Chambre des députés
24 novembre 1878
M. Bourgeois. Elle n'est pas certaine!
M. de La Bassetière. Donc, vous cornprendrez, messieurs,
que les catholiques, ne sachant pas à quelles extrémités
vous emporteront les principes que vous n'avez pas eu le courage de repousser
dès l'abord, ou, au-contraire, quelles limites vous imposera la
crainte de vous heurter, - comme cela. est arrivé dans un pays voisin,
- de vous heurter au sentiment public, à cet instinct de droiture,
de justice, d'honnêteté qui subsiste encore, même dans
les âmes qui ne partagent plus nos croyance!. .. (Vif assentiment
à droite.) vous comprendrez, dis-je, messieurs, que les catholiques
se réservent et attendent, calmes mais résolus, le terrain
d'exclusion et de lutte ou bien de transaction et d'accord sur lequel il
vous plaira ultérieurement de les appeler.
J'espère, messieurs, que c'est ce dernier
terrain que vous choisirez ; j'espère que, revenus d'un premier
emportement qui, chez certaines natures et dans certaines conditions morales
et poli tiques, les emportent quelquefois nu delà du but qu'elles
poursuivent, j'espère que vous reconnaîtrez, comme je crois
vous l'avoir suffisamment démontré l'année dernière,
que tout gouvernement, républicain ou monarchique, ne saurait, sans
péril, méconnaître les véritables conditions
de l'ordre et de la stabilité en première ligne desquelles
je mets et vous mettrez comme moi, messieurs, la satisfaction donnée
aux intérêts légitimes et supérieurs de l'âme
et de la religion. (Très bien! très bien ! à droite.)
Mais si cette espérance était
trompée, si ces plans d'ostracisme et d'exclusion à l'égard
de l'Église et de ses institutions venaient à se réaliser,
alors, messieurs, si peu que vous nous ayez laissés sur ces bancs,
grâce aux invalidations, à l'ostracisme dont nous avons été
victimes... (Très bien ! très bien! à droite),
.si peu nombreux que vous nous ayez laissés sur ces bancs, si inégaux
que nous soyons restés à la tâche
, ce jour-là, sachez-le bien, messieurs, vous nous retrouverez,
derniers mais fidèles témoins de la France catholique dans
cette enceinte, suppléant à l'insuffisance
du nombre par la conscience de notre droit, à la faiblesse des
moyens par la grandeur de la cause, et, en même temps, je tiens à
l'affirmer ici, avant de descendre de cette tribune, pleins de confiance,
après la protection de Dieu. .. (Très bien ! très
bien ! à droite. Exclamations à gauche et au centre.)
Sommes-nous donc déjà arrivés,
messieurs, à cette époque de pression morale où le
nom de Dieu ne puisse plus être prononcé à cette tribune
!
Vous nous retrouverez pleins de confiance, dis-je,
après la protection de Dieu, dans la fidélité et la
puissance de traditions séculaires, et, pour tout dire en un mot,
dans ce sentiment chrétien dont ne peut se séparer, même
après quatre-vingts ans de révolution, l'âme de la
France ; dans ce sentiment, vous le savez aussi bien que moi, qui, chez
un peuple essentiellement chevaleresque et généreux, se réveillerait
plus sympathique et plus fier sous la persécution. (Applaudissements
à droite)
M. le président. Je mets aux voix le chapitre1er :
"Personnel des bureaux des cultes, 243.400
francs. "
(Le chapitre 1er est mis aux voix et adopté.)
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