3 avril 1905
* Dépôt par M. Rioteau
et plusieurs de ses collègues, de deux propositions de loi:
La 1°, tendant à assimiler
au cabotage les opérations de remorquage dans les ports français
et entre ports français.
La 2°, tendant à comprendre
les droits de remorquage dans l'énumération des dettes privilégiées
figurant à l'article 191 du code du commerce.
suite de la discussion du projet et des propositions
de loi
concernant la séparation des Églises
et de l'État.
(6° journée ; réduite
et annotée)
M. de Gailhard-Bancel :( fait une analyse critique du rapport de M. Briand, mais, de mon point de vue n'apporte rien.)
M.
Ribot : ....
J'ai dit ... que la transition
pourrait être plus ou moins longue, mais qu'elle était indispensable
; qu'il fallait amener doucement, pacifiquement, ce clergé catholique
que nous avons voulu jusqu'ici tenir sous la tutelle de l'État et
que nous allons affranchir, ..., l'amener doucement à la
pratique d'un régime tout différent, d'un régime de
liberté et d'émancipation, ..., une pareille transition
ne peut se faire avec sécurité qu'au moyen d'une entente
avec le chef même de l'Église catholique, avec le Saint-Siège.
(Très
bien ! très bien ! au centre et à droite.)
On peut très
bien concevoir un régime de transition pendant lequel on laisserait
à l'Église catholique plus de liberté dans le choix
de ses évêques et où l'Église s'organiserait
pacifiquement, en vue de la suppression graduelle du budget des cultes.
Voilà le fond de mes idées ; j'y ai réfléchi
depuis longtemps.
Si vous voulez
faire la séparation dans ces conditions, je suis avec vous ; je
vous y aiderai de toutes mes forces. J'y verrai pour l'Église catholique
plus de dignité et plus d'indépendance, je n'y verrai pas,
pour l'État français, une diminution de sécurité
ni une menace pour la paix religieuse. (Applaudissement au centre et
à droite.)
...
Je me rappelle
ce que disait à cette tribune, à
l'occasion du budget des cultes, M. Waldeck-Rousseau
"Réfléchissez bien,
disait-il ; s'il m'est permis d'adresser un conseil pour l'avenir, si vous
faites un jour la séparation, dites-vous bien qu'on n'a pas le droit
d'engager une pareille affaire sans être sûre de de réussir,
parce qu'un recul, si léger qu'il soit, vous ne pourriez pas en
mesurer les limites ; ce serait un recul de toute la politique républicaine
qui a été pratiquée depuis trente ans."
...
Il a laissé,
comme un testament que les confidents de sa pensée ont publié,
le discours qu'il se proposait de prononcer au Sénat contre la séparation
de l'Église et de l'État.
Non, il ne faut
pas se jeter, il ne faut pas jeter le pays dans une pareille aventure sans
avoir mesuré exactement les chances que l'on peut avoir de réussir.
....
L'Église,
qui a repris son indépendance au point de vue de la doctrine, qui
la reprend jour par jour au point de vue de sa discipline intérieure
sans que l'État puisse ne souffrir, l'Église subit encore
une restriction considérable de son pouvoir de direction par le
droit de nomination de ses chefs spirituels, les évêques,
laissés entre les mains de l'État. L'État a repris
toute son indépendance, mais vous devez reconnaître que l'Église
n'a pas repris la sienne complètement et que, par ce point, elle
n'est pas séparée de l'État.
Les hommes d'État
de la troisième République n'ont pas été pressés
de supprimer le Concordat, précisément parce que l'État
ayant conquis son indépendance ils ont voulu garder dans les périodes
critiques que nous avons traversées un certain contrôle sur
l'Église par le choix des évêques.
Vous dites que
cela n'est rien, que ce n'est qu'une occasion d'humiliation pour l'État.
Mais tout dépend de la qualité d'esprit et de l'habileté
des hommes qui ont pu se succéder au Gouvernement. ... Et
un mauvais ouvrier trouvera toujours que l'instrument que les siècles
ont mis dans sa main est un outil usé qu'il faut jeter loin de soi.
(Applaudissements
et rires au centre et à droite.)
...
M. le président : ...
La suite de la discussion est renvoyée
à demain.
©Maurice Gelbard
9, chemin du clos d'Artois
91490 Oncy sur École
ISBN 2 - 9505795 -3 - 1
Dépôt légal 2ème
trimestre 2003