La Séparation et les Églises
NOTRE ENQUÊTE
A L'ÉVÊCHÉ D'ORAN
Oran,
le 6 mars
Nous avions prié un de nos amis qui habite
Oran de se rendre auprès de l'évêque afin de recueillir
son opinion. Voici ce qu'il nous écrit
"Il ne m'a pas été possible de voir
Mgr d'Oran, mais j'ai eu avec un personnage haut placé dans la hiérarchie
ecclésiastique africaine, un entretien que je m'empresse de vous
rapporter.
"Pour moi, m'a déclaré ce prêtre, la question qui se
pose n'est pas de savoir si la séparation sera ou ne sera pas votée.
Ce qu'il importe de connaître, c'est le clergé, renonçant
à faire de la politique, au lieu d'entrer en lutte avec le gouvernement,
va consentir à marcher de pair avec lui quoi qu'il arrive. Pour
atteindre ce but, il faudra que nos prêtres se persuadassent de la
nécessité de mettre en pratique ce qu'écrivait naguère
un de nos anciens vicaires généraux, M. l'abbé Georgel,
sur l'attitude que doit avoir le prêtre vis-à-vis des partis
politiques.
"La politique générale, disait-il, convient aux prêtres
comme aux autres et plus qu'aux autres, car personne, par ses études,
n'y est mieux préparé que lui. Le prêtre, en effet,
a pour devoir de connaître l'homme, de connaître ses aptitudes,
ses besoins, ses passions, ses entraînements, ses défaillances
: il doit savoir comment il faut guider celui-ci, encourager celui-là,
réprimer cet autre, et maintenir chacun à sa place.
"Il y a plus, le prêtre doit avoir au cœur, plus que les autres,
l'amour de l'humanité et le besoin des sacrifices personnels. Personne
donc n'est préparé comme lui aux exigences de la politique
générale.
"Lorsqu'un prêtre est appelé dans les assemblées où
se traitent les grandes questions d'intérêt public, il est
donc parfaitement à sa place en y entrant.
"Le prêtre, m'objectera-t-on peut-être, a surtout pour devoir
de gérer les intérêts du ciel. Ceci est incontestable.
Mais les intérêts du ciel ne se séparent guère
des grands intérêts de la terre.
"Au reste, nous avons à ce sujet une règle et un exemple
sûrs dans la conduite de notre de notre chef suprême. Le Souverain
Pontife néglige-t-il jamais l'occasion de s'occuper de politique
générale et des intérêts de peuples ! ...
"Autre chose est la question des partis politiques.
"Je comprends que l'homme du monde entre dans un parti politique et mette
toute son énergie à le défendre et à le faire
triompher, préoccupé, comme il est, de sa fortune et de la
prospérité de sa maison, il est naturel qu'il s'attache au
régime le plus favorable à ses intérêts.
"Je comprends aussi que, en dehors de la politique générale,
le prêtre revendique à l'occasion, ses droits de citoyen et
en remplisse tous les devoirs.
"Il est pareillement incontestable que le prêtre peut avoir au cœur
des préférences pour tel ou tel parti.
"Mais convient-il au prêtre d'afficher publiquement ses préférences
pour un parti, et surtout de mettre son influence au service de ce parti
?
"Telle est la question à examiner.
"Il y a, ce me semble, de très graves inconvénients, pour
un prêtre, à entrer dans un parti, et ces inconvénients
ne me paraissent compensés par aucun avantage sérieux.
"1° Tout parti politique a pour première ambition d'arriver
au pouvoir, afin de jouir des nombreux avantages attachés à
la souveraineté et d'y faire participer ses adhérents actifs.
Le bien public vient après.
"L'homme politique lutte, avant tout, pour les honneurs, les dignités,
la fortune, le bien-être, en un mot, pour les biens les plus précieux
de la terre et les plus enviés.
"Se poser en adversaire de cet homme, c'est donc barrer la route à
ses ambitions, attaquer ses projets d'avenir et ses rêves, amoindrir
ses espérances en attendant de les renverser tout à fait.
