suite de la discussion du projet et des propositions de
loi
concernant la séparation des Églises et
de l'État.
(3° journée ; réduite
et annotée)
M. Charles Benoist
: .....
La seule séparation
que vous deviez ...., que vous entendiez faire, c'est une séparation
libérale, disons même, une séparation extrêmement
libérale. De même,..., qu'il y a peu de façons de régler
les rapports de l'État et des Églises, de même il n'y
a que peu de mode de séparation - si peu qu'il n'y en a que deux
: la séparation dans la liberté ou la séparation sans
la liberté.
Vous poursuivez, ..., la séparation
dans la liberté. Mais vous n'ignorez pas,..., qu'il y a en France
quelques personnes qui ont des doutes sur votre libéralisme. Je
n'en suis pas. Ce sont des têtes mal faites. (on rit) Ce sont
des têtes mal faites et qui ont le tort de juger sur les apparences.
Peut-être, ..., avez-vous eu ... le tort de mettre, dans les trois
dernières années, les apparences contre vous.
Vous êtes donc de vrais
libéraux. Vous n'êtes pas de ces hommes ..., dont la plus
grande partie veut la liberté uniquement pour être tranquilles,
et dont le reste la veut pour opprimer autrui. Non, vous n'en êtes
pas ; la liberté, vous ne la voulez pas pour opprimer autrui ; vous
la voulez pour libérer autrui. Vous avez l'esprit libre à
ce degré que vous ne souffrez pas que d'autres esprits ne le soient
point ou le soient moins ; et vous voulez les libérer comme vous
vous êtes libérés vous-même, sans vous demander
si ce n'est pas encore une servitude de se venter d'avoir l'esprit libre,
tout en proclamant que d'autres ne sauraient l'avoir, simplement parce
qu'ils ne pensent pas comme vous. (Applaudissements au centre et sur
divers bancs.)
Mais soit ! cette séparation
libérale, cette séparation libératrice que vous rêvez,
est-il bien sûr que vous puissiez la faire ?
...En séparant l'Église de l'État,
vous vous proposez bien aussi,..., de séparer l'État de l'Église
? J'entends par là que vous vous refuseriez à supprimer le
budget des cultes, ..., sans relâcher en même temps et abandonner
la mainmise de l'État sur l'Église. Votre séparation
libérale ira jusqu'à l'extrême libéralisme et
ces amendements progressistes qui vous agréent au point de vous
réjouir (Rires au centre), il est bien convenu que vous les
voterez avec nous.... N'avez-vous pas promis de voter tout ce qui pourrait
améliorer votre loi ?....
Mais demain ! J'admet que
vous puissiez maintenant faire la séparation libérale ; êtes-vous
bien sûrs que vous la puissiez toujours maintenir ?... Le budget
des cultes une fois supprimé, une fois coupé le lien si ténu
.... qui rattachait le clergé à l'État, Comment, par
où et par quoi le tiendrez-vous ? En premier lieu, qui nommera l'évêque
et le prêtre ? l'État ? Il n'y aura plus aucun titre. Le prêtre
échappera à l'État ; il lui échappera de toute
la plénitude de son droit de citoyen, et vous ne pourrez le ressaisir
que par des lois qui seront, ou qui sembleront être, ou qui deviendront
facilement oppressives. (Applaudissements à droite et au centre.)
.......
[A propos de la phrase de Cavour : "Une Église
libre dans un État libre"] A surplus, rappelez vous ce que répondait
tout de suite le comte Harry d'Arnim : "L'Église libre dans
un État libre, ..., ce serait l'Église armée dans
un État désarmé."
Vous, messieurs, quel que
soit votre libéralisme, vous ne supporterez pas que l'Église
soit armée dans l'État désarmé ; et mis en
demeure de choisir entre la liberté de l'Église ou la souveraineté
de l'État, vous vous soucierez peu de la liberté de l'Église.
(Applaudissements
au centre et à droite.)
Mais ... De deux choses l'une
: ou l'Église sans obligation dans l'État sans autorité,
ou l'Église sans liberté dans l'État sans obligation.
Du premier cas, ..., je ne m'y résigne pas plus que vous. Dans le
second cas, ce serait l'Église serve dans l'État despote.
