Question du 20 juillet 1980
M. Chelha Mustapha demande à M. le Premier ministre:
1° pour quelle raison le décret du 27 septembre
1907, pris en application de la loi du 9 décembre 1905, portant séparation
du culte et de l'État, reste en vigueur dans ses dispositions concernant
le culte musulman, malgré l'article 58 de la loi du 20 septembre
1947 que la Constitution n'a pas abrogée ;
2° quelle mesure compte prendre le Gouvernement
pouf rendre effective la séparation du culte musulman de l'État
au même titre que les autres cultes ;
3° que compte faire le Gouvernement pour réparer,
pour le moins l'injuste mesure qui consiste à aider l'école
libre en métropole et à maintenir fermées les médersas
en Algérie ;
4° en vertu de quel texte et de quel article de
la Constitution les ministres du culte musulman sont rétribués
par l'État et, qui plus est, sont assimilés aux fonctionnaires
;
5° pourquoi et pour quelle raison la lecture des
versets du Coran dans les mosquées dites officielles est soumise aux
contrôles administratifs ;
8° qui entretient et comment sont entretenues les
mosquées dites officielles dont, dans certaines d'entre elles, les
tapis sont hors d'usage.
Réponse du 14 octobre 1960 - Le décret portant règlement
d'administration publique en date du 27 septembre 1907 a fixé les
modalités d'application à l'Algérie de la loi du 9 décembre
1905 sur la séparation des églises et de l'État ; ses
dispositions s'appliquent d'une façon générale à
l'exercice de tous les cultes aussi bien musulman que chrétien et
israélite. C'est ce que la loi du 20 septembre 1947 a confirmé
expressément dans son article 56, cité par l'honorable parlementaire
:« l'indépendance du culte musulman à l'égard
de l'État est assurée au même titre que celle des autres
cultes dans le cadre de la loi du 9 décembre 1905 et du décret
du 27 septembre 1907 ». C'est en vertu du même décret
de 1907 que les ministres et agents des cultes - et non seulement du culte
musulman - exerçant leur fonction dans des circonscriptions cultuelles
déterminées se voient attribuer par arrêté du
gouverneur (délégué) général une indemnité
temporaire de fonction ; cependant le service de l'indemnité de fonction
ne confère en aucune façon la qualité de fonctionnaire
aux ministres des différents cultes et c'est seulement dans le but
d'ajuster le montant de cette indemnité aux fluctuations du coût
de la vie que celui-ci est fixé par référence aux indices
de rémunération retenus pour les traitements de la fonction
publique. En tout état de cause, le pouvoir de nomination des ministres
et agents des cultes appartient exclusivement aux organismes religieux compétents
(autorités ecclésiastiques et associations cultuelles) et non
aux pouvoirs publics. Il n'existe pas de mosquées officielles en Algérie
; les édifices consacrés au culte musulman peuvent être
soit des mosquées Incorporées au domaine de l'État,
soit des mosquées privées édifiées à l'initiative
de particuliers ou de communautés religieuses. Dans les mosquées
dites domaniales, l'État assume les frais d'entretien et de réparation
des bâtiments sur les crédits ouverts à cet effet au
budget des services civils en Algérie, le mobilier intérieur
des édifices cultuels restant à la charge des fidèles.
Dans les mosquées domaniales comme dans les mosquées privées,
les exercices religieux ne sont soumis qu'aux dispositions d'ordre public
prévues par le décret de 1907, qui s'appliquent indistinctement
à tous les cultes. La loi du 31 décembre 1959 sur les rapports
entre l'État et les établissements privés d'enseignements
n'a pas encore été rendue applicable à l'Algérie.
Toutefois, en ce qui concerne les médersas,
assimilées à des établissements privés d'enseignement
primaire, qui dispensent actuellement leur enseignement à près
de quinze mille élèves, il a été admis que lorsqu'elle
se conforment à la réglementation en vigueur, elles peuvent
bénéficier d'une aide administrative sous forme de subventions
et de détachement par l'académie d'instituteurs ou d'instructeurs
scolaires.