"Est-il étonnant, après cela, que des haines implacables
sélèvent entre les partisans des diverses régimes
et qu'ils cherchent avec tant d'ardeur à se renverser mutuellement
? Le contraire étonnerait ; car l'homme, d'habitude, ne pardonne
pas à celui qui touche à son orgueil et porte une main téméraire
sur l'objet de ses convoitises.
"En devenant l'homme d'un parti, le prêtre devient un obstacle au
succès du parti contraire ; il devient un ennemi, par conséquent,
et un ennemi d'autant plus redouté et plus haï qu'il apporte
dans la lutte une influence souvent plus considérable.
"Ceci explique un peu la conduite des républicains à notre
égard : pour eux, nous sommes surtout des monarchistes, c'est à
dire des concurrents et des adversaires. Ils se trompent en cela, car beaucoup
parmi nous se contentent de remplir, sans autres préoccupations,
leurs devoirs de pasteurs.
"Cependant, pour être justes, nous devons reconnaître que les
républicains ont bien quelques raisons de se méfier de notre
tendresse à leur égard.
"Ainsi, beaucoup des nôtres ne manquent guère l'occasion de
témoigner des sentiments hostiles à l'égard
des républicains. Ils leur épargnent la moins possible
les sarcasmes et les mépris. Ils font même retomber leurs
haines sur la forme républicaine qui, après tout, peut
être, comme les autres, une forme excellente de gouvernement.
"Je comprends, après cela, que le premier soin de la République
soit toujours de nous amoindrir, et de nous enlever, l'un
après l'autre,
tous nos moyens d'action.
" Mais, dira-t-on, ce sont les républicains qui commencent : faudra-t-il
laisser leurs attaques sans réponse ?
"Eh ! vous dirai-je, que les partis se répondent comme ils l'entendent
; qu'ils s'accablent, s'ils le veulent, plus encore que par le passé;
c'est leur affaire. Ils luttent pour le même objet terrestre, pour
la suprématie et ses avantages. A eux de prendre
les moyens d'assurer
leur triomphe..
"Je demande simplement s'il convient au prêtre d'entrer dans des
luttes semblables ? Je ne le crois pas, car, en le faisant, nous nous créons
des ennemis, nous nous attirons des persécutions, toutes choses
que nous avons pour devoir d'éviter, à moins que l'honneur
de Dieu ne soit en jeu.
" Mais, précisément, ajoutera-t-on, le prêtre doit
s'unir aux partis conservateurs, parce que tous les républicains
sont des ennemis de Dieu et de la Sainte-Eglise.
"Doucement, s'il vous plaît, et examinons avec calme ce nouvel aspect
de la question.
"dans le parti républicain, il y a trois classes d'hommes bien différentes.
Il y a 1° les sectaires qui se servent de la République pour
assouvir leurs haines impies et anéantir le règne de Dieu
sur la terre ; il y a 2° les anarchistes qui espèrent trouver
dans la République l'occasion facile d'arriver à la liquidation
sociale et à la réalisation de leurs convoitises et 3°
il y a les républicains proprement dits, c'est à dire les
partisans de la forme républicaine.
"En s'unissant à un parti, le prêtre devient nécessairement
l'ennemi de ces trois classes d'hommes. Cependant, convient-il de traiter
le républicain, l'anarchiste et le sectaire de la même manière
? Je ne le pense pas.
"Le sectaire, lui, veut le mal sciemment ; il le poursuit avec intelligence
: aussi chacun peut le traiter sans ménagement, comme Jésus
traitait les pharisiens, car il est nécessaire de démasquer
ses perfidies et de prémunir les autres contre ses entreprises funestes.
"L'anarchiste est plutôt un égaré qu'un criminel, quoiqu'il
poursuive la destruction de la société. Il a vu le bien-être
des hautes classes, et on lui a montré ce bien-être comme
comme le rêve par excellence. Est-ce donc sa faute s'il n'a pas trouvé
autour de lui, comme il convenait, cet amour que Jésus est venu
donner à la terre, amour qui aurait enivré son cœur et calmé
ses impatiences ? A l'anarchiste, séduit par des exemples pervers,
nous devons donc une quasi-réparation : nous lui devons l'amour
et les bienfaits, dont le passé a été pour lui trop
avare ; nous lui devons de nouveaux exemples, la fascination des grandes
vertus ; car sa haine peut n'être irrévocable comme celle
du sectaire.
