M. Marcel Habert, Vous confondez l'Église et la croyance en Dieu,
M. Maurice Allard. M, Berthelot, dans un de ses derniers discours
- celui, je crois, dans lequel il répondait à M. Brunetière,
qui venait de proclamer la faillite de la science (Bruit à droite),
M. Berthelot, dis-je, s'exprimait ainsi:
" Ce qui distingue le dix-neuvième siècle,
ce qui le caractérise déjà devant l'histoire, c'est
qu'il a inauguré l'influence prépondérante de la science
sur la direction des choses humaines, abandonnées jusque-là
au hasard des instincts des peuples et des caprices de leurs prétendus
pasteurs. " (Interruptions à droite,)
M. le comte de Lanjuinais. M. Berthelot est une autorité en chimie, mais pas en philosophie. (Très bien! et rires à droite.) .
M. Lerolle. Pasteur avait une opinion contraire.
M. Maurice Allard. Ce n'est certes pas dans un paradis imaginaire que vous devez chercher le bien-être des hommes; c'est vers la science seule que se tournent toutes les nations qui veulent le progrès et la civilisation.
M. Laurent Bougère. Demandez à M. Berthelot la science de gouverner. (Bruit à l'extrême gauche. )
M. Maurice Allard. Ne croyez pas que j'avance des faits peut-être inexacts, en parlant du conflit de la science et de la religion, Tout le monde connaît la lutte éternelle de la religion contre la science, , ,
M. Marcel Habert. Les plus grands savants sont sortis de l'Église.
M. Maurice Allard. ...... et la résistance que la religion a, en toutes circonstances. opposée au développement des idées scientifiques.
M. Lemire. C'est l'Église qui a sauvé la science au moyen âge.
M. Maurice Allard, Ce n'est pas au moment où la science fait
des progrès gigantesques que nous devons lui retirer la direction des
affaires humaines pour les donner à l'Église. (Applaudissements
à l'extrême gauche.)
Voyez cet illogisme : en subventionnant l'Église,
vous subventionnez des hommes - certes, je serai modéré, je
n'entends attaquer personne et je respecte la liberté de conscience
de chacun, - en subventionnant l'Église....
Un membre à droite. Dites : les Églises,
Vous avez raison, mon cher collègue.
..... "vous subventionnez des hommes qui viennent prêcher dans
leurs temples exactement le contraire de ce que vous enseignez dans vos chaires
officielles, (Interruptions à droite.)
M. le vicomte de Kérouartz. Allez-vous à l'église?
M. Maurice Allard. Alors que vous rémunérez l'instituteur
pour donner aux jeunes générations les premières notions
de la science, en même temps vous payez le prêtre qui du haut
de la chaire détruit petit à petit ce que fait l'instituteur.
(Interruptions et bruit à droite.)
...............
Ces rapports, les voici. De même que, dans l'Église,
vous avez vu un ennemi de la science, de même, en politique,
vous la voyez l'ennemie constante du régime républicain.
Au 24 Mai, au 16 Mai, au moment du boulangisme, dans toutes les circonstances
où la République a été mise en péril,
vous avez vu le clergé apporter son concours aux adversaires
mêmes de la forme républicaine (Très bien. ! très
bien ! à l'extrême gauche .)
Eu 1892, le clergé, obéissant aux paroles
du saint-père et se prétendant rallié à 1a République,
venait, dans une déclaration solennelle, par l'organe même de
ses premiers fonctionnaires, par l'organe des cardinaux, venait, dis-je,
dans un manifeste insolent dire à la République qu'il n'acceptait
ni ses lois scolaires, ni ses lois militaires, ni toutes celles que nous
avons si péniblement faites, (Interruptions à droite.)
M. Lemire. Il n'y a pas d'insolence à dire cela. Il y a bien des lois que, de votre côté vous n'admettez pas.
M. Maurice Allard. Je crois que dans de telles circonstances, l'État
non seulement n'a aucun intérêt à subventionner les Églises
mais que, au contraire, en leur donnant des subsides, la République
ne subventionne que des hommes qui la combattent; vous fournissez bénévolement
des armes à vos ennemis, (Interruptions à droite.)
Je sais qu'on m'objecte, et probablement mon collègue
M. Lemire viendra tout à l'heure discuter cette question à la
tribune. ..
