
... cela est bien entendu. le jour où
ils ne seront plus rémunéré, ils toucheront cette
pension. Je prends acte de votre déclaration. Je tenais simplement
à ce que ce point fût précisé. Ayant obtenu
satisfaction, je retire mon amendement.
M. le président : Nous arrivons
à un amendement de M. Gayraud, consistant à ajouter le paragraphe
suivant :
"Toutefois les pensions viagères
des des cardinaux, archevêques, évêques, vicaires généraux
et présidents de consistoires seront égales à leur
traitements actuels. (Exclamations à gauche)
M. Gayraud : J'avais déposé mon amendement à titre d'indication. Il me paraissait si simple que je croyais que la commission me donnerait satisfaction. Mais puisque la commission et la majorité de la Chambre ne paraissent pas comprendre le motif qui m'a poussé à déposer mon amendement, pour une raison de dignité je le retire. (Très bien ! très bien ! à droite et au centre)
M. Le président : ... Nous
passons au troisième paragraphe de l'article 9, qui est ainsi conçu
:
"Les
pensions allouées par les deux paragraphes précédents
ne pourront pas dépasser 1.500 francs"
Personne ne demande la parole
? ...
je mets ce paragraphe aux
voix.
(Le troisième paragraphe,
mis aux voix, est adopté.)
Nous arrivons à deux
dispositions additionnelles à ce troisième paragraphe.
Le 1er, de M. Albert Tournier,
est ainsi conçu :
"En outre, pendant la période
de quatre années qui suivra la suppression du budget des cultes,
des allocations équivalentes pourront être accordées,
sous forme de secours, aux ministres des cultes non actuellement en fonction
qui, dans les trois mois de la promulgation de la présente loi,
se seront pourvus auprès de la direction des cultes pour faire valoir
les raisons légitimes qui les ont écartés de leur
ministère."
M. Albert Tournier : ... La commission et le Gouvernement admettent d'ailleurs le principe de secours à accorder. J'obtiens donc entière satisfaction, et pour ne pas retarder le vote urgent de la loi, je m'empresse de retirer mon amendement. (Très bien ! très bien !)
M. le président : Un autre amendement
est ainsi conçu :
"Toutefois, les ministres
des cultes qui continueront à remplir leurs fonctions recevront
une allocation annuelles égale à la totalité de leur
traitement, pendant quatre années dans les communes de moins de
5 000 habitants, et pendant sept années dans les communes de moins
de de 2 000 habitants."
Cet amendement est signé
de MM. J. Thierry, Ribot, Renault-Morlière, Paul Beauregard (Seine),
Henry Boucher, Camille Krantz, Aynard, Motte, Jules Roche, Raiberti, Drake,
Prache, Berger, Déribéré-Desgardes, Dulau, Lebrun,
Lefas, Guillain, Julien Goujon, Marot, Ballande, Bonnevay, François
Carnot, Duclaux-Montell, Fleury-Ravarin et Motjou.
M. Ribot : Me texte nouveau de la commission donne dans une certaine mesure satisfaction à la pensée de notre amendement ; dans ces conditions, nous le retirons. (Très bien ! très bien !)
M. le président : Je donne lecture
du quatrième paragraphe de l'article 9:
"En
cas de décès des titulaires, ces pensions seront réversibles,
jusqu'à concurrence de la moitié de leur montant, au profit
de la veuve et des orphelins mineurs laissés par le défunt
et, jusqu'à concurrence du quart, au profit de la veuve sans enfants
mineurs. A la majorité des orphelins, leur pension s'éteindra
de plein droit."
Personne de demande la parole
sur ce paragraphe ? ...
Je le mets aux voix. (Le quatrième
paragraphe, mis aux voix est adopté)
M. Cachet a déposé
un paragraphe additionnel ainsi conçu :
"Sui le titulaire de la pension
est célibataire, elle sera réversible, jusqu'à concurrence
de la moitié, au profit des ascendants - père ou mère
- qui habitent avec lui au moment de l'attribution de ladite pension et
qui étaient à sa charge." (Mouvements divers.)
Cet amendement est soumis
à la prise en considération.
...
M. le ministre des cultes : En matière
de pension, on n'a jamais admis la réversibilité sur les
ascendants.
...
(La prise en considération est repoussée
par 320 voix contre 240)
Je donne lecture du 5°
paragraphe de l'article 9 :
"Les ministres des cultes actuellement salariés par l'État,
qui ne seront pas dans les conditions ci-dessus, recevront, pendant quatre
ans à partir de la suppression du budget des cultes, une allocation
égale à la totalité de leur traitement pour la première
année, aux deux tiers pour la deuxième à la moitié
pour la troisième, au tiers pour la quatrième."
M.
Gayraud propose de supprimer la fin de ce paragraphe et d'en arrêter
le texte aux mots "égale à la totalité de leur traitement".
M. Gayraud : je n'insiste pas.
M. le président : Personne ne demande
la parole sur le cinquième paragraphe ?...
Je le mets aux voix.
(Le cinquième paragraphe,
mis aux voix, est adopté.)
Le sixième paragraphe
est ainsi conçu :
"Toutefois,
dans les communes de moins de 1.000 habitants et pour les ministres des
cultes qui continueront à y remplir leurs fonctions, la durée
de chacune des quatre périodes ci-dessus indiquée sera doublée."
