27 novembre 1905
Suite de la discussion du projet de loi
concernant la séparation des Églises
et de l'État
(14° journée, réduite
et annotée)
M. le président :
... Nous nous sommes arrêtés, messieurs, au 3° paragraphe
de l’article 8. ...
Nous nous trouvons alors en présence
de l’amendement de MM. Dominique Delahaye, le comte de Goulaine, ... (et
leurs amis) ainsi conçu :
« Dans le paragraphe 3 de cet article,
à la fin de la quatrième ligne, après :
« l’attribution »,
« Supprimer tout ce qui suit et le remplacer
par ces mots :
« en sera faite à celle qui aura
été désignée par l’évêque ou le
consistoire. »
(Amendement repoussé par 180 voix contre 29)
... nous arrivons à l’amendement de
M. Guillier, sur le paragraphe 3. cet amendement est ainsi conçu
:
« Remplacer au paragraphe 3 les mots
:
« Le conseil d’État statuant
au contentieux »
« par ceux-ci :
« Le tribunal civil ... »
« Et au quatrième paragraphe,
les mots :
« Le conseil d’État »
« Par ceux-ci :
« Le tribunal civil »
...
M. Guillier : je me
demande comment le conseil d’État peut avoir l’expérience
de litiges qui n’ont encore jamais pris naissance. (Rires à droite.)
...
(Amendement repoussé par 173 voix contre 106)
M. le président : Nous arrivons à l’amendement
de M. Legrand, qui est ainsi conçu :
« Remplacer les mots :
« ... en tenant compte de toutes
les circonstances de fait »
« Par la disposition suivante :
« ... en tenant compte de tous
les éléments de solution et particulièrement des règles
d’organisation générale dudit culte. »
M. Louis Legrand :... Le sénat
vient de voter que le conseil d’État serait le juge compétent
: je m’y soumets ; mais j’examine les conséquences. Or, que va-t-il
se passer ? Vous vous adressez à un tribunal administratif, je ne
veux pas dire à un tribunal politique (mais
c‘est dit) . Je ne veux nullement examiner son impartialité,
mais les agents qui le renseigneront inspirent, au point de vue judiciaire,
moins de confiance, car ce sont des agents politiques, et leurs rapports
qui se ressentent de leur préoccupations peuvent altérer
singulièrement la valeur de leurs renseignements.
Le litige est donc porté devant un
tribunal, j’entends avec un seul degré de juridiction, par conséquent
où les erreurs seront dangereuses et irréparables ; et vous
lui donnez une sorte d’infaillibilité papale ! (M. le président
de la commission fait un signe de dénégation.) Malgré
vos dénégations, monsieur le président de la commission,
vous reconnaissez cette infaillibilité, puisqu’il est juge, seul
et sans recours.
M. Dominique Delahaye : C’est parce qu’ils ont du goût pour le pape laïque !
M. le président de la commission : La cour de cassation est dans le même cas !
M. Louis Legrand : Nous parlerons quand vous voudrez de
la cour de cassation. Mais précisément elle ne juge pas les
circonstances de fait et renvoie la cause devant le juge compétent.
...
(Amendement repoussé par 177 voix contre 105)
(Le paragraphe 3 de l’article 8 est adopté par 176 voix
contre 99, et les deux derniers paragraphes sont adoptés par 181
voix contre 37)
M. le président : Nous arrivons, messieurs, à
une disposition additionnelle à l’article 8, présentée
par M. Guillier, et qui est ainsi conçue :
« Les recours en conseil d’État,
soit contre les décrets portant attribution de biens, soit contre
les attributions de biens, soit contre les attributions effectuées
en vertu de l’article 4, seront jugés comme affaire urgente, sans
frais, et seront dispensés du timbre et du ministère d’un
avocat. »
...
(Amendement repoussé par 181 voix contre 103)
(L’ensemble de l’article 8 est adopté par 179 voix contre 99).
©Maurice Gelbard
9, chemin du clos d'Artois
91490 Oncy sur École
ISBN 2 - 9505795 -3 - 1