M. Lemire, Le Gouvernement est là, pour faire son devoir. Il
soutiendra le budget des cultes,
M. Maurice Allard. Tout le raisonnement de nos adversaires, des défenseurs du Concordat actuel, tout le raisonnement de ceux qui demandent que les prêtres continuent à être des fonctionnaires ...
M. Lemire. Ils ne demandent pas cela.
M. Maurice Allard .... consiste à dire que la Constituante, en 1790, en reprenant les biens du clergé ....
M. le comte de Lanjuinais. En les confisquant.
M. Maurice Allard. .,. a contracté avec ce clergé
un engagement qui. jusque dans les âges les plus reculé,. forcerait
tous les Gouvernements à verser les mêmes émoluments aux
cultes, comme indemnité,
Or, vous savez tous dans quelles conditions la Constituante
a repris les biens du clergé. Ces biens appartenaient. en somme, à
la nation. C'était l'opinion de M. Édouard de Laboulaye lui-même,
(Très bien! très bien! à l'extrême gauche.)
............
M. Lerolle. On avait proposé à l'Assemblée nationale
de déclarer que les biens du clergé étaient la propriété
de la nation: l'Assemblée refusa de voter cette disposition et elle
prit ce décret : "Les biens du clergé seront mis à la
disposition de la nation à la charge par elle de subvenir au budget
des cultes." (Applaudissements à droite.)
M. Maurice Allard. Nous interprétons le décret de
la Constituante comme il doit. l'être..... (Réclamations à
droite.)
........en disant que la Constituante, quand elle a repris ces biens
et accordé une subvention au clergé, n'a entendu donner aucune Indemnité au clergé qui était non pas exproprié, car il n'était pas propriétaire, mais dépossédé de biens appartenant à la nation. (Exclamations à droite.)
M. Lerolle. L'article 5 de la Constitution de 1791 dit que le payement du clergé est une dette nationale. (Applaudissement à droite.)
M. Maurice Allard. Et d'ailleurs l'eût- elle voulu qu'elle
n'en avait pas le droit et je vais vous le démontrer.
Le clergé, en tant que corporation, n'a jamaIs constitué
une personne morale susceptible d'acquérir, d'hériter. Et à
quel titre le clergé de nos jours viendrait-il revendIquer l'héritage
du clergé de 1790 ? Je ne sache pas que Mgr Un Tel soit le fils, le
petit-fils ou l'arrière-petit-fils, le neveu ou le cousin des archevêques
précédents, des membres du clergé de cette époque.
(Rire, à gauche.)
Mais, je vais vous donner la preuve que la Constituante
n'a jamais eu l'intention qu'on lui a prêtée dans les milieux
attachés à l'Église.
Cette preuve, c'est que, quelques mois plus tard, le 24
août 1790, alors qu'elle instituait la constitution civile du clergé,
dans le décret qui la consacrait, la Constituante donnait aux prêtres
un traitement comme fonctionnaires, à raison de leurs seules fonctions,
se gardant bien de dire en aucune façon - ce qui aurait été
de circonstance - que ces traitements étaient donnés comme
une indemnité des biens rendus à la nation.
J'en trouve encore d'autres preuves dans les légIslations
qui ont suivi celle de la Constituante. J'en trouve une, notamment, dans la
légIslation de l'an III, qui proclama la séparation complète
de l'Église et des cultes; car à partir de l'an III le clergé
ne fut plus salarié.
A cette époque, le Gouvernement, sachant bien que
la Constituante n'avait jamais eu les Intentions que vous lui prêtez,
n'a pas soulevé les difficultés qu'on soulève aujourd'hui
au sujet de la suppression des émoluments accordés aux prêtres.
De l'an III Jusqu'au Concordat, la liberté des cultes exista en France
à la satisfaction de tous, et surtout des républicains ; car
l'Église alors, abandonnée à elle-même, était
tombée pour ainsi dire dans un marasme presque complet. (Applaudissements
à l'extrême gauche.)
M. Lemire. Donnez-nous la liberté d'association, et vous verrez !
M. Maurice Allard. Et c'est précisément parce que l'Église, abandonnée à elle- même, ne participait plus au prestige du pouvoir et ne touchait plus les salaires qu'on lui servait autrefois, qu'elle était presque sans vie.
M. Savart de Beauregard. On l'avait guillotinée. (Bruit.)
M. Maurice Allard. Quand, en 1801, le Gouvernement fit des avances au saint-père, le pape accepta que l'Église fût humiliée dans le Concordat et acquiesça aux offres du Gouvernement parce qu'il comprenait que l'Église ne pouvait pas vivre plus longtemps sans l'appui du Gouvernement. Elle serait morte dans son isolement. Une autre preuve qu'il ne s'agit pas d'indemnité accordée au clergé, c'est que, s'il s'agissait d'une indemnité, elle ne figurerait pas au budget des cultes, mais biens à la dette publique.