"Le républicain proprement dit ne diffère guère des
partisans des autres régimes. Il affecte, sans doute, l'impiété
parce qu'il est de bon ton pour un républicain d'être libre-penseur,
et aussi parce qu'il nous considère comme ses adversaires politiques.
Au fond, beaucoup de ces impies ne sont pas trop fâchés de
mourir en paix avec l'Église et avec leur conscience. Notre bienveillance
peut donc leur être utile.
"Cette distinction que je viens d'établir ne peut intéresser
le monarchiste, parce que tout républicain est son adversaire. Mais
pour nous, prêtres, elle est très importante. Et si nous avions
su varier notre conduite selon les sentiments des différentes classes
de républicains nous aurions grandement surpris et peut-être
déconcerté les sectaires.
"Nous avons d'autres raisons encore d'éviter les partis.
"2° En devenant l'homme d'un parti, le prêtre s'abaisse d'une
façon étrange, car il quitte, au moins momentanément,
les grandeurs divines où le placent ses fonctions sacerdotales pour
ouvrir son âme aux vulgaires passions de la foule et se faire esclave
de préoccupations terrestres.
"Le prêtre, il ne devrait jamais l'oublier, a parmi les hommes un
privilège unique ; c'est de n'avoir aucune place marquée
dans les hiérarchies humaines.
"Dans le monde, chacun, selon son rang, occupe une place déterminée.
Les chefs des peuples sont au sommet de l'échelle ; les représentants
du pouvoir viennent après eux ; les autres, ensuite, prennent rang
selon leur dignité, leurs talents ou leur fortune. Il n'en est pas
ainsi du prêtre. Dans l'ordre temporel, il n'est supérieur
à personne, pas même au pauvre de la rue, puisqu'il se doit
à ce pauvre homme comme à Jésus-Christ même.
Mais, en revanche, il n'est inférieur, non plus, à personne,
pas même au monarque, puisqu'il représente Dieu auprès
des grands comme auprès des petits.
" Et les règlements humains sur les préséances ne
changent rien à cela. Ils ont fixé, sans doute, telle place
à telle dignité ecclésiastique; mais ils n'ont pas
fixé la place du prêtre; et ils ne le pouvaient pas, car,
sur ce point, nous relevons directement de Dieu qui nous veut auprès
de tous indistinctement.
"Mais, si le prêtre, dans l'ordre ten temporel, n'a. aucune
place déterminée, il n'en est pas de même dans
l'ordre moral: là, il occupe incontestablement la. première
place car il doit la vérité à tous, la direction
à tous, l'exemple il tous. Sur le chemin de la. vie, personne ne
doit précéder prêtre: il est avec Jésus la voie
que homme doit suivre pour être heureux et goûter successivement
les jolies pures de la terre et les félicités du ciel.
"Eh bien! ces deux privilèges de n'avoir: 1° aucune place marquée
dans hiérarchies humaines, et 2° d'être le premier dans
l'ordre moral, le prêtre les perd ou les compromet singulièrement
en entrant dans un parti.
"1° Il perd son privilège de n'avoir aucune place marquée
parmi les hommes.
" Dans un parti, chacun a sa place déterminée : les uns dirigent,
les autres reçoivent le mot d'ordre. Et il faut qu' il soit ainsi
pour le succès, car, sans discipline, il n'y a point de victoire.
"Or, est-ce le prêtre qui dirigera le parti de son choix
? Je n'en crois rien. Dans un parti, chacun est classé selon sa
position, sa fortune ou son influence. Le prêtre, d'ordinaire, ne
peut revendiquer ni la plus haute position, ni la plus grande de fortune,
ni 1a plus grande influence. Il prendra donc rang parmi la foule et devra
marcher après mille autres. C'est très flatteur pour lui
que sa vocation sainte rendait indépendant et mettait au niveau
premiers!