Prenez-y garde ! les serfs subissent avec peine leur esclavage et les despotes
ne sont jamais en sûreté. (Nouveaux applaudissements sur
les mêmes bancs.)
Il n'est pas de l'intérêt
de l'État que l'Église soit absolument libre, il n'est pas
de l'intérêt de l'Église que l'État soit absolument
maître. Je vais plus loin ; il n'est pas de l'intérêt
de l'Église d'être absolument libre, il n'est pas de l'intérêt
de l'État d'être absolument maître ; il est de l'intérêt
de l'un et de l'autre de discuter, de traiter et de tracer réciproquement
leurs limites. (Très bien ! très bien ! au centre et à
droite)
.....
Je ne veux pas de la séparation,
parce que, dans la mesure où la séparation est possible,
elle n'est plus à faire.
...Mais scientifiquement, ..., qu'est-ce que
la différenciation ? C'est la séparation des fonctions et
des organes, c'en est la distinction. .... l'État remplit-il encore
des fonctions d'Église ? L'Église remplit-elle encore des
fonctions d'État ?
....
La séparation que vous
voulez faire rappelle sous plus d'un aspect la constitution civile du clergé.
Elle procède de la même pensée : elle aura la même
fin.
....
M. le comte Boni de Castellane :... C'est à tort que la
Chambre croit avoir à discuter ... sur la séparation de l'Église
et de l'État. Ce que le Gouvernement nous propose, ..., c'est un
projet de destruction de l'Église par l'État (Très
bien ! très bien ! à droite.- Interruptions à gauche.)
...
Messieurs, toutes les idées
préconisées par la démocratie militante ont été
reniées par la démocratie triomphante. Les démocrates
ont lutté au nom de la liberté et dès qu'ils sont
arrivés au pouvoir, ils n'ont plus parlé que de persécutions
et de proscriptions. (Applaudissements à droite.)
.....
La séparation
de l'Église et de l'État conçue de bonne foi, et de
bonne foi pratiquée, existe dans certains pays. Quelques catholiques
mêmes - bien que je en sois certainement pas du nombre - l'envisagent
ici sans répugnance ; mais dans les pays dont je parle, la liberté
existe, les congrégations ne sont pas chassées, la liberté
d'enseignement n'est pas supprimée, l'Église est respectée
et honorée.
....
Messieurs; nous sommes dirigés
par des sectaires qui n'ont pas pas la moindre notion des intérêts
vitaux de la France. (Réclamations à l'extrême gauche
et à gauche.)
.....
M. Grousseau
:
.....
Pour mon compte, je
repousse la séparation de l'Église et de l'État. "Ni
dupe, ni complice", disait M. Combes à cette tribune, en parlant
de ses rapports avec Rome. Ce sera notre devise, à nous catholiques,
en face du projet que vous nous présentez .....
....
M. Alexandre Zévaès
:...
Messieurs, si je réussis à
démonter que le Concordat, loin d'avoir apporté à
ce pays la paix religieuse, n'a fait que déchaîner plus violemment
que jamais le combat entre l'Église et l'État ; si je réussis
à monter que la séparation peut, au contraire, apporter la
paix à toutes les consciences non pas dans un État libre
- car nous n'acceptons pas la formule de Cavour - mais dans un État
souverain, j'aurai par là même répondu à mes
honorables contradicteurs.
M. Grousseau, remontant à l'origine du Concordat,
soutenait qu'il avait été conclu pour apporter un peu d'ordre
dans les rapports de l'Église et de l'État, et aussi pour
résoudre la question des biens ecclésiastiques, au lendemain
des troubles qui s'étaient produits pendant le période
de la révolution.
Cette thèse, ..., n'est plus en rapport avec
les données de l'histoire. Au contraire, tout le monde est maintenant
d'accord pour admettre que c'est une à pensée purement politique,
et non pas à un sentiment religieux qu'obéissait Bonaparte
....
....