M. Lemire. C'est là sa place; elle devrait y être.
M. Maurice Allard. Jamais, même sous la Restauration, les sommes allouées au clergé n'y ont figuré. Elles figurent au. budget des cuItes, que nous discutons tous les ans. Cela veut dire que nous avons le droit de les supprimer comme nous avons celui de. supprimer le traitement de n'importe quel fonctionnaire (Applaudissements à gauche); car les prêtres tiennent leur existence comme fonctionnaires du Concordat seul.
M. Savary de Beauregard. Ce ne sont pas des fonctionnaires!
M. Maurice Allard. Le Concordat leur reconnaît cette qualité
de fonctionnaires par toutes les obligations auxquelles elles soumet, par
l'obligation du serment, par le traitement même qu'il leur sert. Dans
les articles organiques qui sont le complément du Concordat et qui
constituent une sorte de règlement d'administration publique qui vient
expliquer et commenter le Concordat, nous voyons à l'article 70 que
les prêtres qui cesseraient de remplir leurs fonctions seraient privés
de leurs appointements. Le caractère de fonctionnaires leur appartient
donc. Les émoluments que nous leur servons chaque année sont
de même nature que ceux que nous servons aux préfets et sous-préfets.
Avons-nous intérêt à continuer à
servir ces émoluments ?. Je ne le crois pas. Je ne saurais considérer
l'Église, en effet, comme je l'ai déjà dit, que comme
une ennemie non seulement de la science, mais encore du régime républicain.
Il y a des économies qu'on doit faire comme le
rappelait M. Gayraud dans la discussion générale du budget.
Je crois donc que vous saisirez cette occasion de faire une économie
qui est justifiée avant tout par une cause morale,
Je sais bien que parmi nous il en est qui, dégagés
de toute espèce de préjugés religieux aussi bien que
moi-même, croient nécessaire de continuer à faire vivre
une religion parce que, comme le disait le général du Monde
où l'on s'ennuie, " il est besoin d'une religion pour le peuple
", Ceux-là voient dans la religion un frein; ils savent quel est l'effet
de la pratique constante de la religion catholique et de toutes les religions,
qui est d'abaisser les caractères, (Applaudissements à l'extrême
gauche et sur divers bancs à gauche. - Vives réclamations à
droite.)
.....
M. le président. Monsieur Allard, vous savez que
toutes les opinions peuvent être apportées à cette tribune;
je vous prie cependant de faire en sorte de ne pas froisser la conscience
de vos collègues. (Très bien ! très bien !
- Bruit à droite.)
....
M. Maurice Allard. Je l'ai dit au début : mon intention n'est
pas de blesser qui que ce soit, et je suis, plus que quiconque, respectueux
de la liberté de conscience. Libre à chacun d'avoir les convictions
qui lui font plaisir. Si j'ai dit : abaisser les caractères, c'est
une expression inexacte. Je retire loyalement le mot ; je n'ai pas voulu dire:
abaisser les caractères au point de vue où vous l'entendez ;
j'ai voulu parler d'une sorte d'affaissement de la volonté qui rend
l'homme plus mou et moins déterminé devant les circonstances
économiques de la vie, dans 1a lutte pour l'existence; qui lui fait
oublier la recherche, de son bien-être quotidien par les moyens humains
pour aller le chercher dans un paradis que nous considérons comme une
chimère. (Interruptions.)
M. Fernand de Ramel. Vous oubliez que la religion catholique a brisé les chaînes des esclaves. (Très bien! très bien! à droite.)