" Autre chose.
" Les partis oublient parfois d'être délicats dans les moyens
employés pour renverser leurs adversaires. Dans ce cas, voyez-vous
l'embarras du prêtre, lorsque sa conscience lui criera de reprendre
la conduite de ses chefs? Lui, petit soldat, ou, tout au plus, petit officier,
va-t-il, au nom de la vérité, parler haut à son général
? Mais, il indisposera, et la. récompense qu'il attendait peut-être
sera perdue pour lui. Se taira-t-il cependant? Et son devoir, qu'en fera-t-il?
Touchante alternative, comme vous le voyez: ou trahir son devoir, et il
devient. un malheureux; ou sortir du parti, et il a perdu son temps! Qu'il
en sorte, néanmoins, puisqu'il est prêtre avant tout. Mais
il eût mieux fait de n'y pas entrer : il n'aurait pas exposé
sa. conscience et il aurait gardé intacte la noble indépendance
que Dieu lui a faite.
" 2° Le prêtre compromet sa grandeur morale. Les lignes précédentes
le prouvent déjà; les suivantes le prouveront mieux encore.
" Un parti est toujours une association purement humaine: une association
qui lutte avant tout pour des intérêts humains; une association,
enfin, qui lutte avec des moyens humains.
"Et en entrant dans ce milieu passionné, le prêtre pourrait
demeurer indifférent aux question matérielles et garder cette
sérénité qui convient au représentant des choses
éternelles? Allons donc! En devenant l'homme d'un parti, le prêtre
ouvrira fatalement son âme aux ambitions de ce parti, aux préoccupations
qui l'agitent, aux haines qui enfièvrent le cœur de ses adhérents.
En un mot, il deviendra un homme terrestre, qui passera par toutes les
péripéties de l'espérance et des appréhensions
que donnent le succès ou la défaite.
"Mais, dira-t-on, si ce parti porte dans son programme le respect de la
religion et l'amour des choses saintes ? N'importe. Nous, prêtres,
à nous seuls, nous avons ce qu'il faut pour assurer le triomphe
de la religion : nous n'avons qu'à suivre notre divin maître.
"Laissons donc les partis, car nous y perdons tout, même en triomphant
avec eux, puisque les avantages matériels sont loin d'être
toujours un gain pour le prêtre."
Eh bien, concluait notre interlocuteur, si les prêtres se décident
à renoncer loyalement à entrer dans les partis politiques,
que la séparation soit ou ne soit pas votée, nous serons
à la fin des inextricables difficultés du moment.
"La séparation votée et exécutée, empêchera-t-elle
la France d'être divisée en partis irréconciliables
? Empêchera-t-elle le peuple de continuer à trépigner
dans son infériorité et sa misère ? Empêchera-t-elle
la finance toute puissante d'être prépondérante dans
les conseils ? Non. Il n'y aura rien de changé, sinon qu'il y aura
quelques centaines d'agitateurs de plus et que ces agitateurs, ce seront
les prêtres s'ils ne renoncent pas loyalement à la politique.
"La sagesse devrait leur dicter de se tenir tranquilles et d'attendre.
Ne sommes-nous pas habitués, depuis un siècle et plus, aux
bouleversement dans l'Église ? Sous la restauration même,
n'avons-nous pas vu un évêque, ministre des cultes, Mgr Feurrier,
se croire autorisé par les circonstances à participer à
des mesures violentes contre les jésuites et les séminaires
? La République n'a pas fait et ne fait pas autre chose.
"Dans l'État actuel des esprits, le gouvernement, quel qu'il soit,
ne respectera et ne pourra respecter notre indépendance et nos droits
qu'en raison de notre influence et de notre force. Si nous sommes la majorité,
nous serons choyés par tous les pouvoirs ; mais si devenons la minorité,
surtout l'infime minorité, nous pourrons gémir à notre
aise, personne en haut lieu ne s'en occupera.