Il
y a sur ce paragraphe un certain nombre d'amendements.
Le 1er, présenter par
M. Gaffier, tend à substituer dans ce paragraphe le mot "paroisses"
au mot "communes"
(Amendement repoussé par 311 voix contre
239)
M. Ballande propose
de remplacer, dans le sixième paragraphe de l'article 9, les mots
: " qui continueront à y remplir leurs fonctions", par ceux-ci :
"qui y rempliront leurs fonctions".
(Amendement repoussé par 294 voix contre
274)
Je mets aux voix le
sixième paragraphe de l'article 9.
(Le paragraphe, mis aux voix,
est adopté)
Je donne lecture du paragraphe
7 :
"Les départements et les communes pourront, sous les mêmes
conditions que l'État, accorder aux ministres des cultes actuellement
salariés par eux, des pensions ou des allocations établies
sur la même base et pour une égale durée."
Personne
ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le paragraphe
7
(Le paragraphe, mis aux voix,
est adopté)
Le paragraphe 8 est ainsi
conçu :
"Réserve est faite des droits acquis en matière de pensions
par application de la législation antérieure, ainsi que des
secours accordés, soit aux anciens ministres des différents
cultes, soit à leur famille."
...
(Le paragraphe 8, mis
aux voix est adopté)
Le paragraphe 9 est ainsi
conçu :
"
Les pensions prévues aux deux premiers paragraphes du présent
article ne pourront se cumuler avec toute autre pension ou tout autre traitement
alloué, à titre quelconque par l'État les départements
ou les communes."
Il
n'y a pas d'opposition ?...
Le paragraphe 9 est adopté.
Je donne lecture du paragraphe
10 :
"La loi du 27 juin 1885, relative au personnel des facultés de théologie
catholique supprimées est applicable aux professeurs, chargés
de cours, maîtres de conférences et étudiants des facultés
de théologie protestante."
Il
n'y a pas d'opposition ?...
Le paragraphe 10 est adopté.
Je donne lecture du paragraphe
11 :
"Les
pensions et allocation prévues ci-dessus seront incessibles et insaisissables
dans les mêmes conditions que les pensions civiles. Elles cesseront
de plein droit en cas de condamnation à une peine afflictive ou
infamante ou en cas de condamnation pour l'un des délits prévus
aux articles 31 et 32 de la présente loi."
M. Joseph Caillaux
:
Je
désire présenter une observation sur laquelle je suis d'ailleurs
d'accord avec la commission et le Gouvernement.
Un cas de suspension
a été émis : la loi de du 9 juin 1853 prévoit
non seulement que la condamnation à une peine afflictive et infamante
amènera la suppression d'une pension, mais encore que les circonstances
qui font perdre la qualité de Français en motivant la suspension.
Je ne vois pas, et je n'imagine pas qu'on verra d'opposition à ce
que ces mêmes circonstances commandent la suppression , au moins
momentanée, de la pension ecclésiastique et je propose d'ajouter
à l'article 9 le texte même de l'article 29 de la loi de 1853
ainsi conçue :
"Le droit à l'obtention
ou à la jouissance d'une pension ou allocation sera suspendu par
les circonstances qui font perdre la qualité de Français
durant la privation de cette qualité."
Ainsi, nous serons en complète
harmonie avec le droit général en matière de pensions.
(La commission et le Gouvernement acceptent
cette addition.)
...
M. le président : Je mets aux voix
la proposition de M. Cesbron, tendant à ajourner le vote sur le
onzième paragraphe de l'article 9.
(Proposition repoussée par 318 voix
contre 259)
Il n'y a plus d'opposition
à l'adoption du onzième paragraphe ? (Non !non!)
Le onzième paragraphe
est adopté
...
Nous arrivons maintenant à
un douzième paragraphe qui est une disposition additionnelle proposée
par M. Caillaux et qui est ainsi conçu :
"Le
droit à l'obtention ou a la jouissance d'une pension ou allocation
sera suspendu par les circonstances qui font perdre la qualité de
Français durant la privation de cette qualité."
Personne ne demande la parole
?
Je mets aux voix ce paragraphe.
(Le paragraphe, mis aux voix,
est adopté)
Nous passons à une
disposition additionnelle de M. Augagneur ainsi conçue : "Les dispositions
du présent article ne sont applicables que dans les paroisses dont
les fabriques n'auront pas pendant les cinq années précédent
le vote de la présente loi, joui d'un revenu moyen égal au
traitement payé par l'État aux ministres des cultes".
....
M. le rapporteur : L'amendement actuel
de M. Augagneur met la Chambre en demeure de dire si elle est disposée
à reprendre d'une main ce qu'elle a offert de l'autre. (Très
bien ! très bien ! au centre et à droite.) Si la Chambre
suivait M. Augagneur, il en résulterait dans le pays une impression
des plus fâcheuses. Ce serait, d'abord, un vote contradictoire avec
ceux qu'elle a émis déjà.
...
©Maurice Gelbard
9, chemin du clos d'Artois
91490 Oncy sur École
ISBN 2 - 9505795 -2 - 3