M. Maurice Allard. Je ne veux pu entrer dans une longue discussion au sujet des religions. Si j'avais voulu, je vous aurais montré le rôle véritable du catholicisme depuis ses origines. (Interruptions à droite.) Je l'aurais mis en opposition avec les religions anciennes, et je vous aurais montré que peut-être cette religion n'est pas celle qui représente l'esprit aryen, c'est-à-dire les traditions de nos ancêtres. (Nouvelles interruptions sur les mêmes bancs). Je disais que beaucoup de personnes, dégagées peut-être de ce que nous appelons les préjugés religieux, croyaient qu'il était nécessaire de conserver la religion comme un frein, et cela parce qu'elles pensent que des hommes religieux, que des hommes habitués à accepter d'une divinité supérieure les biens qu'ils sont en droit d'attendre de la société, doivent être moins prompts à réclamer leur part de bien-être sur un autre terrain et à lutter moins vigoureusement pour la conquête de leurs droits dans cette vie même. Ce n'est pas à ces personnes que je m'adresse, mais aux hommes de science et de civilisation; je leur demande de parcourir toute l'histoire de l'Église depuis sa fondation jusqu'à nos jours, de se rendre compte de son œuvre, souvent de haine, anticivilisatrice, basée sur les idées les plus contraires à la raison. (Interruptions à droite. - Très bien ! très bien ! à l'extrême gauche.)
M. Savary de Beauregard. Quels ont donc été les premiers pionniers de la civilisation ?
M. Maurice Allard. Je leur demande, dis-je, de parcourir l'œuvre
des religions de bonne foi, et à ceux-là, aux véritables
républicains, je demande s'il est encore admissible que la République
continue plus longtemps à subventionner ceux qui combattent la science
et ses principes. Je suis sûr que tous les républicains qui n'ont
pas oublié leur programme d'antan seront d'accord avec nous pour voter
la suppression du budget des cultes. Il y a en ce moment une économie
à réaliser; 44 millions, ce n'est pas à dédaigner.
Et je suis certain que vous voterez cette économie, parce que vous
considérerez qu'elle est motivée par des raisons morales comme
celles que je viens d'avoir l'honneur de développer devant vous.
(Applaudissements à l'extrême gauche et sur divers bancs à
gauche.)
.....
M. Camille Pelletan rapporteur
général .... Nous avons allégué un motif
pour justifier le budget que nous apportons. Nous avons dit, en ce qui touche
les réformes administratives, que nous n'avions pas eu le temps
de les étudier, et quand nous l'avons dit, tous les hommes de lionne
foi ont reconnu que nous disions la vérité. (Très
bien! très bien! à gauche.) Mais cette observation ne s'applique
pas à des mesures de prévision telles que la séparation
des Églises et de l'État.
Quand nous avons été on présence des
questions de principes de cette nature, que s'est-il passé dans la
commission du budget?
Exactement ce qui se passe aujourd'hui. Aucun de ceux
d'entre nous qui étaient opposés, soit au maintien des sous-préfets,
soit au maintien des commissaires de police actuels, soit à la suppression
du budget des cultes, n'a abandonné ses opinions au moment du vote;
c'est ainsi que la plupart de ces questions n'ont été tranchées
qu'à une ou deux voix d'écart. ( Vifs applaudissements à
gauche )
M. René Viviani. Il aurait mieux valu soutenir les réductions dans le rapport! (Très bien! très bien ! sur divers bancs,)
M. le rapporteur général. Mon ami, M. Viviani. me
permettra de lui demander depuis quand on fait des rapports pour défendre
les votes de la minorité, ne serait- elle que d'une ou deux voix.
(Très bien ! très bien! à gauche,)
Un membre à droite. Dans ce cas, on n'accepte
pas de faire le rapport.
M. le rapporteur général. ......., je demande à
l'auteur de cette interruption s'il estime que les considérations décisives
à propos du budget de 1899 tel qu'il se présentait pouvaient
être dans cette question particulière d'ordre politique qui
revient devant la Chambre tous les ans.
Oui. c'est à une voix d'écart que la commission
a adopté le budget des cuItes.
M. Joseph Caillaux. Nous n'étions
dans la commission que quatorze modérés contre dix-neuf radicaux
!
...............
M. Camille Pelletan , rapporteur général. Le rapporteur
était de notre avis sur le fond de la question. (Interruptions à
droite.) Et si l'on trouve la chose singulière, je rappellerai
qu'elle n est pas sans précédent; elle se reproduit presque
tous les ans,
Qu'est-ce que cela prouve? Que le parti républicain
est dans une situation si fausse en présence du budget des cultes qu'on
a peine à trouver, pour le défendre, un des républicains
qui le votent.
Je ne veux pas prolonger ces explications. Je voulais simplement
dire à la Chambre qu'aucun de nos amis radicaux de la commission du
budget n'accepte l'accusation d'avoir manqué à aucune de ses
convictions anciennes. On pourra renouveler celle accusation tant qu'on voudra.