" Nous, nous tromperions donc grandement, nous, prêtres, en cherchant
actuellement tel ou tel maître. L'union des pouvoirs, l'accord
de l'Église et de l'État sont choses fort désirables,
assurément ; la. religion est très heureuse de l'amitié
des gouvernements ; mais à qui cet accord est-il surtout t profitable,?
Est-ce à nous ? Je ne le pense pas. Nous pouvons nous passer, nous,
des protections humaines et atteindre notre but sans elles et malgré
des pouvoirs ennemis. Ne sommes-nous pas les enfants de la Croix et les
fils du Calvaire? Et les tribulations nous ont-elles jamais été
fatales?
" L'arbre chrétien est né dans le sang du Christ ;
le sang des apôtres et des martyrs l'a nourri et lui a donné
ces rameaux vigoureux qui ont ombragé le monde. La paix, la
paix et le bien-être, voilà ce qui affadit nos vertus ; le
repos dans une douce aisance, voilà ce qui nous diminue,
et la richesse avec ses faveurs, voilà ce qui nous expose à
la ruine.
"La parole évangélique, comme ces graines ailées qui
meurent sur place dans les beaux jours, a besoin des vents et des tempêtes
pour être jetée au loin et arriver à tous les rivages.
"Si nous pouvons, à la rigueur nous passer des protections humaines,
les gouvernements peuvent-ils aussi bien se passer de nous ? Ce n'est
pas mon avis. Nous, chrétiens, dans tout ce qui n'est pas formellement
contraire à la religion, nous sommes la soumission, l'obéissance,
le dévouement ; et, par là, nous sommes la stabilité
des institutions et la digue la plus sûre contre les revendications
funestes. Si nous disparaissions, les sociétés seraient immédiatement
bouleversées de fond en comble. Les gouvernements ne l'ignorent
pas; et, comme les hommes d'État désirent avant tout garder
leurs honneurs et leur pouvoir, ils ne souhaitent pas, croyez-le bien,
notre anéantissement. Je suis persuadé que les hommes intelligents
du parti républicain nous rendent eux-mêmes justice sur ce
point. Montrons donc, ce qui est la. vérité, du reste, relativement
à beaucoup d'entre nous, montrons que nous sommes simplement chrétiens
et prêtres, que nous laissons aux partis leurs disputes, leurs petites
rivalités, leurs petites ambitions, et nous deviendrons les auxiliaires
indispensables de toute puissance qui voudra se maintenir même après
la. séparation.
"En attendant, disons nous que la situation du clergé, dans le monde
est à refaire. Et nous n'avons pas le droit de nous décourager
: nous ne sommes pas libres de renoncer à notre influence, car les
intérêts de Dieu., ceux des peuples et les nôtres dépendent
de cette influence.
"Nous avons
reçu de Dieu et nous avons accepté solennellement la tâche
de dominer le monde par la vertu et d'être la règle vivante
des petits et des grands. Prenons donc au sérieux les serments de
notre jeunesse ; apprenons à tous, par notre exemple, le mépris
des séductions passagères; réveillons dans tous les
cœurs les ambitions divines et nous maintiendrons ainsi l'harmonie entre
les hommes, en attendant le jour sans fin des félicités éternelles.
"Si nous n'accomplissons pas strictement ce grand devoir, nous serons traités
par Dieu comme il convient; et chacun selon nos responsabilités
particulières.
" Ah ! pour reconquérir notre véritable place, la tâche
sera rude, mais, grâce à Dieu, elle ne sera pas impossible.
" Que les plus courageux commencent donc, qu'ils se groupent, qu'ils s'animent
mutuellement, et bientôt le feu sacré embrasera les plus tièdes.
" Et, si nous reculons devant les sacrifices exigés par la situation,
si trop peu d'entre nous ont l'âme assez noble et le cœur assez chaud
pour engager les grands combats contre les passions déchaînées,
alors ne nous plaignons pas si demain la tempête nous balaye comme
une paille légère, car, nous l'aurons voulu
"
Voilà ce qu'écrivait l'abbé
Georgel, ancien vicaire général d'Oran. Mais n'oubliez pas
qu'il était en Afrique : il est donc à présumer qu'il
a prêché dans le désert.
ERIC BESNARD.