* Communication d’une demande d’interpellation
de M. Louis Martin sur les réformes judiciaires et sur la nécessité
d’éviter tout arbitraire dans la nomination et l’avancement des
magistrats.
* Dépôt, par M. Louis Mill, d’un rapport
fait au nom de la commission de l’enseignement sur le projet de résolution
de M. Engerand, relatif à la date des grandes vacances scolaires.
suite de la discussion du projet et des diverses propositions
de loi
concernant la séparation des Églises et
de l'État.
(42° journée ; réduite
et annotée)
M. le président : ... la chambre a pris en considération
sur l’article 25 un amendement de M. Noulens, repris par M. Ribot. La commission
est-elle prête à faire son rapport sur cet amendement ?
.....
M. le rapporteur : ... la commission avait proposé un
texte qui devait avoir pour effet de substituer, dans l‘intérêt
de la paix publique, la responsabilité générale de
la loi aux initiatives particulières des maires et des conseils
municipaux.
La Chambre n’a pas adopté cette proposition.
Elle a pris en considération l’amendement de MM. Noulens et Ribot
qui tend à respecter, au point de vue des manifestations extérieures
du culte, la législation actuelle. La commission en a délibéré
et elle a décidé de se rallier à cet amendement.
(Très bien ! très bien ! au centre et sur divers bancs à
gauche.)
(L’amendement mis aux voix est adopté)
M. le président : En conséquence, ce texte formera
le 1er paragraphe de l’article 25 de la commission.
Après ce paragraphe, M. François
Fournier avait proposé une disposition additionnelle (Qui n’est
pas maintenu)
...
M. Eugène Réveillaud:
Je propose un paragraphe additionnel ainsi conçu :
« Toutefois les dispositions de l’article
45 de la loi de germinal an X sont maintenues. »
Je rappelle que cet article 45 stipule l’interdiction
des cérémonies religieuses extérieures, telles que
les processions hors des édifices consacrés au culte catholique
dans les villes et localités où il existe des temples destinés
à différents cultes.
(Le paragraphe additionnel, mis aux voix, n’est pas pris en considération.)
M. le président : je donne lecture du second paragraphe
de l’article 25 ;
« Les cérémonies funèbres
sont réglées dans toutes les communes par arrêté
municipal dans les conditions de la loi du 15 novembre 1887. »
...
M. le rapporteur : Par suite de l’adoption de l’amendement de
MM. Noulens et Ribot, cette disposition doit disparaître, car elle
n’offre plus aucun intérêt.
M. le président : ... Nous arrivons au troisième
et dernier paragraphe. Il est ainsi conçu :
« Les sonneries des cloches seront réglées
par arrêté municipal. »
Sur ce paragraphe, un certain nombre d’amendements
ont été proposés.
Le premier, signé de M. Ollivier, est
ainsi conçu :
« Les sonneries des cloches pourront
faire l’objet de règlements municipaux ; mais, en ce cas, les usages
suivis continueront d’être observés, pourvu que l’arrêté
de police ait été déféré au conseil
d’État dans le délai d’un mois et jusqu’il en ait été
statué sur les nécessités invoquées. »
(Amendement repoussé par 344 voix contre 131)
Nous arrivons à l’amendement de M. Albert-Le-Roy,
qui tend à modifier ainsi le dernier paragraphe de l’article 25.
« Les sonneries de cloches continueront
à être réglées en conformité des articles
100 et 101 de la loi municipale du 5 avril 1884 .»
......
M. le ministre des cultes : Je n’ai que quelques mots à
dire pour monter à la Chambre qu’il est impossible d’accepter l’amendement
de M. Albert-le-Roy.
Notre honorable collègue demande que
la sonnerie des cloches soit réglées conformément
aux articles 100 et 101 de la loi du 5 avril 1884.
Or, je ne crois pas que l’on puisse faire
cadre les dispositions de ces articles avec le régime de séparation.
En effet, l’article 100 ... prévoit
qu’il interviendra pour l’usage des cloches un règlement concerté
entre l’évêque et le préfet.
L’évêque est aujourd’hui une autorité
qui, pour certaines matières, est considérée comme
jouissant d’attributions indépendantes de celles du préfet.
Si le préfet et l’évêque
ne sont pas d’accord, on s’adresse à leur supérieur commun,
c’est à dire le ministre des cultes.
Mais le jour où cette organisation
disparaîtra, l’évêque et le préfet ne seront
plus deux autorités mises sur la même ligne ; l’évêque
n’aura plus un chef en la personne du ministre des cultes, de telle sorte
que les dispositions de l’article 100 seront forcément inapplicables
le lendemain de la séparation ...
...
(L’amendement de M. Albert-Le-Roy est pris en considération
par 283 voix contre 276 et la commission obtient une suspension de séance
pour délibérer)
M. le rapporteur : La commission, ... a arrêté a
l’unanimité de ses membres, d’accord avec l’auteur de l’amendement,
et aussi avec le Gouvernement, un texte nouveau .... qui est ainsi rédigé
:
« Les sonneries de cloches seront réglées
par arrêté municipal et, en cas de désaccord entre
le maire et le président ou le directeur de l’association cultuelle,
par arrêté préfectoral.