... La vérité, c'est qu'il voyait dans le Concordat
un instrument de domination politique ; il pensait que que l'Église,
devenue trop faible pour lui porter ombrage, pourrait utilement servir
le pouvoir qui saurait se la concilier ou s'en emparer. Vous connaissez
le mot de Mme de Staël : "il lui fallait un
clergé comme des chambellans, comme des titres, comme des décorations,
comme enfin toutes les anciennes cariatides du pouvoir." Il lui
fallait ce qu'un de ses serviteurs, le comte de Miot de Mélito,
a appelé dans ses Mémoires "des
professeurs d'obéissance passives à son profit".
...
Cette lune de miel fut des plus brèves, et
bientôt entre les deux puissances signataires du Concordat surgit
une lutte qui devait se prolonger plusieurs années... : c'est
le pape dépouillé, prisonnier ... à Fontainebleau
...
et
finalement excommuniant l'empereur.
...
Sous la Restauration, ce sont les jésuites
devenus les agents les plus actifs de la politique ultramontaine ; ce sont
les scènes atroces de la Terreur blanche ; ... ; ce sont
...
ces lois draconiennes contre la presse ... ; c'est, ...,
le régime que l'histoire a flétri sous le nom de "Règne
de la congrégation".
...
Est-il besoin de rappeler que sous la deuxième
république c'est l'Église qui fut l'âme du comité
de la rue de Poitiers, l'inspiratrice de toute cette campagne de brochures
répandues à travers tout le pays et où les républicains
étaient dénoncés comme des ennemis publics ? N'est-ce
pas elle qui dicta la loi Falloux ? N'est-ce pas elle qui, après
avoir préparé le guet-apens de décembre, bénissait
le parjure et célébrait le crime, à Notre-dame, par
un Te Deum solennel ? (Applaudissements à l'extrême
gauche et à gauche. - Interruptions à droite.)
Et sous la République actuelle, n'est-ce
pas elle que l'on retrouve depuis trente-cinq ans mêlée à
tous les complots monarchiques et césariens qui ont été
dirigés contre les institutions républicaine, que ce soit
au moment du 24 Mai, que ce soit au moment du 16 Mai, que ce soit lors
de la crise boulangiste, que ce soit au cours de la crise qui s'est produite
il y a cinq ans ?
...
En vérité, ..., je me
demande comment, ..., M. Charles Benoist [a] pu soutenir que le
Concordat avait apporté à ce pays cent années de paix
religieuses.
Ah ! si l'on veut dire par là que depuis
un siècle nous n'avons plus assisté aux anciennes guerres
religieuses entre protestants et catholiques, ou que le fanatisme ignorant
et criminel des quinzième et seizième siècle n'a pu
aujourd'hui rallumer les bûchers éteints, je le concède
volontiers ; mais on me concédera d'autre part que ce résultat
est dû bien moins au Concordat qu'à la victoire partielle
des principes de la Révolution française. (Applaudissements
à l'extrême gauche et sur plusieurs bancs à gauche.)
- Ou si l'on veut aussi dire par là que nous n'assistons plus
aujourd'hui à ces controverses théologiques, à ces
querelles religieuses qui ont rempli le dix-septième siècle,
si l'on veut prétendre que de nos jours les discussions sur la grâce,
la prédestination, le libre arbitre ne passionnent plus les esprits
et que nous n'entendons plus les anciens débats de la compagnie
de Port-Royal et de la compagnie de Jésus - soit, messieurs ; mais
est-ce encore au Concordat qu'il faut attribuer ce résultat ? Non
; c'est qu'à ces problèmes sur le dogme, d'autres problèmes
ont succédés, qui ont pu, même pour les catholiques,
reléguer à l'arrière plan les problèmes d'ordre
théologiques : ce sont les problèmes politiques suscités
par l'application de notre législation civile des principes de la
Révolution française ; ce sont les problèmes économiques,
engendrés par le développement de la science et ses applications
au domaine de la production. De plus en plus, même pour le monde
catholique, ces problèmes formidables se sont substitués
aux problèmes d'ordre purement théologique : ils s'imposent
à cette heure dans le monde entier à l'intention de tous
les esprits.
... Et ainsi la guerre de l'Église
contre la société contemporaine, loin d'avoir été
atténuée, apaisée par le concordat, est devenue constante
; ...