Forts de notre conscience et de nos actes, nous serons en mesure de ne pas
la redouter, et nous 1a subirons, sans essayer de représailles qui
pourraient troubler quelquefois l'union établie entre les plus ardents
serviteurs de la démocratie.
J'ajoute que M. le président de la Commission et
moi, qui pouvons nous considérer, d'ordinaire, comme tenus à
ne pas contredire directement par notre vote les décisions de la commission
du budget, quelle que soit notre opinion personnelle, nous pouvons évidemment
revendiquer devant un problème de cette nature le droit de dégager
toute notre conviction; ce n'est pas de notre côté qu'on trouvera
personne pour voter le budget des cultes. (Très bien! très
bien! sur divers bancs à l'extrême gauche et à gauche.
- Exclamations ironiques à droite.)
................
M. Tourgnol, rapporteur. ......
Quant à certains de nos collègues de l'extrême gauche,
je suis très surpris de les entendre me reprocher d'avoir accepté
de rapporter les cultes. L'honorable rapporteur général du
budget vous a fait connaître quelle avait été notre situation,
Quand mes collègues m'ont désigné pour rapporter le
budget des cultes, je n'ai nullement renoncé à mes opinIons
personnelles ni aux promesses que j'ai dites à mes électeurs.
(Mouvements divers.)
A droite. Alors, vous voterez contre votre rapport?
M. le rapporteur. Mes éIecteurs m'ont demandé
dc poserer la question de la séparation des Eglises et de l'Etat.
Je l'ai posée a la commission du budget. Cette proposition a été
repoussée à une voix seulement de majorité.
M. Berton. Alors, il y a de faux bonshommes parmi tes radicaux?
M. le rapporteur. Je ne sais pas s'il y en a dans 1a commission
du budget, mais j'en connais plus d'un (l'orateur désigne la droite)
sur les bancs de ce côté de 1a Chambre. (Mouvements
divers.)
...................
Je suis un partisan sincère et absolu de la
séparation des Églises et de l'État J'ai pour cela plusieurs
raisons, et notamment celles qu'a fait valoir M. Allard. Je suis partisan
de cette séparation, mais je reconnais qu'en l'état actuel
il n'est pas facile de la faire par voie budgétaire. (Interruptions
à l'extrême gauche.)
M. Simyan. Nous ne pouvons cependant 1a faire que comme cela.
M. le rapporteur. Eh bien! nous la ferons comme cela si la Chambre le veut, et moi je la voterai des deux mains.
M. Jourde. En cc qui concerne le budget des cultes, que nous conseillez vous de faire? De voter pour ou de voter contre sa suppression?
M. le rapporteur. Je vous conseille de suivre votre conscience et votre programme, mais je vous conseille aussi de faire une loi sur les associations. (Très bien ! très bien ! sur divers bancs.)
M. Simyan. Nous l'attendons depuis vingt ans!
M. le rapporteur. Quand cette loi sera votée, vous pouvez
être assurés, mes chers collègues, que Ia séparation
des Églises et de l'État sera bien vite faite.
C'est du reste l'opinion d'un homme dont vous ne pouvez
certainement pas suspecter le républicanisme, de M. Goblet, qui a
demandé une loi sur les associations. Notre ami Léon Bourgeois
l'a réclamée également. (Bruit,)
Les dernières élections. d'ailleurs,
nous ont donné une indication dont personne ne saurait méconnaître
la portée.
A la dernière consultation du suffrage universel,
la question de la séparation des Églises et de l'État
a fait un grand pas. (Dénégations sur divers bancs. - Interruptions
à droite.)
..........
M. le rapporteur. [à
propos du montant des biens de mainmorte. ] ..... Je suis
au-dessous de la vérité parce que les sommes énormes
que vous dépensez, que les jésuites et les cléricaux
dépensent pour faire la guerre à la République, indiquent
que vous avez des ressources bien plus puissantes encore que celles que nous
connaissons. (Très bien! très bien! à
l'extrême gauche.)
.............
Si l'État recouvrait cette fortune dont il est
le propriétaire légitime et unique, il y aurait là de
quoi payer, sur les revenus, la moitié du budget de la guerre; il
y aurait de quoi, si on le préférait, diminuer les impôts
de 300 millions au moins, ou encore assurer aux instituteurs le traitement
minimum de 1,800 fr. que nous réclamons pour eux.
Je demande aussi à M. le ministre de ramener le
clergé à l'obéIssance complète le la loi en ce
qui concerne la comptabilité des fabriques.. (Très bien
! très bien! à gauche. )