Janvier : dissolution de la congrégation des assomptionnistes, actifs contre Dreyfus et propriétaires du journal la Croix.
Chambre des députés
23 novembre 1900
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M. le président. Nous passons au budget des cultes
     Je donne la parole à M. Zévaès, signataire d’un amendement tendant à la suppression des chapitre 1 à 24, constituant le budget des cultes.
     Cet amendement est signé de MM. Alexandre Zévaès, Allard, bénézach, Jules-Louis Breton (Cher), Antide Boyer, Dufour (Indre), Ferroull, Vaillant, Chauvière, Dejeante, Groussier, Marcel sembat, Létang, Legitimus, Sauvanet, René Viviani, Fournière, Rouanet, Devèze, Pastre, Colliard, Krauss, Narbonne, Charles-Gras, Palix, Labussière, Ferrero, Carnaud, cadenas, Clovis Hugues, Lassalle, Albert-Poulain et Coutant.

M. Alexandre Zévaès.Fidèles à la tradition du parti socialiste et nous le dire, à la tradition de toute la démocratie républicaine, nous venons, au nom du groupe socialiste , demander à la Chambre de se prononcer pour la suppression du budget des cultes, c’est à dire pour untel des réformes depuis longtemps inscrites dans le programme commun à toutes les fractions du parti républicain. (Très bien ! très bien ! à l’extrême gauche.)
     Nous ne croyons pas utile de rappeler ici tous les arguments d’ordre philosophique ou politique qui militent en faveur d’une solution depuis si longtemps promise, mais toujours ajournée.  La discussion est épuisée ; les arguments ont été surabondamment produits depuis vingt ans, et la question, comme on l’a dit, est mûre aujourd’hui. (Très bien ! Très bien ! À l’extrême gauche.)
     Mais il nous paraît que la question revêt aujourd’hui un caractère plus urgent qu’autrefois, en raison des agissements cléricaux qui se sont produits depuis ces deux dernières années, que le Gouvernement lui-même a reconnus et dénoncés et qui ont forcé tous les républicains à ouvrir l’œil.
     Le Gouvernement a si bien reconnu l’existence d’un danger clérical qu’il a dû prendre l’initiative d’un projet de loi sur les associations, et nous espérons que cette discussion depuis si longtemps attendue, va commencer prochainement. . (Très bien ! très bien ! à l’extrême gauche.)
     Mais ce serait une œuvre singulièrement incomplète celle qui consisterait à combattre exclusivement les congrégations et qui maintiendrait dans ses privilèges, entretenu par le budget de la République elle-même, le clergé séculier. (Applaudissements sur les mêmes bancs.)
     Nous ne devons pas, et le Gouvernement qui se dit et veut être  un gouvernement à la fois de défense et d’action républicaine, ne doit pas fournir des armes  aux prédicateurs de l’armée noire, à ceux qui s e servent des chaires de leur églises et de leurs chapelles pour critiquer les institutions républicaines. (Très bien ! Très bien ! sur les mêmes bancs.)
     Si vous voulez vraiment frapper le cléricalisme, comme vous le dites et comme vous le commande l’œuvre de la défense républicaine…..
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…… à laquelle vous prétendez vous consacrer, il n’est qu’un moyen sérieux, efficace : c’est de frapper le clergé à la caisse. (Applaudissements à l’extrême gauche. - Interruptions à droite.)
 C’est avec le milliard des congrégations, c’est avec les 60 millions votés chaque année par les chambres pour le budget des cultes, que le cléricalisme mène sa campagne incessante contre les institutions laïques et démocratiques. Il s’agit donc de poursuivre l’ennemi jusque ans son retranchement, d’une part par la nationalisation des biens de mainmorte que nous vous demanderons ultérieurement, et d’autre part par la suppression du budget des cultes, que nous vous demandons aujourd’hui et sur laquelle nous invitons la majorité républicaine de cette Chambre à se prononcer dès maintenant. (Applaudissements à l’extrême gauche.)
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M. le président du conseil, ministre de l’intérieur et des cultes. L’honorable M. Zévaès propose à la Chambre, purement et simplement, la suppression du budget des cultes. Je lui répondrai ce qui a été maintes fois répondu par mes prédécesseurs, que ce n’est pas là une solution, et que personne n’a jamais admis qu’on pût faire disparaître l’organisation actuelle qui garantit l’exercice des cultes sans lui substituer autre chose. (Très bien ! Très bien !)
     Il a été également dit maintes fois à cette tribune que cette question ne pouvait pas être envisagée aussi longtemps que le problème des associations n’aurait pas été résolu. Le Gouvernement a fait tous ses efforts pour mettre la Chambre en mesure de voter une loi sur les associations, loi qu’il considère comme capitale. Il considère, en effet, que cette loi est une mesure urgente, une réforme qui s’impose et que seule, elle peut être le préliminaire d’une délibération portant aux autres questions.
     Que conviendra-t-il de faire ? Quelle organisation imaginer ? Ce sont là, messieurs, des questions sur lesquelles chaque homme politique peut librement exprimer son opinion ; mais le devoir du Gouvernement est, non pas d’exprimer des opinions, mais d’apporter des solutions, et il ne doit ouvrir une question qu’autant qu’il est prêt à la résoudre. (Très bien ! Très bien !)
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M. Alexandre Zévaès.  M. le président du conseil vient de déclarer que la question du budget des cultes ne pourrait être utilement examiné qu’après la discussion du projet de loi sur les associations.

M. Suchetet. Contre les associations

M. Alexandre Zévaès.  Contre les associations et congrégations religieuses, si vous voulez ; nous acceptons volontiers la formule. (Très bien ! très bien ! à l’extrême gauche. Applaudissements ironiques à droite), et si telle est la pensée du Gouvernement, nous n’hésitons pas à déclarer que telle est l’opinion du parti socialiste, dont je suis en ce moment  le représentant à cette tribune.
     Mais puisque M. le président du conseil estime que la question du budget des cultes ne saurait être sérieusement discutée qu’après la question des associations, nous demandons à la Chambre que ce budget soit réservé. ( Très bien ! Très bien ! À l’extrême gauche)

M. le président du conseil,  ministre de l’intérieur et des cultes. Je n’ai pas besoin de dire que le Gouvernement repousse formellement la motion de l’honorable M. Zévaès.
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