Est-ce nous qui le proclamons, messieurs
? C'est l'église elle-même. Jamais elle n'a voulu s'accommoder
de la révolution française, des principes qu'elle a proclamés,
des formes politiques ou sociales qui ont pu en sortir.
C'est ... Joseph de Maistre ... , c'est
Montalembert...
Et puis depuis trente ans, c'est M. le comte
Albert de Mun qui ... n'a cessé ... d'affirmer
vigoureusement l'antagonisme fatal, l'irréductible antinomie qui
existe entre la doctrine de l'église et la doctrine de la Révolution.
... "Nous
sommes, disait-il le 2 juin 1877, les soldats
d'une idée ... Dès les premiers jours, cette idée
a été au fond ne nos cœur et s'en est emparée pour
nous précipiter au combat ... Cette idée, c'est la
contre-révolution faite au nom du Syllabus."
...
L'honorable M. de Mun disait encore à
cette tribune même , en novembre 1878 :
"La révolution n'est
ni un acte ni un fait. Elle est une doctrine qui prétend fonder
la société sur la volonté de l'homme au lieu de la
fonder sur la volonté de Dieu, qui met la souveraineté de
la raison humaine à la place de la raison divine ... La contre-révolution,
c'est le principe contraire : c'est la doctrine qui fait reposer le monde
sur la loi chrétienne..."
...
Je dis qu'entre le Syllabus d'une part -...-
et d'autre part la doctrine de la Révolution française, qui
veut asseoir la société moderne, sur l'unique volonté
humaine, sur la loi de l'homme, et non sur la volonté de dieu, M.
de Mun a raison que la lutte est fatale, et la lutte continue. (Très
bien ! très bien ! à l'extrême gauche et à gauche.)
mais ce qui est profondément singulier,
messieurs, c'est que dans cette lutte quotidienne, c'est l'État
qui, au nom du Concordat, fournit à l'Église les munitions
pour le combattre. (Applaudissements à gauche.) Et ceci nous amène
à rechercher quelles sont les garanties que le Concordat accorde
soit à l'Église, soit à l'État, quels sont
les droits qu'il confère aux deux parties contractantes.
.... quels sont les avantages que le Concordat
a attribués à l'Église ?
Le premier de ces avantages, c'est qu'il fait de
l'Église une institution de l'État, une institution officielle
; il l'érige en service public.... elle y a une place tellement
prépondérante qu'un article du Concordat, l'article 17, fait
obligation au chef de l'État en France d'appartenir au catholicisme
romain.
Par là aussi, ..., l'État a perdu
la physionomie laïque que lui avait donné la Convention.
Le second avantage ... c'est le budget des
cultes.
...
C'est une erreur généralement
répandue que de croire que le budget des cultes s'élève
à 40 ou 45 millions et que ce chiffre est le résultat de
l'application du Concordat. ... Si nous nous en tenions aux prescriptions
strictes du Concordat ... qui déterminent le traitement du
clergé, le budget des cultes ne devrait pas dépasser 4 millions
ou 4 millions et demi. ...
....
En revanche, quels sont les droits que le Concordat confère
à l'État ? Quelles sont les garanties que l'État ...
peut avoir pour se défendre contre les empiétements de l'Église
?
Nous avons beau examiner les Articles organiques...
nous n'y trouvons, en cherchant bien, que deux garanties pour le Gouvernements....
, c'est, d'une part, la suspension du traitement ; c'est, d'autre part,
l'appel comme d'abus.
Vous savez, messieurs, combien est dérisoire
la peine dite de la suspension du traitement. Vous savez mieux que personne
comment l'ecclésiastique qui en est frappé, pendant d'ailleurs
un temps assez bref, voit le montant de son traitement lui être rendu
au quadruple ou au quintuple par les fidèles qui s'empressent de
venir en aide à une victime de cette "République impie" !
Quant à l'autre arme, qui s'appelle l'appel
comme d'abus, elle m'apparaît comme une vieille défroque gallicane,
qui pouvait avoir quelque valeur où les articles de 1682 faisaient
la loi dans le royaume, mais qui est aujourd'hui sans portée
...