« Le règlement d’administration
publique prévu par l’article 36 de la présente loi déterminera
les conditions et les cas dans lesquels les sonneries civiles pourront
avoir lieu. »
...
M. le président : .... M. Lemire retire son amendement.
M. Augagneur a déposé un amendement
ainsi conçu :
Remplacer le dernier paragraphe de l’article
25 par les dispositions suivantes :
« Les sonneries de cloches seront réglées
par arrêté municipal dans les agglomérations de moins
de 5 000 habitants.
L’usage des cloches est absolument interdit
dans les agglomérations de plus de 5 000 habitants. »
M. Victor Augagneur :
Je retire mon amendement. Je ne me fais aucune illusion sur le sort qui
lui serait réservé. Je n’ai d’ailleurs été
mû par aucune intention d’empêcher les amateurs de cloches
d’entendre les cloches. Mais, contrairement à M. Allard qui semblait
craindre que la propriété des cloches nous soit en levée
et que nous ne puissions plus en jouir, j’éprouve la crainte que
nous ne jouissions encore trop de cette propriété que nous
avons abandonnée.( Il y eu,
à cette séance, un débat sur la propriété
des cloches des églises). Dans certaine grandes
villes, on est assailli de protestations des habitants contre l’abus de
sonneries; ... je n’ai pas l’intention de supprimer les sonneries dans
les petites agglomérations ; je reconnais leur utilité et,
pour les âmes tout imbues de poésie conventionnelles (Réclamations
au centre), il peut être agréable d’entendre le soir le
son argentin des cloches campagnardes.
Par contre, les sonneries de cloches n’ont
aucune poésie dans les grandes villes. Lorsqu’on habite à
deux pas d’un clocher, au cinquième étage d’une maison, sur
une rue étroite et qu’on reçoit pendant des minutes et des
minutes le glas cadencé d’une grosse cloche, on est en droit de
trouver la situation intolérable ...
M. de Grandmaison : Et les trompes des tramways de Lyon ?
M. le général Jacquey : Et les sirènes des
usines ?
.....
M. Victor Augagneur : ... Messieurs, ..., mon amendement n’était
inspiré par aucune raison d’ordre religieux ni par aucun souci de
libre pensée. J’étais guidé uniquement par le désir
de soustraire les habitants des grandes villes à de véritables
...
M. Maurice Allard : Tortures ! Exclamations au centre et à droite)
M. Victor Augagneur : Parfaitement, tortures.
M. le comte de Lanjuinais : Alors supprimez les orgues de Barbarie.
....
M. Albert-Le-Roy : Je
donne mon assentiment complet au texte de la commission qui traduit exactement
ma pensée, mais en stipulant bien que, d’une part, les cloches sont
la propriété des communes, étant immeubles par destination
... d’autre part, qu’il devra y avoir deux clefs de clocher, l’une remise
au maire représentant de la commune propriétaire, l’autre
à l’association qui est locataire. Je ne veux pas les communes soient
dépossédées au profit des associations cultuelles.(Très
bien ! très bien ! à gauche.)
...
M. le président : Je mets aux voix le nouveau texte proposé
par la commission, à la suite de la prise en considération
de l’amendement de M. Albert-Le-Roy.....
(Ce texte, formant le deuxième et dernier paragraphe de l’article
25, mis aux voix, est adopté.)
Je mets aux voix l’ensemble de l’article 25.
(L’ensemble de l’article 25, mis aux voix, est adopté.)
Je donne lecture de l’article 26.
« Art. 26.- Il est interdit, à
l'avenir, d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux
sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit,
à l'exception des édifices servant au culte, des terrains
de sépulture privées ainsi que des musées ou expositions.
»
Il y a sur cet article deux amendements, l’un
de M. Berry, l’autre de M. Aynard, qui tendent à supprimer cet article.
(Amendement repoussé par 309 voix contre 265)
Il y a sur l’article 26 plusieurs amendements
Le premier .... qui est de M. l’Estourbeillon,
consiste à ajouter, après les mots « emplacement public
», ceux-ci : « et dépendant du domaine public.
»
M. de l’Estourbeillon : ... Un particulier pourra-t-il être inquiété s’il dresse une croix, une statue ou un emblème, sur un terrain privé quelconque au bord d’une route ou d’un chemin exposé aux regards du public ?
M. le rapporteur : Mais non, je l’ai déjà dit.
M. de l’Estourbeillon : Dans ces conditions, et après
les explications formelles de M. le rapporteur, d’après lesquelles
toutes initiatives privées demeurent complètement libres
dans et sur tout domaine privé, je retire mon amendement.
(Il y a eu en 1999 dans
le département de l’Essonne un homme qui a érigé
une immense croix sur son terrain et ceux qui en était mécontant
n'ont rien pu faire contre.)
©Maurice Gelbard
9, chemin du clos d'Artois
91490 Oncy sur École
ISBN 2 - 9505795 -2 - 3