Quelle arme reste-t-il alors à l'État
? Il y a, il est vrai, celle qui figure dans le code pénal à
l'article 199 et aux suivants. IL y a notamment un article 204 qui punit
de la peine de bannissement l'évêque qui, par écrit,
aura critiqué ou censuré soit le Gouvernement soit tout acte
de l'autorité publique. Il est bien certain que Napoléon
eût fait l'usage d'une sanction pareille ; mais la république,
plus libérale ou plus débonnaire, a pensé qu'entre
le fait de critiquer un acte public et la peine de bannissement la disproportion
était vraiment trop forte et elle a laissé tomber en désuétude
les articles du code qui donnaient quelque pouvoir sur les membres rebelles
du clergé.
Donc l'État se trouve aujourd'hui complètement
désarmé. Et je demande à l'honorable M. Charles Benoist
comment, au lendemain de la séparation, il le pourrait être
davantage.
Comment d'ailleurs en serait-il autrement lorsque
nous voyons que toutes les garanties concédées à l'État
par les Articles organiques sont annulées par le Syllabus, qui,
je le répète, fait la loi pour l'Église et ses fidèles
?
...
Nous avons, depuis un siècle, laïcisé
la mariage, la famille, l'instruction, l'enseignement ; l'heure est venu,
aujourd'hui, de procéder à la laïcisation de l'État,
par cette grande réforme où est engagé tout l'effort
de la démocratie républicaine et qui s'appelle la séparation
de l'Église et de l'État ( Applaudissements à l'extrême
gauche et à gauche.)
Est-il vrai que ce régime de la séparation
soit un régime aussi étrange, aussi singulier que quelques
uns de nos collègues semblent en craindre ou l'on proclamé
? est-il vrai que voter la séparation serait décréter
par là même un saut prodigieux dans un redoutable inconnu
? Mais, tenir un langage semblable, c'est oublier, messieurs, que le régime
de la séparation des Églises et de l'État fonctionne
admirablement dans d'autres pays, qu'il a fait ses preuves, qu'il a pour
lui certaine expérience. je sais qu'en Europe les exemples en sont
rares ; que la plupart des nations européennes en sont encore à
cette phase que, dans son rapport, M. Briand appelle justement la phase
théocratique, c'est-à-dire celle où l'État
est encore sous la dépendance morale de certaines religions et où
tous ses actes, toutes ses lois, toutes ses institutions régulières,
sont dominées par les préceptes d'une Église.
Mais il y a d'autres peuples, et c'est le cas du
nôtre, qui sont arrivés à la deuxième période,
celle où il n'y a pas, à proprement parler, de religion officielle,
mais où néanmoins l'Église et l'État sont reliés
entre eux par des liens déterminés, et où certains
cultes bénéficient d'une subvention, d'un traitement de l'État.
Il y a enfin la troisième phase, la phase
où les cultes sont complètement distincts du fonctionnement
de l'État, où les Églises et l'État sont complètement
séparés. Or vous savez que ce régime fonctionne depuis
longtemps aux États-Unis[ et à Cuba, au Brésil,
en Équateur, au Mexique]
...
Enfin peut-on oublier que depuis 1869 la
séparation fait partie intégrante des programmes communs
à toutes les factions de la démocratie républicaine
? ( Applaudissements à l'extrême gauche et à gauche),
que tous les républicains militants de ce pays, les Floquet, les
Gambetta, les Jules ferry, tous ont inscrit dans leur programme la séparation
des Églises et de l'État ?
Nous estimons qu'aujourd'hui la question est mûre
et que la réforme doit être réalisée. ...
Il faut que la France laïque issue de la révolution, rompe
définitivement le lien qui l'attache à toutes les confessions
religieuses. Il faut revenir, messieurs à la formule de la Constitution
de l'an III :
"Nul ne peut être empêché d'exercer,
en se conformant aux lois, le culte qu'il a choisi. Nul ne peut être
forcé de contribuer aux dépenses d'aucun culte. La république
n'en salarie aucun." (Vifs applaudissements à l'extrême
gauche et à gauche.)
Le président : La suite de la discussion est renvoyée
à la prochaine séance.
©Maurice Gelbard
9, chemin du clos d'Artois
91490 Oncy sur École
ISBN 2 - 9505795 -2 - 3
Dépôt légal 2ème trimestre
1999